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Le syndrome des ovaires polykystiques accroît les risques de diabète et d'hypertension gestationnels

Publié le par Alexandra Bresson

Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est une maladie à l’origine de nombreux problèmes de procréation dont l’infertilité, et touche une femme en âge de procréer sur dix. En examinant des milliers de données concernant les grossesses de femmes qui en souffrent, des chercheurs indiquent que celle-ci peut s'avérer compliquée en raison d'un risque plus élevé de diabète gestationnel et de prééclampsie.

Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est la maladie hormonale la plus fréquente chez les femmes en âge de procréer. Elle est caractérisée par une production excessive d’androgènes, en particulier de testostérone, habituellement produite en petite quantité dans l’organisme féminin. Ce taux élevé de testostérone est responsable de plusieurs types d’anomalies chez les femmes concernées : survenue irrégulière des règles, hyperpilosité, acné, chute de cheveux et la présence d’un grand nombre de follicules au développement inachevé sur les ovaires, source d’infertilité chez les femmes. Selon l'Inserm, le SOPK touche environ 10% des femmes et à ce jour, il n'existe pas de traitement spécifique.

L'organisme précise par ailleurs que la maladie peut se manifester par un syndrome métabolique, c'est-à-dire un trouble d'origine glucidique, lipidique ou vasculaire, associé à une surcharge pondérale, qui va provoquer un diabète de type 2 et prédisposer à l'athérosclérose. Ainsi, « l’adiposité excessive provoquée par l’hyperandrogénie prédispose à l’insulinorésistance et au diabète. Les patientes présentent aussi une élévation du risque d’hypertension artérielle et de maladies cardiovasculaires (angine de poitrine, infarctus du myocarde, AVC...).», indique-t-il. Enfin, les femmes enceintes présentant un SOPK ont plus souvent des grossesses présentant des complications.

Des données sur plus de neuf millions de grossesses

Celles-ci présentent en effet un risque accru d’accouchement prématuré, de diabète gestationnel ou de pré-éclampsie. Des chercheurs de l'Université McGill ont voulu affiner leur compréhension des complications métaboliques liées à la grossesse pour les femmes concernées par ce syndrome. Ces derniers ont découvert dans une étude publiée dans la revue « Human Reproduction » que le SOPK était un facteur de risque indépendant de diabète et d’hypertension gestationnels. Des liens avaient déjà été établis entre le SOPK et d’autres difficultés périnatales, notamment la résistance à l’insuline. Toutefois, la corrélation entre ce syndrome et les complications néonatales reste mal comprise.

« Nous avons découvert que le SOPK était un facteur de risque de morbidité pendant la grossesse. », note le Dr Michael Dahan, auteur principal de l’article. « Nous pouvons maintenant déterminer le risque relatif que le processus pathologique lui-même fait peser sur la grossesse en recherchant des affections sous-jacentes, ce que les chercheurs n’avaient pas réussi à faire. » C'est en explorant une base de données qui regroupe des renseignements sur plus de neuf millions de grossesses et naissances que les chercheurs ont pu établir des liens entre les femmes enceintes atteintes du SOPK et la prévalence de l’hypertension gestationnelle, de l’obésité et du diabète prégestationnel et gestationnel.

« Il ne faut pas négliger le risque associé aux maladies concomitantes »

Après avoir contrôlé tous les effets de confusion potentiels, l'étude précise que les femmes atteintes de SOPK courent un risque deux fois plus élevé de développer un diabète gestationnel et de l'hypertension gestationnelle et un risque accru de 30% de développer une prééclampsie par rapport aux femmes sans SOPK. Les chercheurs ont également découvert que les femmes enceintes atteintes du SOPK étaient plus susceptibles d’avoir eu recours à des traitements de Fécondation in vitro (FIV) et de donner naissance à un enfant présentant une anomalie congénitale (défauts structurel ou fonctionnel d’une partie du corps présents dès la naissance) que les femmes enceintes exemptes de ce syndrome.

« Le SOPK est la maladie hormonale la plus fréquente chez les femmes en âge de procréer. », ajoute le Dr Michael Dahan, avant de conclure : « il ne faut pas négliger le risque associé aux maladies concomitantes souvent présentes chez les femmes qui en sont atteintes puisque tout cela s’additionne et multiplie les risques de complications en cas de grossesse. » La prochaine étape pour ces scientifiques consistera à se pencher sur la possibilité de réduire les risques associés à la grossesse et à l’accouchement par certaines interventions visant le SOPK. Actuellement, le premier enjeu de la recherche dans ce domaine est d’identifier l’origine du dysfonctionnement endocrinien mis en jeu dans le SOPK.

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