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Une femme atteinte d’insuffisance ovarienne a pu mettre au monde des jumeaux

Publié le par Alexandra Bresson

Des médecins du centre d’assistance médicale à la procréation de l’hôpital Jean-Verdier AP-HP (Bondy) sont à l'origine de la première naissance de jumeaux conçus après une maturation d'ovocytes en laboratoire. Ils ont ainsi réussi à préserver la fertilité d'une femme souffrant d’une insuffisance ovarienne prématurée d’origine auto-immune.

La préservation de la fertilité féminine est une discipline en plein essor depuis quelques années, grâce aux avancées des techniques de congélation, et notamment au développement de la vitrification. Cette technique de congélation ultrarapide consiste, selon l'Inserm, à plonger les cellules directement dans l'azote liquide, à -196°C, au lieu de procéder à une congélation lente comme pour le sperme. Classiquement, celle-ci nécessite l’obtention d’ovocytes matures suite à une stimulation hormonale des ovaires, indispensable. Mais certaines pathologies hormono-dépendantes, telles que le cancer du sein, peuvent contre-indiquer l’administration de traitements hormonaux.

Dans d’autres cas, la stimulation ovarienne n’est pas envisageable faute de réponse des ovaires. C'était le cas d'une patiente atteinte d’une ménopause précoce à 37 ans, qui ne pouvait pas bénéficier d’une stimulation ovarienne en raison d’un dysfonctionnement ovarien lié à maladie auto-immune. Mais des médecins de l’hôpital Jean-Verdier AP-HP ont réalisé lors d'une échographie qu’il lui restait des ovules immatures. Ils ont alors proposé d’utiliser la technique de maturation d’ovocytes in vitro (MIV) pour préserver ses capacités de reproduction. Cette-ci consiste en un prélèvement d’ovocytes immatures par ponction ovarienne à travers le vagin sans stimulation ovarienne préalable.

Une réelle alternative pour des milliers de femmes

Les ovocytes ont ensuite été mis en maturation au laboratoire pendant 24 à 48 heures avec des hormones et des facteurs de croissance. Un certain nombre d'entre eux a pu atteindre la maturité et ainsi être fécondés par des spermatozoïdes, puis les embryons obtenus ont été vitrifiés. « Même si la compétence ovocytaire ou embryonnaire reste moins importante qu’après stimulation ovarienne, nous venons de prouver que la MIV peut constituer une réelle alternative en matière de préservation de la fertilité féminine. » rapporte dans un communiqué le Pr Michaël Grynberg, chef de service par intérim de Médecine de la reproduction et préservation de la fertilité à l’hôpital Hôpital Jean Verdier AP-HP.

Celui-ci ajoute : « En outre, le diagnostic d’insuffisance ovarienne auto-immune débutante ne permettait pas, jusqu’alors, d’envisager une possibilité de lutter contre le déclin inéluctable de la fonction ovarienne. » Le journal ‘Le Figaro’, qui relate cette avancée, fait savoir que la patiente a par la suite reçu des hormones pour préparer son utérus et le rendre compatible avec l’implantation des embryons. Ce qui lui a permis de donner naissance à des jumeaux en décembre 2018. Tout le monde est en bonne santé. D’autres grossesses, dans un contexte similaire, sont suivies au centre d’AMP de l’hôpital Jean-Verdier, dans le cas de maladies particulières comme la maladie d'Addison.*

« Cela confirme l’intérêt majeur de cette technique de MIV, associée à la vitrification ovocytaire ou embryonnaire, pour préserver la fertilité féminine dans certaines indications où aucune autre option n’est envisageable », ajoute le Dr Christophe Sifer, responsable du laboratoire de Biologie de la reproduction à l’hôpital Jean-Verdier. Mais les médecins tiennent à faire savoir au journal que cette méthode est à l'heure actuelle moins efficace que la stimulation hormonale, réalisée directement dans l'organisme : il s'agit donc d'une solution de dernier recours. Mais le quotidien précise que « quelques milliers de femmes, entre 3000 et 5000, pourraient en bénéficier », dont beaucoup atteintes de cancer.

*Il s'agit d'une insuffisance surrénale : l'organisme ne produit plus de cortisol et d'aldostérone,

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