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Mère d’un bébé mort-né, elle publie une lettre ouverte sur la publicité ciblée

Publié le par Hélène Bour

Alors qu’elle a donné naissance à un bébé mort-né, une maman endeuillée continue de recevoir des publicités ciblées pour femme enceinte ou nouveau-né. Une dérive qu’elle a dénoncée dans une poignante lettre ouverte.

Qui n’a jamais râlé devant une publicité ciblée peu appropriée ? Depuis quelques années, les réseaux sociaux et autres sites web rivalisent d’ingéniosité pour décrypter nos recherches et publications afin de nous proposer de la publicité en conséquence. Vous allez déménager ? Que diriez-vous de ce service de déménagement ? Vous cherchez une nouvelle voiture ? Que pensez-vous de ce nouveau modèle ? C’est presque sans fin.

Malheureusement, ces algorithmes sont loin d’être parfaits et vont parfois trop loin.

En témoigne la lettre ouverte de Gillian Brockell, une journaliste du WashingtonPost, qui a accouché d’un enfant mort-né et qui continue malgré tout à recevoir des annonces publicitaires sur la grossesse et la petite enfance.

Chers géants du web. Je sais que vous saviez que j'étais enceinte... C’est de ma faute, j’ai n’a pas pu résister à ces mots-clés sur Instagram – #30weekspregnant [enceinte de trente semaines, ndlr] #BabyBump. Et - stupide que je suis - j’ai même cliqué une ou deux fois sur des publicités d’habits pour femmes enceintes que m’affichait Facebook”, regrette la jeune femme au début de sa lettre.

Baby Shower, recherches Google liées à la maternité, à la peinture de la chambre de bébé... La journaliste énumère les diverses recherches sur le web et événements sur Facebook qui ont pu orienter les publicités des géants de web.

Sauf que voilà, la grossesse de Gillian Brockell ne s’est pas déroulée comme prévu : la jeune femme a accouché d’un bébé décédé.

Des algorithmes à la fois trop et pas assez perfectionnés

Et malgré ses recherches internet (“le bébé ne bouge plus”, “fausses contractions”) et ses hashtags sans équivoque (“dévastée”, “mort-né”...), les publicités ciblées maternité et petite enfance n’ont pas cessé. Regrettant vivement que les algorithmes n’aient pu deviner sa situation, la journaliste rappelle qu’on compte environ 26 000 naissances d’enfant morts-nés rien qu’aux États-Unis, et les millions de plus de par le monde. “Et laissez-moi vous dire ce que sont les réseaux sociaux quand vous rentrez enfin de l'hôpital avec les bras les plus vides du monde, après que vous et votre mari avez passé des jours à pleurer dans votre lit, et que vous prenez votre téléphone pour avoir quelques minutes de distraction avant les prochains sanglots”, déplore la jeune femme. Et là, “c'est exactement, de façon écrasante, la même chose que lorsque votre bébé était toujours en vie”, s’insurge-t-elle.

Et alors qu’elle indique à Facebook, comme le veut la procédure, que ces contenus ne sont pas appropriés pour elle, le réseau social s’imagine qu’elle a accouché, que tout se passe bien, et lui propose dès lors des publicités pour des soutiens-gorge d’allaitement, des astuces pour endormir bébé et des poussettes…

En guise de conclusion, la jeune femme s’adresse de nouveau directement aux géants du web : “je vous implore, si vous êtes suffisamment pour réaliser que je suis enceinte, puis, que j’ai accouché, alors vous êtes certainement assez intelligent pour réaliser que mon bébé est décédé, et pouvez me proposer de la publicité en conséquence, ou pas de pub du tout”.

Un représentant des publicités de Facebook lui a répondu et lui a expliqué une autre procédure pour bloquer ces publicités. Ce que la journaliste a fait, résultats : elle reçoit désormais des publicités pour l’adoption, alors qu’elle n’a jamais fait de recherche sur cette thématique.

Rapidement devenue virale sur Twitter, la publication de Gillian Brockell cumule plus de 27 000 partages et plus de 66 000 mentions “j’aime”.

Source : Twitter

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