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Spermatozoïdes artificiels : entre doutes scientifiques et problèmes éthiques

Publié le par Elodie-Elsy Moreau

Si, en mai dernier, des chercheurs lyonnais dévoilaient avoir réussi à fabriquer des spermatozoïdes in vitro, cette technique censée révolutionner le traitement de l'infertilité se heurte aux questions éthiques…

Au printemps dernier, des chercheurs lyonnais dévoilaient avoir réussi à fabriquer des spermatozoïdes in vitro à partir de cellules souches testiculaires. Ces scientifiques, qui ont créé la société de biotechnologie Kallistem, espèrent révolutionner le traitement de l'infertilité grâce à cette « première mondiale », comme ils l’indiquent. Ils ont d’ailleurs déposé des brevets et ont soumis une publication scientifique dans une revue spécialisée, afin que la communauté scientifique puisse prendre connaissance de leurs travaux. Ce jeudi, alors qu’ils viennent d’acquérir une nouvelle levée de fonds, les chercheurs de Kallistem ont révélé certains détails de leur technique, et évoqué quelques-unes de leurs expériences, qui n’ont, pour l’heure, pas donné de résultat probant. D’ailleurs, plusieurs experts se montrent sceptiques.
 En fait, Kallistem aurait réussi à obtenir des spermatozoïdes morphologiquement normaux de rat, de singe, puis d'homme. Ces derniers ont été créés à partir de « déchets opératoires ».
 Selon la présidente de Kallistem, « d'ici à cinq ans, deux ou trois centres pilotes pourront proposer cette solution à des patients ». Pour autant, pas sûr qu’un bébé issu de spermatozoïdes « artificiels » voit le jour de sitôt. Les chercheurs devront d'abord tenter de faire naître des ratons pour être certains qu'ils sont normaux et capables de se reproduire eux-mêmes. Par ailleurs, les spermatozoïdes humains créés in vitro seront comparés avec des gamètes masculins naturels, pour s'assurer qu’ils se comportent normalement.
 Enfin, même si tous les obstacles scientifiques sont déjoués, il reste la question de l’éthique. Comment implanter des spermatozoïdes artificiels sans s'être assuré, au préalable, que les embryons obtenus sont normaux ? Rappelons qu’en France, la loi de bioéthique interdit la création d'embryons à des fins de recherche. Pour avancer et trouver des réponses, la société Kallistem pourrait bien être obligée d’effectuer ses travaux dans un pays autorisant ce type d’expériences…

Source : Le Figaro