Childfree : pourquoi les femmes désirent moins avoir d'enfants

Sarah El Haïry réagit à l'étude Parents sur le Childree : "On doit pouvoir garantir cette liberté"

Publié le par Philippe Husson

Sarah El Haïry, ministre déléguée en charge de l'Enfance, la Jeunesse et les Familles, réagit à l'étude de Parents sur les raisons qui poussent les femmes à moins désirer faire des enfants.

Parents a réalisé une étude pour comprendre pourquoi les femmes désirent moins faire d'enfants. Les raisons économiques représentent le frein principal au désir de maternité, suivi par les raisons écologiques. C'est en moyenne à 21 ans que les femmes font le choix de ne pas avoir d'enfant, une décision largement critiquée par leur entourage. Pourtant, pour 65% d'entre elles, il en va de leur responsabilité de ne pas faire d'enfant. Comment comprendre la tendance du Childfree, aujourd'hui beaucoup plus assumée même si elle reste très critiquée, et comment l'accepter ? Sarah El Haïry, ministre déléguée en charge de l'Enfance, la Jeunesse et les Familles, a réagi à notre étude.

Sarah El Haïry réagit à l'étude de Parents

Parents : L’un des principaux enseignements de cette étude est la part grandissante des préoccupations économiques comme frein au désir d’enfant (39% justifient leur choix par le coût de la vie et 34% par le coût d’élever un enfant) alors que les précédentes études évoquaient principalement des enjeux sociétaux et environnementaux. Quelle conclusion tirez-vous de ce constat ?

Sarah El Haïry : Aujourd’hui, ce que je vois, c’est qu’il y a des freins à la naissance et à l’arrivée d’un enfant dans une famille. Mais c’est une liberté de vouloir ou de ne pas pouvoir vouloir faire un enfant. Ma mission, c’est de lever ces freins sans aucun tabou, sans aucune naïveté. Il faut poser la question des coûts financiers, parce que c’est une réalité. Aujourd’hui, il y a l’inflation, mais ce n’est pas que cela. L’arrivée d’un premier enfant, l’arrivée d'un autre enfant, c’est un investissement… Mais le premier des freins, c’est quand même les questions de modalité de garde. Ma mission, c’est de répondre d’abord à ces freins là.

La réalité de la planète, c’est l’effondrement, c’est l'extinction de masse… La planète ne va pas très bien, je comprends qu’il y ait des angoisses, pour la planète, sur la scène internationale, il y a la guerre en Europe. Je crois que l’on peut créer de la confiance en ayant des institutions fortes, une démocratie en bonne santé, une économie souveraine et ce sont des conditions nécessaires à poser pour une société de la confiance, une société où, oui, on a envie d’avoir des enfants. Il y a des freins et on les lèvera, les uns après les autres, avec les parents et l’ensemble des acteurs.

"L’urgence planétaire est réelle, mais elle ne devra pas nous amener à un sacrifice."

Malgré tout, les enjeux environnementaux restent très présents. 65% des femmes interrogées pensent que c’est de leur responsabilité de ne pas avoir d’enfant, un sentiment de plus en plus présent dans la jeune génération qui pense devoir se sacrifier en n’ayant pas d’enfant. Que leur répondre ?

J’ai confiance dans les générations à venir pour avoir les transformations dans nos manières de consommer, en terme de sobriété, de préservation de la planète. Je vois les jeunes que j’ai accompagnés en étant ministre, j’ai 34 ans moi-même, nous ne sommes plus la génération de nos parents, de nos grands-parents, aujourd’hui la science nous dit ce qui fait du mal à la planète, elle nous donne les solutions pour y répondre. J’ai foi en l’avenir. Quand j’étais ministre de la Biodiversité, j’étais moi même enceinte, c’est dire que ma petite fille est arrivée en pleine conscience des enjeux environnementaux. Ces craintes sont légitimes, l’urgence planétaire est réelle, mais elle ne devra pas nous amener à un sacrifice.  

 

Près de la moitié des femmes interrogées ont peur de voir leur carrière professionnelle impactée, comment lutter contre ce phénomène ? Quelles solutions comptez-vous mettre en place ?

Aujourd’hui, la maternité a des conséquences sur les carrières, il ne faut pas être aveugle ou naïf, y a un écart entre les salaires encore très présent entre les hommes et les femmes. C’est une réalité. Par contre, la réalité c’est qu’aujourd’hui notre droit protège, et ce n’est pas un phénomène, c’est de la discrimination et c’est condamné par la loi. Il faut avancer. Cela veut dire aller chercher la responsabilité des entreprises quand elles ne sont pas à la hauteur, ça veut dire accompagner les entreprises les plus engagées sur les questions de parentalité, permettre aussi des évolutions au delà des mentalités de manière très concrète, le retour à l’emploi, la durée du congé, l’adaptation de nos entreprises pour l’arrivée du 1er enfant, mais aussi quand on a en 2 ou 3, l’adoption. L'enjeu c’est que, soit l’entreprise permet la maternité et on est accompagnée, soit elle ne le permet pas et en réalité, ça peut devenir un frein mais ce frein n’est pas légitime, n'est pas excusable, n'est pas explicable, c’est malheureux et il faut lutter contre. 

Même si on pouvait penser que le non-désir d’enfant est plus aujourd’hui plus assumé, il reste mal perçu par la société puisque 52% des femmes interrogées par notre étude disent devoir justifier leur choix et 49% estiment que leur entourage a déjà essayé de leur faire changer d’avis, comment mieux accueillir cette évolution et ne pas pointer du doigt les femmes qui assument ce choix ?

Personne ne doit faire la morale à personne. C'est une liberté. C’est une énorme responsabilité quand on a un enfant, on s’engage pour lui, pour elle. Je ne veux poser aucun discours moralisateur sur le fait d’en avoir ou de ne pas en avoir, d’en avoir 1, 2, 3, 4… Le sujet n’est pas là, la réalité c’est qu’on doit pouvoir garantir cette liberté. Et pour celles qui souhaitent avoir des enfants, permettre de lever le freins, qu’ils soient médicaux, économiques, sociétaux. Je ne serai jamais de celles qui poseront un jugement. Ce qui est certain, c’est que ce jugement existe encore, et il existe même au sein de nos familles, et c’est des évolution de la société qu’il faut accompagner. On peut s’engager auprès d’un enfant sans être le parent biologique. Je pense qu’il faut en réalité regarder le rôle de nos adultes qui posent de l’affection, qui s’engagent dans l’éducation de nos enfants, que ce soit à l’intérieur de la famille, par des formes d’engagement ou autre, mais pas de jugement de moral.

Oui
il y a 1 mois
Il me traumatise, même. Beaucoup de gens ne veulent pas le reconnaître, et pourtant c'est un devoir de le dire. Parce que depuis des décennies, l'é...
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Photo de profil de Clemence T
37 points
Non
il y a 2 mois
Non cela ne me choque pas. Il faut arrêter de jouer les "précieuses ridicules"! C est une expression TRÈS maladroite mais qui exprime très bien son id...
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