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Homoparentalité, PMA et GPA : l'Académie de médecine sur la pointe des pieds

Publié le par Chloé Margueritte

Dans un communiqué, l’Académie Nationale de médecine évoque, sans les trancher, les enjeux que soulève la procréation médicale assistée (PMA) pour les femmes seules et les couples de femmes.

 

Regrettant de ne pas avoir été consultée dans le débat sur l’autorisation ou non de la PMA aux couples de femmes et/ou aux femmes seules, l’Académie de médecine a proposé des pistes de réflexion mais sans vraiment prendre position. Concernant les enfants, l’Académie note ainsi : « Ce mode de procréation suscite de nombreuses questions concernant le développement et le bien-être des enfants. Les résultats des études menées dans d’autres pays sont souvent rassurants mais les conditions de leur obtention ne permettent pas de conclure et de nombreuses zones d’ombre persistent ».

Ouvrir l’AMP avec donneur aux homosexuelles: le risque d’aggraver la pénurie

L’Académie explique que si l’ouverture de l’AMPD (assistance médicale à la procréation avec sperme de donneur) aux femmes seules ou aux couples de femmes n’a pas « d’indication médicale », elle ne présente pas non plus de « contre-indication » médicale. C’est pourtant bien d’un point de vue médical que répond l’Académie, se gardant bien de toute considération idéologique ou politique. L’Académie s’interroge sur l’éventuelle explosion de demandes de don de sperme et sur un possible déséquilibre entre la demande et l’offre dans un contexte de pénurie croissante de donneurs de gamètes. En effet, on ne sait pas exactement combien de couples homosexuels vivent déjà avec un enfant ni combien désireraient en avoir un par le biais de la PMA. En France la PMA est ouverte aux couples hétérosexuels stériles ou en cas de risque avéré de transmission d’une maladie grave par l’un des deux parents au moins. Depuis la loi autorisant le mariage homosexuel votée en 2013, les couples homosexuels peuvent obtenir un agrément pour une adoption en couple. Mais les adoptions effectives restent rares, la plupart des pays d’origine étant hostiles à l’homoparentalité. D’où la pression des associations de défense des homosexuels pour légaliser l’AMPD. Le communiqué de l’Académie se termine par ce propos sibyllin : « Que l’AMPD pour les femmes seules ou homosexuelles soit légalisée ou non en France, il serait nécessaire que les femmes qui y auraient recours malgré tout puissent bénéficier des meilleures conditions de prise en charge pour leur bien-être et celui de leurs enfants. » Comment les médecins pourraient-ils accompagner les femmes dans un parcours entaché d’illégalité ? Rappelons que les gynécologues qui délivraient à leurs patientes hétérosexuelles une information sur les centres de FIV à l’étranger ont été rappelés à l’ordre l’année dernière. Or, non seulement le recours à ces centres par les couples hétérosexuels n’est pas interdit mais il est en plus est en partie pris en charge par la sécurité sociale.

La GPA confronte les médecins à de nouvelles interrogations

 Concernant la gestation pour autrui (GPA), elle fait l’objet d’un second communiqué dans lequel l’Académie explique qu’elle s’y est opposée en 2009 dans le cadre d’un rapport défavorable. Dans cette nouvelle prise de parole, les membres de l’Académies émettent, à nouveau, des réserves sur cette pratique et insistent sur le fait que «  la GPA suscite des interrogations particulièrement graves parce qu'elles intéressent le domaine personnel le plus sensible, celui de la filiation et aussi le plus intime, celui de la sexualité et de la conception ». On peut objecter que l’AMP avec donneur dans le cadre d’un couple hétérosexuel questionne tout autant sur la filiation, voire plus, puisque, contrairement à une AMPD, une GPA peut être menée avec les gamètes des deux parents d’intention. L’Académie insiste également sur l’aspect épigénétique de la GPA. De plus en plus d’études montrent en effet l’impact de la grossesse sur le développement ultérieur d’un enfant et de sa descendance. L’Académie conclut en exprimant la nécessité d’un suivi pour les enfants dans le cas où la GPA serait finalement autorisée.

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