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L'infection par le streptocoque B, un risque trop négligé pendant la grossesse

Publié le par Alexandra Bresson

Des chercheurs affirment que la vaccination des femmes enceintes contre l'infection à streptocoque B serait une approche révolutionnaire qui pourrait réduire considérablement le nombre de décès maternels et infantiles. Actuellement, trop de femmes porteuses de cette bactérie ne sont pas identifiées, malgré les risques connus pour l'enfant.

Plus de 20 millions de femmes dans le monde sont porteuses du streptocoque du groupe B pendant leur grossesse, et un trop grand nombre d'entre elles demeurent non traitées, estiment des chercheurs Dans une récente étude financée par la Fondation Bill & Melinda Gates, ces derniers affirment que cette infection cause environ 150 000 mortinatalités et décès infantiles évitables chaque année, alors qu'un vaccin pourrait prévenir des milliers de cas. Bien qu'elle n'abrite que 13% de la population mondiale, l'Afrique est le continent avec le fardeau le plus lourd (54% des cas estimés).

Mais les pays où les femmes sont le plus touchées sont l'Inde, la Chine et le Nigéria. Comme l'explique l'Institut Pasteur, le streptocoque du groupe B a pour réservoir essentiel le tube digestif, à partir duquel se fait la colonisation des voies génitales. « Le taux de transmission de la mère colonisée au nouveau-né est en moyenne de 50 %, et environ 1 à 2 % des nouveau-nés développeront une infection en l’absence d’antibioprophylaxie (antibioprévention) au moment de l’accouchement », explique-t-il. Selon l’Institut Pasteur, 500 cas d’infections néonatales invasives associées au streptocoque B sont dénombrés chaque année en France, provoquant entre 50 et 100 décès.

La recherche pour un vaccin est insuffisante

Bien que plusieurs vaccins visant à prévenir cette infection soient en cours de développement, aucun d'entre eux n'est disponible. « Ceci en dépit du fait que la maladie représente plus que les décès néonatals combinés dus au tétanos, à la coqueluche et au virus respiratoire syncytial, pour lesquels les vaccins sont déjà utilisés ou sont plus avancés dans le développement », expliquent les chercheurs. Leur analyse montre qu'un tel vaccin, efficace à 80 % et atteignant 90 % des femmes, pourrait prévenir 231 000 cas chez les nourrissons et les mères. Car si l'infection est souvent bénigne pour les adultes, les bébés y sont plus vulnérables en raison de leur système immunitaire immature.

La prévention actuelle dans ce domaine est axée sur l'administration d'antibiotiques aux femmes qui accouchent, dans le but de réduire la maladie chez les nourrissons. Mais seule une soixantaine de pays applique une politique de prévention : 35 d'entre eux testent toutes les femmes enceintes pour savoir si elles sont porteuses, et les 25 autres identifient celles présentant des facteurs de risque cliniques. Par ailleurs, cette approche peut être difficile dans les milieux à faibles revenus, où de nombreuses naissances ont lieu à la maison, et où la capacité de dépistage du laboratoire est limitée. En outre, donner trop d'antibiotiques peut contribuer à la résistance aux antimicrobiens, qui représente une crise sanitaire majeure.

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