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Une étude donne une nouvelle raison de bien faire le plein de protéines durant la grossesse

Publié le par Hélène Bour

Une étude détaille une conséquence jusqu’ici méconnue d’une carence en protéines pendant la grossesse. De quoi souligner l’importance de suivre les recommandations nutritionnelles.

On le sait, la grossesse étant une période particulière de la vie d’une femme et requérant beaucoup au niveau nutritionnel, il est vivement recommandé d’adopter une alimentation équilibrée. Comprenez, si possible : manger chaque jour une portion de protéines, des légumes et des fruits, des produits laitiers, de la matière grasse, en variant dans chaque famille d’aliment.

Deux études dont les résultats convergent

Deux récentes études, respectivement parues dans les revues Scientific Reports (Source 1) et Molecular and Cellular Endocrinology (Source 2) mettent en avant un risque pour la santé du futur bébé d’une carence en protéines chez leur mère au moment de la grossesse. Les deux études ont été menées par des chercheurs brésiliens de l’Université d’État de São Paulo, et sont issues d’expérimentations sur des rats.

Dans l’étude parue dans Scientific Reports, les chercheurs ont détecté des altérations dans l’expression de gènes (un gène pouvant s’exprimer ou non), qui pourraient être associés à des déséquilibres hormonaux et à un risque accru de cancer de la prostate.

Un manque de protéines qui joue sur l’expression des gènes

« Le manque de protéines pendant la gestation et la lactation dérégule les voies moléculaires impliquées dans le développement normal de la prostate, conduisant à une altération de sa croissance chez les jeunes enfants. Cela était déjà connu. Nous avons maintenant découvert qu’un régime pauvre en protéines pendant le stade embryonnaire et les deux premières années après la naissance modifient l’expression de plus de 700 gènes chez la progéniture, y compris le gène ABCG1, associé au cancer de la prostate », a ainsi détaillé le Pr Luis Antônio Justulin, qui a dirigé les deux études, dans un communiqué (Source 3).

Dans la seconde étude, publiée dans Molecular and Cellular Endocrinology, la dérégulation d’un type spécifique de micro-ARN (petites molécules qui régulent l’expression génétique de l’ARN, lui-même dérivé de l’ADN) a été corrélée à :

  • une augmentation précoce des niveaux d’œstrogènes (hormones dites féminisantes), un trait prononcé chez les bébés de rats femelles nourries avec un régime pauvre en protéines ;
  • un risque accru de cancer de la prostate chez cette même progéniture de rates carencées en protéines.

Concept des 1 000 premiers jours et épigénétique

« Les résultats ont montré une fois de plus à quel point l’alimentation et tout ce qui se passe au cours des premières étapes du développement déterminent la trajectoire de la santé et de la maladie de la progéniture. Ils ont constitué une contribution clé à notre compréhension des 1 000 premiers jours de la vie, [cette] période comprenant la grossesse, l’allaitement et la petite enfance jusqu’au deuxième anniversaire du bébé », a souligné le Pr Justulin.

Estimant que ces données mettent en avant les potentielles répercussions de la malnutrition des femmes enceintes sur la future santé de leur enfant, les chercheurs soulignent que la recherche sur les liens entre santé maternelle et santé future de l’enfant à naître a considérablement progressé ces dernières décennies. Les recherches mettent notamment en avant les interactions entre les gènes, leur expression et l’environnement (polluants, mais aussi alimentation maternelle). Ces interactions peuvent de toute évidence impacter le risque de maladies dans la vie future, et notamment ces maladies dites “non transmissibles” et évitables que sont les cancers, les pathologies respiratoires chroniques ou encore les affections cardiovasculaires.

Notons que l’on parle ici de modification épigénétique, c’est-à-dire que ce ne sont pas les gènes en eux-mêmes qui sont modifiés, mais l’expression de ces gènes, par différents mécanismes complexes. Ainsi, si l’on ne peut agir sur le patrimoine génétique de notre descendance, on pourrait en revanche agir, dans une certaine mesure, sur toutes les modifications épigénétiques susceptibles de survenir du fait de l’influence de facteurs environnementaux (alimentation, pollution, activité physique, sommeil, etc.).

 

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