Bientôt ou déjà parents, on vous accompagne !

Spina-bifida : succès d’une première opération in utéro

Publié le par Candice Satara-Bartko

Un fœtus souffrant d’une malformation congénitale appelée « spina-bifida » a été opéré dans le ventre de sa mère avec succès. C’est la première fois que ce type de chirurgie fœtale est réalisé en France.

C’est une première en France. Un bébé atteint de "spina-bifida" a été opéré in utéro à 5 mois de grossesse par l’équipe de chirurgie fœtale du professeur Jean-Marie Jouannic de l’Hôpital Armand Trousseau, à Paris. L’enfant, né par césarienne à 8 mois de grossesse, ainsi que la maman, sont en parfaite santé a indiqué hier l'Assistance publique des hôpitaux de Paris. « Cette première à l’AP-HP est un grand pas pour les enfants atteints de spina-bifida et leur maman. Elle permet d’ouvrir la voie à une meilleure prise en charge et d’améliorer par la suite le développement moteur et intellectuel de ces enfants » s’est félicité le Pr Jouannic.

Spina-bifida : 1 grossesse sur 1000 concernée

Le spina-bifida correspond à une ouverture anormale de plusieurs vertèbres au niveau du dos du bébé. Il s’agit de la malformation la plus fréquente du système nerveux central concernant en moyenne 1 grossesse sur 1000. Dans plus de 90 % des cas, cette malformation est diagnostiquée avant la naissance par échographie. Elle n’est pas mortelle mais provoque de lourds handicaps moteurs : paralysie des membres inférieurs, anomalie de contrôle des sphincters. De plus, en raison d’une fuite du liquide céphalo-rachidien, le spina-bifida a des conséquences sur le cerveau fœtal et peut ainsi compromettre le développement des acquisitions des enfants. Actuellement, les enfants atteints par cette malformation sont opérés à la naissance et la plupart des femmes enceintes décident d'interrompre leur grossesse lorsqu’elles la découvrent. Jusqu’à aujourd’hui, le spina-bifida ne constituait pas une indication de chirurgie in utéro pour plusieurs raisons. Cette malformation de la colonne vertébrale n’entraîne pas de lésions irréversibles, ni la mort et, peut être en partie corrigée une fois que le bébé est né. La chirurgie fœtale comporte aussi un plus grand risque de prématurité, les chirurgiens l’envisagent donc dans des cas bien précis : syndrome transfuseur-transfusé, hernie diaphragmatique, problème cardiaque.

Moins de handicap avec la chirurgie in utero

Une vaste étude américaine publiée en 2011 par le New england journal of medicine s’est penchée sur le cas précis des enfants atteints par un spina-bifida. Aux Etats-Unis, l’opération in utéro de cette anomalie est couramment pratiquée. Conclusion : le bébé opéré dans le ventre de sa mère a moins de handicap que celui qui a subi une intervention à la naissance, Ces enfants marchaient par exemple beaucoup plus tôt, 42 % à 30 mois contre 21 % au même âge lorsqu’ils sont opérés à la naissance. Cependant, le risque de prématurité est plus élevé. C’est probablement ces résultats qui ont poussé les équipes françaises à tenter la chirurgie prénatale pour le spina-bifida. Le Pr Jouannic confirme ces bons résultats : « Cette réparation permet de stopper la fuite du liquide céphalo-rachidien. Le cerveau étant ainsi protégé, le développement intellectuel des enfants est amélioré.  Mais cette intervention fœtale expose au risque d’accouchement prématuré. Elle impose également la naissance des enfants par césarienne. »