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Les femmes enceintes sont trop exposées aux médicaments, s'inquiètent des experts

Publié le par Alexandra Bresson

La revue médicale « Prescrire » rappelle que la plupart des médicaments ne doivent pas être pris pendant la grossesse, pour éviter autant que possible l'exposition des enfants à naître. Mais la dernière étude en date dans ce domaine en France montre que c'est bien le cas pour la moitié des femmes enceintes.

S'il y a bien une période où il faut toujours vérifier auprès de son médecin et pharmacien que les médicaments que l'on souhaite prendre sont compatibles avec son état, c'est bien la grossesse. Les risques pour l'enfant, et particulièrement les effets à long terme sur son développement, sont globalement connus pour beaucoup des médicaments à l'instar de la Dépakine, de l'aspirine et des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), mais ce n'est pas le cas pour l'ensemble d'entre eux. La revue médicale « Prescrire » tient ainsi à rappeler dans un récent article qu'avec toutes les femmes enceintes ou qui pourraient le devenir, il est important de ne pas banaliser l'usage des médicaments.

Sa recommandation est basée sur une ancienne étude sur les médicaments remboursés, chez environ 29 000 femmes enceintes en France, qui a été menée à partir des données de l'Assurance maladie entre 2011 et 2014. « Les résultats de cette étude montrent que la moitié des femmes enceintes sont exposées à neuf médicaments ou plus : antalgiques, antispasmodiques (phloroglucinol), fer, antibiotiques, etc. », expliquent les experts. Or, certains de ces médicaments sont dangereux pour l'enfant à naître : la revue précise qu'environ 41 000 femmes enceintes ont été exposées par an en France à un anti-inflammatoire non-stéroïdien (comme l'ibuprofrène) au premier trimestre de la grossesse.

Des pictogrammes apposés sur les boîtes de médicaments

Même aux deuxième et troisième trimestres, elles sont encore 9 500 et 3 100 à y avoir été exposées. Par ailleurs environ 3 900 femmes enceintes en France ont été exposées à des antiépileptiques, 2 400 ont été exposées tous trimestres confondus à un inhibiteur de l'enzyme de conversion (contre l'hypertension artérielle) et 1 900 d'entre elles, par an, ont été exposées à l'isotrétinoïne, un traitement contre l'acné sévère. « Les patientes atteintes d'un trouble chronique ont intérêt à préparer une grossesse désirée : évaluer les risques liés au trouble et ceux liés aux médicaments, choisir le traitement à moindre risque, voire surseoir au projet de grossesse », soulignent les auteurs de l'article.

Ces derniers concluent sur l'importance d'adopter le réflexe d'envisager en priorité des prises en charge non médicamenteuses. L'Agence nationale du médicament précise sur le sujet que de « manière générale, l’utilisation de médicaments, y compris ceux vendus sans ordonnance, doit être évitée au cours de la grossesse. » L’Agence identifie quatre risques pour le fœtus : effets tératogènes (malformatifs), effets fœetotoxiques, effets néonataux et effets à distance de la naissance. Pour renforcer l'information dans ce domaine, le ministère de la Santé a décidé en 2017 d’ajouter un pictogramme « Femmes enceintes » sur les boîtes de médicaments qui présentent un risque au cours de la grossesse.

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