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Trois premiers mois de grossesse : les propositions d'une députée pour une meilleure prise en charge

Publié le par Alexandra Bresson

Les trois premiers mois de grossesse sont encore un tabou en France. Ils sont souvent vécus dans un « silence » contre lequel de nombreuses femmes s’insurgent désormais. Paula Forteza, députée, réclame un meilleur accompagnement des femmes dès le début de leur grossesse. Elle vient de publier un livret réunissant une vingtaine propositions issues de multiples témoignages de femmes enceintes. Examens médicaux, fausses couches, droit du travail... les voici en détail.

La grossesse et ce qu'elle implique commence dès le premier jour, pas au bout de trois mois. Tel est le message que souhaite faire passer la députée des Français de l’étranger (ex-LREM) Paula Forteza. Suite aux témoignages de centaines de femmes à ce sujet, cette dernière a décidé de formuler 17 mesures pour améliorer la condition des femmes dès le premier jour de la grossesse. Un projet qu'elle a récemment détaillé dans le journal “Ouest France” lors d'une interview. En juillet 2021, la députée publiait un article sur le silence des trois mois : « Pourquoi est-ce que les femmes devraient vivre seules et en silence ces trois premiers mois de grossesse ? ». À la suite de messages spontanés de soutien, il est apparu que de nombreuses femmes ont également mal vécu ce tabou social.

Nous avons aussi fait un appel à témoignages sur les réseaux sociaux et avons eu près de 500 réponses.

Pourquoi cette période des trois premiers mois est-elle ciblée ? « Ce sont les plus durs parce qu’il y a beaucoup de problématiques psychologiques et physiques : nausées, fatigue extrême, états dépressifs, peur de la fausse couche… Les femmes doivent les vivre seules parce qu’il faudrait protéger l’entourage d’une possible fausse couche, ou qu’il ne faudrait pas annoncer la nouvelle avant l’heure. Alors que si l’on traverse une fausse couche, c’est très important d’être accompagnée. », explique Paula Forteza à « Ouest France. » Dès les premiers jours, les femmes enceintes peuvent ressentir énormément de difficultés à suivre un rythme normal, notamment sur leur lieu de travail. Il s'agit alors d'une véritable « question de santé publique » à ne pas négliger.

17 mesures pour une meilleure prise en charge des 3 premiers mois de grossesse

Dans sa démarche, la députée s’est associée à Judith Aquien, qui dans son ouvrage « Trois mois sous silence - le tabou de la condition des femmes en début de grossesse », dénonce la non-prise en charge des femmes pendant cette partie de grossesse, et à Mathilde Lemiesle, illustratrice de BD, qui possède un compte Instagram sur la question des fausses couches. « Nous avons aussi fait un appel à témoignages sur les réseaux sociaux et avons eu près de 500 réponses. Nous avons collaboré avec des associations, experts et praticiens du milieu, pour développer les mesures que nous proposons. », précise-t-elle. Ces échanges ont mis à jour un manque de prise en compte de ce sujet, alors qu’une majorité de Français sont favorables à une meilleure prise en charge des trois premiers mois de grossesse.

Une prise en charge intégrale des frais médicaux liés à la grossesse dès que celle-ci est déclarée.

Au total, 17 mesures sont énumérées, réparties en trois catégories, dans un livret disponible en ligne : prise en charge physique et psychologique des femmes lors des 3 premiers mois, amélioration du parcours de soins des femmes enceintes et de la prise en charge des fausses couches, et amélioration des conditions de travail lors des 3 premiers mois. La députée et ses collaboratrices prônent ainsi le financement d’un programme de recherche sur le corps et la condition de la femme, et la prise en charge par l’assurance-maladie dès le début de la grossesse. Il s'agit concrètement d'une prise en charge intégrale des frais médicaux liés à la grossesse (ex: médicaments anti-vomissement) dès que celle-ci est déclarée, et non à compter du troisième mois. « Ça vaut aussi pour les consultations psychologiques. », précise Paula Forteza.

De meilleures conditions de travail pour les femmes enceintes

Et parce que toutes les grossesses ne se déroulent pas toujours bien, une telle prise en charge prévaudra aussi en cas de fausse couche. Cette question reste aujourd’hui taboue en France, bien qu’il s’agisse d’une expérience traumatisante. Il est ainsi nécessaire d’informer les couples de tous les risques, d'où la proposition d’une campagne d’information sur ce sujet. Enfin, une grande partie de ces mesures concerne particulièrement le droit au travail : tous les aménagements bienvenus pour que les femmes puissent continuer leur vie professionnelle. La députée cite par exemple « un droit au télétravail, adapter les temps de travail ou pouvoir changer de poste momentanément. Il faut des congés spécifiques, notamment en cas de fausse couche, d’au moins trois jours pour la femme et son conjoint. »

Mise en place de moyens supplémentaires pour les sages-femmes

Enfin, le collectif réclame « des effectifs supplémentaires pour les sages-femmes, ainsi qu’un statut médical, plus de moyens, des salaires revalorisés », dans le but précis de « créer les conditions d’une meilleure prise en charge de la grossesse », énumère la députée dans les colonnes de Ouest France. La plupart des mesures proposées ont déjà été étudiées jeudi 4 novembre, dans le cadre de l’examen du budget. Les autres propositions pourront faire l’objet d'un projet de loi qui, espère-t-il, pourrait être étudié avant la fin du mandat d'Emmanuel Macron ou porté par d'autres candidats lors de la présidentielle de 2022. Mais au-delà de changer la loi, ce travail vise également à sensibiliser plus généralement le gouvernement, la société civile et les professionnels de santé, pour qu’ils se saisissent de ces questions.

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