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La colère des pères grimpe jusqu’à Londres

Publié le par Chloé Margueritte

Depuis mardi, 2 pères français ont rejoint Londres et sont perchés sur le pilier d’une des entrées de Hyde Park pour protester contre le système judiciaire britannique qu’ils jugent discriminatoire, à l’instar du système français. Cette première action commune avec des pères anglais vise à internationaliser le mouvement.

La voix des pères en colère se fait de nouveau entendre. La semaine dernière déjà un père de famille s’était réfugié sur la colonne de la Place Vendôme pour dénoncer un problème de gardes d’enfants. Mardi, deux Français ont fait le voyage jusqu’en Angleterre où les revendications des associations de pères sont quasiment similaires. Selon les chiffres avancés par le site du mouvement « New fathers 4 justice », à la réputation sulfureuse car très virulent, 1 enfant sur 3 vivrait seulement avec sa mère au Royaume-Uni, sans voir son père. Ce qu’ils réclament eux aussi : des chances égales d’obtenir la garde de l’enfant après une séparation voire une solution totalement égalitaire, via la résidence alternée. Sur leur site, parmi leurs « missions », ces pères vont jusqu’à demander une réforme complète de la politique familiale anglaise… une situation bien ressemblante à notre actualité française de ces derniers mois.

Un mouvement qui veut s’internationaliser

L’objectif des « pères en colère » français maintenant rejoints par des Londoniens est d’ailleurs d’internationaliser le mouvement pour augmenter la pression sur le gouvernement français après le vote chaotique de la loi famille. Pour rappel, la loi APIE (autorité parentale et intérêt de l’enfant) votée en juillet dernier a soulevé une vive opposition à droite comme parmi certains spécialistes de l’enfance, puisqu’elle propose d’inscrire symboliquement la résidence de l’enfant aux deux domiciles en cas de séparation. Ce que certains ont vu comme une tentative d’instaurer la garde alternée par défaut. Du côté des pères, preuve en est avec le mouvement d'aujourd'hui, la loi est perçue comme trop timide et ne remettant pas assez en question le statut du père encore trop discriminé selon eux. Pour rappel, ce mouvement de contestation paternel et médiatique remonte à début 2013. Au mois de février 2013, Serge Charnay, s’était retranché pendant plusieurs jours en haut d’une grue près de Nantes pour obtenir le droit de revoir son fils après près de 2 ans de séparation. A la suite de ce coup d’éclat s’est créé le collectif des « Grues jaunes » qui regroupe de manière hétérogène plusieurs pères de famille.

Des pères « en colère » représentatifs d’une discrimination étendue ?

Selon les dernières statistiques du ministère de la Justice (2010), l’enfant est placé chez sa mère en résidence principale dans environ 73,5% des cas de divorce. En général, les situations se règlent à l’amiable (quelle que soit la décision) et seulement 10 à 15% des affaires familiales sont conflictuelles. La plupart du temps quand la résidence alternée est demandée, elle est accordée même si elle ne concerne que très peu de décisions de justice. On note que les familles monoparentales sont à 85% des mères seules, très souvent confrontées à l’isolement et à la démission du père. Le ministère de la justice a récemment publié un rapport révélant que 35% des pensions alimentaires ne sont jamais versées ! Une loi est d’ailleurs en expérimentation depuis le 1er juillet pour que des garanties régissent plus strictement le versement de ces pensions. En résumé, si les pères séparés voient peu leurs enfants, ce n'est pas parce que la justice les en empêcherait mais parce qu'eux-mêmes ne seraient pas très présents.
Derrière ces chiffres et ces constats sociologiques se dessine néanmoins une réalité plus contrastée. De nombreux observateurs assurent qu’il existe encore des juges rétrogrades et que les hommes doivent souvent prouver leur capacité à s’occuper de leurs enfants. Quant aux pères « démissionnaires » ce sont aussi, souvent, des hommes eux-mêmes fragilisés, en situation de précarité, qui sont peu incités à faire valoir leurs droits ou à demander plus que le classique droit de visite et d’hébergement (ce qui explique peut-être la faible proportion de contentieux). Les études montrent bien que les pères des milieux populaires sont beaucoup moins présents après une séparation. C’est aussi dans ces milieux que la conception très sexuée des rôles parentaux est la plus forte. D’où la conviction de certains spécialistes, et de la Ministre des droits des Femmes, que l’implication des hommes dès la toute petite enfance permettrait d’éviter un éloignement des pères après la séparation.
Enfin, si les mouvements de pères sont parfois sujets à caution, il est vrai qu’il existe chez certaines mères la volonté de « capter » l’enfant et d’exclure l’ex-conjoint de sa vie. Ce que dénoncent, notamment, les pères perchés désormais à Hyde Park.