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Japon : une employée blâmée pour être tombée enceinte au mauvais moment

Publié le par Hélène Bour

Au Japon, une femme a été fortement réprimandée par son employeur pour être tombée enceinte “au mauvais moment”, c’est-à-dire sans respecter le planning de grossesses qui avait été convenu. Récit.

Au pays du Soleil levant, toutes les grossesses ne sont pas les bienvenues. Une crèche privée japonaise a récemment fait les gros titres de la presse du Japon et d’ailleurs, pour avoir réprimandé une de ses employées, tombée enceinte “au mauvais moment”. La crèche imposait en effet un calendrier des grossesses et des mariages à son personnel féminin.

Repérée en France par le média Slate, cette histoire saugrenue et déplorable a été médiatisée au Japon par Mainichi Shimbun, l’un des grands quotidiens du pays. C’est le mari de l’employée enceinte en question qui a informé la presse : il a écrit une lettre ouverte afin de dénoncer ces pratiques d’un autre âge, qui veulent orchestrer la vie des femmes et de leur couple.

Des excuses acceptées, mais qui n’ont pas suffi à faire taire les remontrances du patron

Huit mois après notre mariage, en janvier de cette année, nous avons découvert que ma femme était enceinte. Ma femme, qui travaille dans un service de garde d’enfants, semblait triste et inquiète à propos de cette nouvelle. La directrice de la garderie où elle travaille a déterminé l'ordre dans lequel les travailleuses pourraient se marier ou être enceintes et, apparemment, il y a une règle tacite selon laquelle il ne faut pas prendre son « tour » avant sa supérieure hiérarchique. Ma femme et moi sommes allés ensemble nous excuser”, raconte le mari de l’employée dans sa lettre.

Le couple est donc allé présenter ses excuses pour cette grossesse imprévue à l’employeur, qui, loin de féliciter le couple pour cet heureux événement, comme on pourrait s’y attendre, a simplement accepté leurs excuses, à contrecœur. Mais dès le lendemain, l’employée enceinte a dû subir les nombreuses réprimandes de ce même patron. “Comment as-tu pu enfreindre les règles si égoïstement ?”, lui aurait-il dit.

Depuis, l’employée se sent coupable, pensant aux difficiles conditions de travail que vont subir ses collègues du fait d’une personne en moins dans l’entreprise, raconte encore son mari. Comble du comble, lui-même se dit conscient d’être fautif, d’avoir mal planifié les choses, mais estime que son pays est “arriéré” sur ces questions de maternité.

Rappelant que cette pratique de planning des grossesses n’est pas si rare au Japon, le “Mainichi Shimbun” relate l’histoire d'une femme de 26 ans dont la supérieure lui a dit qu'elle ne pourrait avoir d'enfant qu'à partir de ses 35 ans. Un planning des grossesses avait par ailleurs été envoyé par mail aux employées, assorti d’une phrase indiquant que tout comportement “égoïste” serait puni.

Selon un sondage gouvernemental japonais mené en 2015, la moitié des travailleuses précaires du pays souffraient de harcèlement après leur grossesse, une sur cinq ayant même été licenciées à cause de cela.

Sources : ; ;