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Bébé : choisir son prénom avec la psychogénéalogie

Publié par Élisabeth de la Morandière  |  Mis à jour le par Marion Bellal

Qu’est-ce que la psychogénéalogie ? En quoi notre histoire familiale peut-elle nous influencer quand nous choisissons le prénom de notre enfant ? Et que révèle notre propre prénom sur la vie de nos ancêtres? Les explications de Constance Lanxade, experte en psychogénéalogie.

 

Avec : Constance Lanxade, psychothérapeute et analyste transgénérationnelle

Madeleine, Olympe, Gabriel, Rose… Notre enfant est unique : son prénom doit l’être aussi ! La psychogénéalogie est une aide précieuse pour réfléchir à celui que l’on va donner à son bébé et nous en révéler le sens... en toute conscience ! Parents a interviewé Constance Lanxade, psychothérapeute et analyste transgénérationnelle, qui nous éclaire sur les mécanismes inconscients qui traversent nos vies familiales, jusque dans le choix des prénoms de nos enfants.

Parents : Qu’est-ce que la psychogénéalogie ?

Constance Lanxade : La psychogénéalogie observe les influences des transmissions familiales à travers les générations. Certains traumatismes de nos ancêtres (secrets sur des hontes, deuil périnatal, héritages, mort accidentelle, avortement…) ont des conséquences dans le présent de nos vies et peuvent empoisonner encore certaines familles aujourd’hui.

En étudiant la structure des liens entre les individus d’un même clan, cette pratique thérapeutique cherche à comprendre les mécanismes inconscients (identifications, croyances, loyautés invisibles…) qui agissent dans les systèmes familiaux, de génération en génération. L’objectif est de remettre en cohérence l’histoire familiale, de trouver des résolutions aux problématiques personnelles.

Prénom : comment ne pas pourrir la vie de nos enfants ?

Pourquoi associer la psychogénéalogie au choix du prénom ?

C.L. : Il y a tout un champ inconscient qui préside au choix du prénom. C’est au travers des prénoms que l’on peut lire l’histoire, parfois cachée, d’une famille, et les parents ne connaissent pas les enjeux pouvant découler du prénom qu’ils choisissent et qui existe peut-être dans leur famille depuis des générations. Quelle a été la vie de cette personne qui a porté ce prénom, son caractère, comment est-elle morte ? Savoir ce qui se cache derrière le prénom envisagé peut aider à mettre à jour des problèmes familiaux toxiques et éviter ainsi au futur bébé d’être le porteur d’un “programme” qu’il se sentira inconsciemment tenu de remplir.

C’est au travers des prénoms que l’on peut lire l’histoire, parfois cachée, d'une famille.

Ce “programme” peut être aussi de porter le prénom d’une ex-fiancée du père, au risque d’enfermer la fille dans un complexe œdipien et de provoquer une rivalité avec la mère… Mais il peut aussi s’agir du souhait de faire revivre, à travers ce prénom, une personne dont le deuil a été difficile pour l’entourage, comme la mort accidentelle d’un nouveau-né. Cependant, l’hommage rendu peut être préjudiciable pour l’enfant qui porte ce prénom car cela risque de le remettre dans les traces d’un enfant qui manque au système. Où est sa vraie place, alors ? Son identité pourrait s’en trouver troublée.

Il faut toujours expliquer à son enfant pourquoi on a choisi ce prénom pour lui

Dans tous les cas, transmettre à son enfant le récit de son empreinte de naissance et du choix qu’on a fait pour lui, en conscience, est capital pour la construction de son identité. Si le prénom choisi est celui d’un ancêtre qui a eu un destin tragique, il faudra simplement expliquer à l’enfant que l’attribution de son prénom est un don, et non un prêt, et qu’il peut en faire ce que bon lui semble ! Lui seul est à l’origine de son propre destin, son histoire lui appartient pleinement.

Comment décoder le prénom choisi pour bébé avec la psychogénéalogie ?

C.L : On commence par consulter son arbre généalogique, qui regorge d’évènements : divorce, mariage, naissance, décès… On vérifie si le prénom qui nous plaît a déjà été porté dans la famille. Si c’est le cas, on peut enquêter sur la vie de cette personne (ou ces personnes) auprès de ses parents… en recherchant des détails personnels.

On cherche l’étymologie du prénom. Dans le choix d’un prénom, on demande à l’enfant d’être le porte-étendard de valeurs qui font potentiellement défaut à la famille, mais aussi de ce que l’on espère pour lui. Souvent, c’est dans le sens du prénom que l’on trouve la réponse.

On parle la langue des oiseaux. Cette pratique permet à l’inconscient de décrypter l’information familiale et des messages transmis de manière codée. L’objectif est de jouer avec les mots et de trouver quelles images renvoient les sons lorsqu’on les prononce. Y a-t-il un double sens ? Par exemple, le prénom Marie est l’anagramme du verbe “aimer”. Y aurait-il eu des problèmes d’amour ou de mariage dans les générations précédentes, de femmes abandonnées et d’enfants non reconnus par leur père ? En inversant les deux syllabes, François donne “sois franc”… On retiendra aussi des homophonies (jeu de sonorités) : “S’il vit” pour Sylvie, est-ce une volonté familiale de rappeler l’absent ? Sylvie devra-t-elle se battre dans la vie pour avoir sa vraie place ?

Fascinant, non ?

Il faut toujours expliquer à son enfant pourquoi on a choisi ce prénom pour lui.  Camille Lanxade

Et notre propre prénom, que dit-il sur la vie de nos ancêtres ?

Héloïse

Héloïse a 35 ans. Malgré son désir de rencontrer l’âme sœur, ne l’a pas encore trouvée. En élaborant son arbre généalogique, elle constate qu’elle porte le prénom d’une arrière-grand-tante célibataire, et comprend qu’elle s’est identifiée à ce destin sans le savoir. Mais le désir inconscient du système familial était probablement de redonner une chance à la jeune Héloïse de se marier…

Raphaël ou Raphaëlle

C’est un archange dont le prénom signifie “Dieu soigne”. On peut se demander “Que veut-on soigner en donnant le prénom Raphaël, ou Raphaëlle, à un enfant ?” Celui qui le portera sentira peut-être le poids de cette mission inconsciente, transmise de génération en génération.

Clément

Clément signifie “bonté, miséricorde ou indulgence”. Cela interroge sur la clé d’un mensonge ou d’une faute qui pèseraient sur les descendants et auraient besoin d’être pardonnés. On mène alors son enquête en consultant des ouvrages sur les prénoms.

Quels sont vos conseils pour bien choisir le prénom de notre futur bébé ?

C.L. : Je conseille souvent aux parents de se laisser des portes ouvertes, de choisir plusieurs prénoms, puis de faire son choix final en voyant le visage de leur nourrisson. On peut même, grâce à l'haptonomie, en lisant les vibrations du fœtus, lui demander son avis. N'oubliez pas aussi, lorsque vous êtes enceinte, d'être attentive à vos rêves : si vous avez rêvé d'un prénom, c'est un excellent signe ! 

On évite en revanche de laisser les futurs grands frères ou futures grandes sœurs choisir : le choix du prénom d'un nourrisson appartient aux parents et les engage dans leur parentalité. Parmi les écueils incontournables, on ne donne pas à un nouveau-né le prénom d'un enfant décédé, ni d'un aïeul décédé. On s'abstient par ailleurs de nommer nos enfants avec un fonctionnement en liste (par ordre alphabétique, avec la même sonorité de départ...) : cela peut autant les souder que les enfermer dans des relations trop fusionnelles.

Un prénom, le choix d’une vie. La psychogénéalogie pour vous aider à faire un choix, de Constance Lanxade et Elena Bizzoto, éd. Horay, 14,90 €.

En vidéo : Bébé : choisir son prénom avec la psychogénéalogie

Propos recueillis par Élisabeth de la Morandière.