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La dépression pendant la grossesse peut avoir un impact sur le nouveau-né

Publié le par Alexandra Bresson

Des chercheurs ont constaté qu'une dépression pendant la grossesse peut provoquer, à termes, des changements comportementaux et biologiques chez l'enfant à naître. Et favoriser chez celui-ci un risque plus important de souffrir de cette maladie à l'âge adulte.

Il est connu que plusieurs facteurs peuvent influencer le déroulement d'une grossesse, comme l'alcool, l'alimentation, une exposition à des substances nocives, la prise de médicaments ou le stress. Des chercheurs du King's College de Londres affirment qu'il existe un autre facteur, encore trop peu pris en compte : la dépression. Leur étude affirme en effet que cet état a un impact physiologique sur la mère, et peut donc affecter le bébé in utero, et même provoquer des troubles du comportement lorsque celui-ci grandira. Cette étude a consisté à comparer sur une longue période, le comportement de bébés nés de mères diagnostiquées avec une dépression par rapport à ceux de mères en bonne santé.

Les scientifiques ont recruté des femmes enceintes de 25 semaines (49 femmes souffrant de troubles dépressifs majeurs et 57 femmes en bonne santé) et les ont étudiées ainsi que leurs bébés jusqu'à un an après leur naissance. Plus précisément, ils ont pris le sang de chacune de ces femmes pour mesurer l'inflammation et évaluer si la dépression mettait leur corps sous pression comme peut le faire une infection. De plus, des échantillons de salive ont été prélevés à la 32e semaine de grossesse et les taux de cortisol (l'hormone du stress) ont été mesurés. Les résultats des analyses des échantillons de sang ont montré que les femmes enceintes souffrant de dépression présentaient une inflammation accrue.

Ces enfants sont plus sensibles au stress

Par ailleurs, les résultats des échantillons de salive ont indiqué que ces dernières présentaient des niveaux de cortisol plus élevés au moment des prélèvements, le matin et le soir. Ces femmes ont également accouché en moyenne huit jours plus tôt que le groupe témoin, à 39,2 semaines plutôt qu'à 40,4 semaines. Six jours après la naissance des enfants, les chercheurs ont évalué leurs capacités, via une échelle d'évaluation comportementale néonatale, en ce qui concerne leur vigilance et leurs réponses immédiates aux stimuli tels que le bruit et la lumière. Il s'avère que les nouveau-nés des mères souffrant de dépression pendant la grossesse ont fait part de performances plus faibles que le groupe témoin.

En outre, puisque chaque bébé est vacciné à l'âge de deux mois et de douze mois, les chercheurs en ont profité pour examiner la réponse de leur organisme au stress de la vaccination et pour mesurer aussi leur taux de cortisol dans leur salive. Les scientifiques ont alors constaté qu'à l'âge d'un an, les nourrissons dont la mère était dépressive présentaient un taux de cortisol plus élevé après la vaccination, ce qui indique qu'ils étaient plus réactifs au stress. Une découverte importante selon eux, puisque c'est la première étude à identifier le lien entre une inflammation induite par la dépression chez les femmes enceintes et des changements comportementaux et biologiques chez leurs bébés.

« Nous savions que les enfants nés de mères déprimées courraient plus de risques de dépression à l'âge adulte. Cela identifie un mécanisme biologique important qui pourrait expliquer cet effet. », expliquent les chercheurs. Ces conclusions permettent également de constater, une nouvelle fois, l'importance de l'environnement in utéro pour l'enfant à naître. « Fait intéressant, les changements comportementaux et biologiques chez le bébé ne sont pas dus à la dépression postnatale mais uniquement à la dépression pendant la grossesse. », soulignent-ils. Dans leurs conclusions, ils recommandent aux femmes concernées de ne pas hésiter à demander une aide médicale car la dépression peut être traitée.

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