Bientôt ou déjà parents, on vous accompagne !

Inventer un prénom pour son enfant, vous en pensez quoi ?

Publié le par Katrin Acou-Bouaziz

Les officiers d’État civil enregistrent de plus en plus de prénoms farfelus. Parmi eux, les prénoms inventés de toutes pièces par les parents. Bonne ou mauvaise idée pour nos enfants ? Notre journaliste Katrin Acou-Bouaziz a fait le point sur le plateau de "La Maison des Maternelles" (France 2)…

Sur le plateau de “La Maison des Maternelles” (France 2), notre journaliste Katrin Acou-Bouaziz a débattu des prénoms inventés

Comment les parents s’y prennent ?

Comme ils le souhaitent ! Il y a d’abord les parents qui font fusionner deux prénoms qu’ils aiment (pratique quand on ne parvient pas à se mettre d’accord !). Cela donne des Timoléon, Méloé, Benjapeul, Gabryélène, Jennyfaël… 

Il y a aussi la team « on change une ou plusieurs lettres dans un prénom classique ». Exemples : Elodjie, Thymothé, Loukka… Beaucoup de parents aiment alors ajouter des j, des h, des z et des K, lettres tendances par excellence !  Ou découper des prénoms simples en prénoms composés comme Kill-Yann, Zac-Harry et Jean-Clode.

Parfois les parents inventent des prénoms en empruntant des noms de lieux, de personnalités, en rapport avec leur histoire ou leur culture… Et ça peut parfois prêter à sourire : Alkapone, Jésunette ou encore Retcharles ont été enregistrés ! Même les stars craquent pour des trucs complètement fous : « North West » est la fille de Kim Kardashian et Kanye West, tandis que celle d’André Courrèges se prénomme « Clafoutis », pour n’en citer que deux...

« Le prénom de l’enfant est alors pris dans une histoire, un contexte plus large. Le fond de la démarche n’est pas nouveau. On a longtemps donné des prénoms liés aux lieux importants, aux parrains-marraines du bébé », explique Baptiste Coulmont, sociologue et auteur de « Sociologie des prénoms » (1)

C’est sans compter la vague de prénoms inventés sur le mode gaga « Jetaime », « Leon-Mignon » et autres « Kissmy »..

Pourquoi ces envies de prénoms bizarres ?

D’après le sociologue, deux facteurs expliquent la diversité accrue des prénoms en France. « D’une part la loi de 1993 a largement assoupli les règles en matière de prénoms et permet aux parents de faire preuve d’originalité. D’autre part, les migrations augmentent l’éventail des possibles et des orthographes, ce qui rend d’ailleurs difficile l’identification de prénoms  purement « inventés » ».  Enfin, le prénom qui était autrefois réservé au cadre intime s’utilise aujourd’hui plus que le nom (dans la vie sociale et professionnelle) et a donc besoin d’être original si l’on veut se singulariser de son voisin !  Résultat, aujourd’hui en France, il y a plus de 10 000 prénoms portés, soit presque 10 fois plus qu’il y a 100 ans. Et une part croissante de prénoms rares (c’est-à-dire portés par moins de 6 autres bébés dans la même année !)

Que dit la loi du 8 janvier 1993 ?

Toutes les inventions sont permises (avec l’alphabet romain). L’officier d’état civil n’a pas son mot à dire. Un garde-fou : le prénom ne doit pas porter préjudice à un tiers ou à l’enfant (rien de ridicule ou grossier), sinon il en avertirait le procureur de la République, qui en avertirait le juge des affaires familiales, à qui reviendra la décision de refus (comme ce fut le cas pour Nutella ou Titeuf !). Si les parents ne choisissent pas un autre prénom, le juge s’en chargera ! Pour info, sont refusés les noms de famille célèbres, les prénoms semblables au nom de famille du parent (Martin Martin).

Quelles conséquences pour l’enfant ?

Outre l’originalité et le style obtenus lorsque l’enfant donnera son prénom à l’école, on peut se poser la question de l’impact sur la vie de l’enfant… Anne-Laure Sellier, professeur en psychologie sociale et auteure de la « Science des prénoms » (2)  met en garde contre une façon de se singulariser à tout prix parfois au détriment du bien-être de sa progéniture ! Qui au mieux devra passer des heures à épeler son prénom chelou, au pire souffrira de moqueries toute sa vie ! Ou laissera peut-être ses interlocuteurs sans voix si l’effet de mode escompté est passée (personnalité devenue inconnue par exemple !)

Bref, mieux vaut bien réfléchir avant de choisir et pourquoi pas tester l’effet du prénom inventé en en parlant à quelques proches avant la naissance...

Au pire du pire, un parent peut faire une demande de changement de prénoms assez facilement et l’enfant le pourra aussi dès sa majorité…

12 % de parents sont pour inventer un prénom ou l’ont même déjà fait !

(Sondage réalisé en mars 2023 sur le compte Instagram de Parents.)

Retrouvez La Maison des Maternelles, du lundi au vendredi, à 9 h 25 sur France 2 et france.tv

 

Depuis longtemps, j’avais en tête que si j’avais un garçon je l’appellerai comme mon grand-père paternel : Simon. Mais le moment venu, j’y ai ren...
Lire plus
Donnez votre avis