Néophobie alimentaire : quand bébé refuse des aliments

Publié par Caroline Feufeu  |  Mis à jour le par Barbara Benattasse

En collaboration avec Céline de Sousa (Cheffe et consultante culinaire) et Dr Florence Guillem-Solsona (Médecin nutritionniste)

Votre enfant refuse les aliments qu’il ne connaît pas ? Pas de panique ! Cette phase, appelée néophobie alimentaire, est très courante chez les enfants âgés de 18 mois à 6 ans. On fait le point pour dédramatiser et pour y remédier en douceur.

 

77 % des enfants traversent une période de néophobie alimentaire, dont le pic se situe en moyenne entre 18 mois et 3 ans. Ce refus de manger de nouveaux aliments, voire même des aliments que votre enfant appréciant auparavant, est donc très fréquent, même s’il nous oblige à faire preuve de patience.

Qu’est-ce que la néophobie alimentaire ?

La néophobie correspond à la peur de ce qui est nouveau. Dans le domaine de l’alimentation, c’est le fait pour un enfant d’être effrayé par tous les aliments qu’il ne connaît pas. En conséquence, il va les rejeter en bloc et refuser de les manger. Il suffit pour cela qu’on lui propose un aliment présenté différemment de d’habitude pour qu’il ne veuille plus y toucher.

Attention toutefois de ne pas confondre caprice à table (chantage, prise de pouvoir sur le parent), généralement pas avant l’âge de trois ans, et néophobie alimentaire où l’enfant a vraiment peur de ce qui se trouve dans son assiette. « Il est très important de ne pas interpréter la néophobie alimentaire comme un caprice mais comme une façon de s’affirmer, de s’approprier le « non » de ses parents qu’il entend de plus en plus depuis qu’il a appris à marcher », explique Céline de Sousa, cheffe culinaire et consultante en alimentation infantile.

La néophobie alimentaire : à quel âge cela peut se passer chez le bébé ?

La période de néophobie alimentaire se situe entre 18 mois et 6 ans. Le pic est aux alentours de 18 mois et 3 ans et coïncide avec la phase d’opposition ou « âge du non ». Elle touche 77 % des enfants âgés de 2 à 6 ans, et est donc courante et normale.

Les signes de la néophobie alimentaire : pourquoi mon enfant refuse de manger ? Quelles sont les causes ?

Du jour au lendemain, l’enfant refuse quasiment tout ce qu’on lui propose. « Il arrive parfois que cette néophobie s’étende à d’autres domaines », explique la docteur Solsona, médecin nutritionniste spécialisée dans l’alimentation infantile. Par exemple, le tout-petit veut toujours la même histoire le soir et refuse toutes les autres. Finalement, tout ce qui est nouveau est mal accepté.

Parmi les comportements caractéristiques de la néophobie alimentaire on retrouve :

  • le fait de refuser d’ouvrir la bouche face à des aliments ;
  • le fait de tourner la tête dès qu’un adulte tend un aliment ;
  • le fait de refuser tout aliment sans même l’avoir goûté ;
  • le fait de ne pas supporter que les aliments soient mélangés ;
  • le fait de recracher les aliments, voire de les vomir ;
  • le fait de faire durer inlassablement les repas en touchant les aliments avec les couverts mais sans les manger ;

Faire preuve de psychologie

En général, la néophobie alimentaire dure quelques semaines, voire quelques mois. Mais cela dépend en réalité en grande partie des adultes présents lors du repas des enfants. Pour le Dr Florence Solsona, médecin nutritionniste, plus ils sont calmes et neutres, plus la néophobie alimentaire passe rapidement.

Il peut toutefois arriver qu’elle dure plusieurs années, mais c’est heureusement beaucoup plus rare. C’est parfois le cas lorsque les enfants remarquent que leurs refus alimentaires leur donnent un certain pouvoir sur leurs parents, d’après la médecin nutritionniste.

Comment lutter contre la néophobie alimentaire ?

En premier lieu, « lorsque l’enfant refuse de toucher à l’aliment, on ne le gronde pas », préconise le Dr Florence Solsona. Il a avant tout besoin d’être rassuré. Il faut lui dire que c’est bon et lui montrer qu’on en mange aussi. S’il ne veut toujours pas goûter, on continue le repas comme si de rien n’était.

L’enfant a quand même le droit à un dessert (compote ou fruit) car il ne doit pas se sentir puni. « C’est l’équilibre du repas de l’enfant qui doit primer, il faut qu’il mange quand même un peu !, insiste Céline de Sousa. Si notre enfant refuse de manger le plat, on n’en cuisine pas un autre, mais on ne le prive pas de laitage et de fruit ».

On évite également tout chantage du style : « Si tu manges, tu auras le droit à une mousse au chocolat ». On peut également raconter à son enfant des anecdotes, lui dire que l’on est aussi passé par là. Au final, il est important que le repas se déroule le plus sereinement possible.

Des solutions pour inciter son enfant à manger

Une autre possibilité de lutter contre ce trouble alimentaire est de disposer tous les aliments qui composeront le repas, de l’entrée au dessert, sur la table. « On explique à notre enfant qu’il n’y a que ça à manger et ainsi il visualise bien ce qu’il aura s’il refuse de manger quelque chose et il peut faire des mélanges : peu importe qu’il trempe ses haricots verts dans son laitage au chocolat après tout ! », rassure la cheffe spécialiste de l’alimentation infantile.

Par ailleurs, quand l’aliment arrive dans l’assiette, il doit être connu de l’enfant. Pour cela, il est important d’impliquer son tout-petit car plus il sera au contact des aliments en amont, plus la phase de néophobie alimentaire se réglera rapidement. On peut ainsi faire les courses avec lui et le faire participer à l’élaboration du repas, en lui confiant de petites tâches adaptées à son âge.

Autres possibilités : lui montrer un imagier des aliments ou en créer un avec lui. Enfin, toute la famille (frères et sœurs, parents…) doit manger les mêmes aliments que l’enfant pour donner l’exemple. Le fait de manger ne doit pas être vécu comme une punition mais comme un plaisir.

A partir de quand s’inquiéter et qui consulter en cas de néophobie alimentaire ?

Il est primordial de ne pas se décourager trop vite. « Le maître-mot de cette période est patience ! Le plus important est que notre enfant goûte un peu d’aliments, même s’il ne le mange pas entièrement, c’est déjà une belle victoire », encourage Céline de Sousa. Le Dr Florence Solsona explique à ce sujet qu’il y a « une nette augmentation de l’acceptation d’un aliment quand on le présente 8 ou 9 fois. » À condition toutefois que la présentation de l’aliment soit la même, pour que l’enfant puisse bien le reconnaître.

Dès que la croissance de l’enfant se ralentit ou s’arrête, on consulte notre pédiatre. Avant, dès que nous sommes inquiets en tant que parent, on peut demander conseil à un professionnel de santé, notamment un ou une nutritionniste spécialiste de l’alimentation infantile. Il ou elle pourra les rassurer, leur redonner courage, et parler avec l’enfant. Il faut que les parents se sentent en confiance pour traverser au mieux cette période et savoir accepter que, pendant quelque temps, leur enfant mange peu.

En vidéo : Comment faire manger des fruits à mon enfant ? | Emilie Fumet

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Oui
il y a 2 mois
Une exposition aux écrans avant 3 ans aura un impact sur la santé de l'enfant. Elle entrave le développement cognitif et moteur de l'enfant, voire mêm...
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Photo de profil de Cyliz Crimox
10 points
Non
il y a 2 mois
Encore un peu moins de Liberté! Encore une façon de nous dire comment penser, ce qui est bien ou pas pour nos enfants,par contre interdire les pestici...
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