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Paludisme : des chercheurs sur la piste d'un vaccin pour protéger les femmes enceintes

Publié le par Alexandra Bresson

Le paludisme pendant la grossesse représente un problème de santé publique majeur dans les régions où la maladie est endémique. La pathologie est notamment associée à un faible poids de naissance pour le bébé et à un sur-risque de mortalité néonatale. Pour protéger cette population, une équipe de chercheurs français développe un vaccin dont l'essai clinique mené pour étudier sa tolérance et obtenir des données préliminaires sur sa capacité à induire une réponse immunitaire adaptée se montre très prometteur.

Le paludisme est dû à un parasite, le Plasmodium, transmis par les moustiques qui en sont porteurs. Chez l’être humain, ces parasites se multiplient dans le foie puis s’attaquent aux globules rouges. L’Organisation mondiale de la santé estime que la maladie est responsable de plus de 400 000 décès chaque année. Actuellement, les principales mesures de lutte prévoient : l’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticide et la pulvérisation d’insecticide à l’intérieur d'habitations, les tests diagnostiques et le traitement des cas par des médicaments antipaludiques efficaces. Si la lutte contre la maladie a progressé au cours des dernières décennies, certaines populations restent très vulnérables.

C’est notamment le cas des femmes enceintes. En effet, dans les régions du monde où le paludisme est endémique (en 2017, 87 pays étaient confrontés à une transmission continue du paludisme selon les chiffres de l'OMS), les individus acquièrent une immunité contre la maladie tout au long de leur enfance. Lorsqu’ils atteignent l’âge adulte, ils sont donc généralement protégés contre les conséquences les plus graves du paludisme. Mais les femmes enceintes font néanmoins figure d’exception, car les globules rouges infectés par le parasite « Plasmodium falciparum » à l’origine du paludisme s’accumulent au niveau du placenta, favorisant l’anémie et l’hypertension maternelle.

11 millions de femmes enceintes infectées par le paludisme en 2018

La maladie est aussi associée à un risque plus élevé de fausses couches spontanées, de retards de croissance intra-utérin et d’accouchements prématurés qui induisent une insuffisance pondérale à la naissance et un taux de mortalité infantile important. L’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) estime qu'en Afrique Sub-Saharienne, 11 millions de femmes enceintes ont ainsi été infectées par le paludisme en 2018. Elles ont donné naissance à près de 900 000 enfants en insuffisance pondérale. C’est pour lutter contre ce fléau sanitaire qu’une équipe de chercheurs de l'Inserm et de l'Université de Paris travaille au développement d’un vaccin contre le paludisme gestationnel.

Celui-ci a pour objectif de prévenir jusqu’à 10 000 décès maternels et 200 000 décès infantiles par an. « Développer un vaccin efficace à destination des jeunes femmes avant leur première grossesse est une priorité afin de réduire la mortalité liée au paludisme. La stratégie vaccinale efficace pourrait cibler une population similaire à celle ciblée par la vaccination HPV, avant le premier rapport sexuel.», souligne Benoît Gamain, directeur de recherche CNRS. Dans un essai clinique publié dans Lancet Infectious Diseases, les chercheurs apportent des données sur la sécurité de ce vaccin baptisé PRIMVAC et sur sa capacité à induire une réponse immunitaire jusqu’à 15 mois après la vaccination.

Une capacité à déclencher une réponse immunitaire durable

Le vaccin a été évalué chez 68 femmes non enceintes âgées de 18 à 35 ans à Paris au centre d’investigation clinique Cochin Pasteur puis au Burkina Faso, à Ouagadougou. Les participantes ont été réparties en quatre cohortes, recevant le vaccin à différentes doses, à trois reprises sur une période de trois mois. Elles ont été suivies pendant 15 mois afin d’identifier et de prendre en charge d’éventuels effets indésirables et d’étudier la réponse immunitaire induite par la vaccination. Les résultats montrent que le vaccin PRIMVAC est bien toléré et que sa capacité à produire une réponse immunitaire est avérée, avec une production d’anticorps chez 100 % des femmes après seulement deux injections.

Par ailleurs, les anticorps produits sont capables de reconnaître l’antigène parasitaire à la surface des globules rouges infectés et d’inhiber leur capacité adhésive responsable de leur accumulation dans le placenta, ce qui est crucial pour lutter contre cette forme gestationnelle du paludisme. « Nous avons montré que le vaccin est bien toléré, à toutes les doses testées. Nous avons mis en évidence que la quantité d’anticorps générés augmente après chaque vaccination et que ceux-ci persistent pendant plusieurs mois.», souligne Benoît Gamain. Les chercheurs veulent continuer à suivre les 50 volontaires afin d’évaluer si cette réponse immune induite par la vaccination se maintient jusqu’à leur première grossesse.

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