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Virus Zika : une estimation précise des risques neurologiques pour le fœtus

Publié le par Alexandra Bresson

Grâce à une étude menée pendant l’épidémie de Zika dans les territoires français d’Amérique auprès de femmes enceintes et de leurs enfants à naître, des chercheurs français ont pu estimer précisément le risque de complications neurologiques graves pour les bébés. Ils ont également déterminé que le 1er trimestre de grossesse était la période la plus à risque.

La maladie à virus Zika est due à un virus transmis principalement par des moustiques du genre Aedes. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), un consensus scientifique s’est établi pour dire que le virus est à l’origine de cas de microcéphalie (lorsqu’un nouveau-né vient au monde avec une petite tête ou lorsque sa tête cesse de se développer après la naissance) et de syndrome de Guillain-Barré (lorsque le système immunitaire attaque les nerfs périphériques.) En février 2016, face à l’augmentation drastique du nombre de personnes infectées et pour établir le lien entre le virus et ces complications neurologiques, l’OMS a déclaré une « urgence de santé publique de portée internationale ».

Un mois plus tard, avec l’aide du consortium REACting, l’Inserm* a pris en charge le suivi scientifique d’une cohorte de plusieurs milliers femmes enceintes exposées au Zika dans les Territoires Français d’Amérique. L’objectif : étudier en situation épidémique les complications fœtales et néonatales associées à cette infection. L'étude portait sur les femmes de la cohorte qui ont présenté une infection à virus Zika confirmée biologiquement entre mars et novembre 2016, alors suivies tous les mois jusqu’au terme de leur grossesse. Toutes les complications et traitements reçus ont été consignés, et si une anomalie fœtale était détectée, un examen supplémentaire par IRM était réalisé.

Le risque de microcéphalies plus important au premier trimestre

Les résultats obtenus par les chercheurs montrent que le risque est surtout important lorsque l’infection survient au cours du premier trimestre de grossesse. En détail, ils indiquent que la fréquence des complications neurologiques est de 12,7% lorsque la mère est infectée au cours du 1er trimestre de grossesse, de 3,6% au cours du 2e trimestre et de 5,3% au cours du 3e trimestre. De même, le pourcentage de microcéphalies graves est de 1,6% globalement, mais ce dernier atteint 3,7% lorsque la mère est infectée au cours du 1er trimestre de grossesse, 0,8% lorsque la mère est infectée au cours du 2e trimestre et 0% lorsque la mère est infectée au cours du 3e trimestre de grossesse.

« Ces résultats sont les premiers issus des analyses de cette cohorte, car les bébés sont encore très jeunes, mais le suivi de l’ensemble des enfants sera indispensable pour identifier d’éventuelles complications plus tardives. », explique Bruno Hoen, médecin chercheur à l’Inserm et au CHU de la Guadeloupe, et investigateur principal de l’étude. « Même si ces taux de complications sont faibles par rapport à d’autres infections virales chez la femme enceinte, ils restent préoccupants car en phase épidémique le virus Zika peut contaminer plus de 50% d’une population », conclut Arnaud Fontanet, responsable de l’unité d’Epidémiologie des maladies émergentes à l’Institut Pasteur et co-investigateur de l’étude.

*’Institut national de la santé et de la recherche médicale