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Puberté précoce : gare aux perturbateurs endocriniens pendant la grossesse

Publié le par Hélène Bour

Selon une nouvelle étude scientifique, les petites filles exposées in utero aux substances chimiques néfastes des cosmétiques auraient un plus grand risque de puberté précoce. Détails et conseils pour limiter les risques.

Ça n’est plus un secret pour personne : la pollution, qu’elle soit atmosphérique ou liée aux substances chimiques de notre quotidien, nous expose à un plus grand risque de maladies, notamment au niveau hormonal. Car certaines substances chimiques sont dites ‘perturbateurs endocriniens’ : elles “miment” ou remplacent l’action des hormones naturelles, ce qui a des conséquences sur nos organes, soumis à ces hormones.

Parce que les organes du futur bébé sont encore en formation, la grossesse est une période particulièrement à risque quant à ces substances indésirables.

En témoigne cette nouvelle étude scientifique, menée par l’Université de Californie et publiée dans la revue “Human Reproduction”. Elle rapporte que les jeunes filles exposées aux produits chimiques couramment présents dans les cosmétiques (dentifrice, maquillage, shampooings….) lorsqu’elles étaient dans le ventre de leur mère ont un plus grand risque de puberté précoce.

Nous savons que certaines des choses que nous mettons sur notre corps pénètrent dans notre corps, soit parce qu'elles traversent la peau, soit parce que nous les respirons, soit parce que nous les ingérons par inadvertance”, a rappelé Kim Harley, co-auteur de cette étude, qui estime qu’il est crucial de “savoir comment ces produits chimiques affectent notre santé.”

Une étude qui invite à la prudence et à la parcimonie

Les scientifiques ont ici suivi 388 enfants durant une vingtaine d’années, après avoir suivi leurs mères durant leur grossesse. L’exposition aux produits chimiques (phtalates, parabènes et phénols) a été évaluée à partir d’échantillons d’urine, chez les femmes enceintes et chez les enfants issus de leurs grossesses, à l’âge de 9 ans. La croissance et le développement pubertaire des 159 garçons et 179 filles a ensuite été observé et annoté.

Résultats : plus de 90% des échantillons d’urine prélevés chez la mère et l’enfant présentaient des concentrations détectables des trois classes de produits chimiques mesurés, à l’exception du triclosan, présent dans 70% des échantillons “seulement”.

Les chercheurs ont constaté que chaque fois que les concentrations de phtalate et de triclosan doublaient dans l'urine de la mère, le développement pubertaire des jeunes filles avait débuté environ un mois plus tôt. Les filles qui avaient des concentrations plus élevées de parabens dans leur urine à l'âge de 9 ans ont également débuté leur puberté à un âge plus précoce que les autres.

Le problème, c’est que de plus en plus d’études mettent en avant un lien entre puberté précoce et hausse du risque de cancer des organes sexuels, de l’ovaire ou du sein chez les femmes, du testicule chez l’homme.

Bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires, les gens doivent savoir que des produits chimiques dans les produits de soins personnels peuvent perturber les hormones de notre corps”, a estimé Kim Harley. Le chercheur invite les consommateurs à scruter les ingrédients des cosmétiques qu’ils utilisent, pourquoi pas en s’aidant de ressources sûres. En France, il existe plusieurs applications sur smartphone qui permettent de savoir si un produit d’hygiène est sûr ou non (Quelcosmetic, Yuka, Clean Beauty…).

Notons que le phtalate de diéthyle est souvent utilisé comme stabilisant dans les parfums, savons et shampooings. Le triclosan est un agent antimicrobien très controversé et pourtant encore utilisé dans certains dentifrices, en concentration faible cependant (0,3% dans les dentifrices, savons ou encore anticernes, et 0,2% dans les bains de bouche). Quant aux parabens, ils sont utilisés en tant que conservateurs dans de nombreux cosmétiques.

De manière générale, il est conseillé de limiter le nombre de cosmétiques que l’on utilise durant la grossesse, et d’opter quand c’est possible pour des produits sans ingrédients indésirables, au moins par précaution.

Source : Science Daily

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