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Pictogramme grossesse et médicaments : l'Académie de médecine craint une vague d'inquiétude

Publié le par Véronique Bertrand

Depuis le mois d’octobre 2017, un pictogramme “danger” ou “interdit” doit être apposé sur les médicaments présentant un risque pour le fœtus. Mais l’Académie de médecine estime que, si l’intention est louable, les conséquences sont incertaines. Voici pourquoi.

Un décret impose aux titulaires d’autorisations de mise sur le marché d’apposer un pictogramme spécifique sur les boîtes de médicaments tératogènes ou fœtotoxiques.

Deux modèles sont possibles : le premier médicament + grossesse = danger. Le second : médicament + grossesse = interdit.

Grossesse : 15 substances tératogènes, 40 fœtotoxiques

S’il est nécessaire d’informer les prescripteurs et les patientes sur les médicaments dangereux durant la grossesse, l’Académie nationale de médecine rappelle que seulement une quinzaine de substances sont reconnues comme tératogènes, et une quarantaine d’entre elles reconnues comme fœtotoxiques.

Or, ce sont 60 à 70 % des médicaments qui pourraient se voir apposer le pictogramme “danger” ou “interdit”, car les firmes vont élargir le champ de l’apposition dans une optique de protection médico-légale. Jusque-là, il n’y avait que 10 % des médicaments !

Une vague d’inquiétude

Face à l’apposition de ce pictogramme qui se caractérise par une silhouette de femme enceinte barrée dans un triangle rouge, l’Académie nationale de médecine craint plusieurs choses :

  • Une vague d’inquiétude infondée.
  • Une perte de chances pour les patientes qui pourraient préférer s’abstenir de tout traitement, même indispensable.
  • Une situation difficile à gérer pour les professionnels de santé, obligés d’expliquer aux patientes les motifs des pictogrammes, sans concertation préalable avec les sociétés savantes et professionnelles sans communication sur le fond.
  • La libre décision laissée aux firmes pharmaceutiques d’apposer le pictogramme.

Les recommandations de l’Académie nationale de médecine

C’est pourquoi l’Académie nationale de médecine recommande que seules les substances ayant fait la preuve de leur effet délétère pour la grossesse humaine soient visées par une action de communication de cette nature, avec apposition d’un pictogramme “interdit”.

Pour les autres, aucun pictogramme ne devrait être apposé, des échanges entre les prescripteurs, les pharmacies et les patientes devraient suffire.

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