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IVG : une hausse confirmée en 2019

Publié le par Alexandra Bresson

Un rapport d'une agence du ministère de la Santé indique que le nombre d’interruptions volontaires de grossesse (IVG) pratiquées en France oscillait entre 215 000 et 230 000 depuis 2001, mais celui-ci a atteint son maximum lors de l'année 2019. Si les chiffres varient selon les régions, les femmes dans la vingtaine sont les plus concernées, de même que celles avec un revenu modeste.

En France, toute femme enceinte, majeure ou mineure, peut choisir d’interrompre sa grossesse (IVG ou avortement) dans le respect du délai légal, qui dépend de la méthode choisie : médicamenteuse ou instrumentale. L’IVG médicamenteuse est possible jusqu’à la fin de la 5e semaine de grossesse (soit 7 semaines après le début des dernières règles) voire jusqu'à la 7e semaine de grossesse (9 semaines après le début des dernières règles), si elle est pratiquée dans un établissement de santé. L’IVG instrumentale (par dilatation du col et aspiration du contenu de l'utérus) peut quant à elle être réalisée jusqu’à la fin de la 12e semaine de grossesse, soit 14 semaines après le 1er jour des dernières règles.

Chaque année, la DREES* publie les dernières données disponibles dans ce domaine, en France métropolitaine et dans les départements et les régions d’outre-mer (DROM). Selon ses dernières statistiques publiées en ligne, le nombre d'IVG réalisées en 2019 s’élève à 232 200, dont 14 300 concernent des résidentes dans les DROM, y compris Mayotte. Si le taux global de recours à l’IVG suit une tendance à la hausse depuis l'année 1995, les chiffres dévoilés pour l'année 2019 sont particuliers car ces derniers indiquent que le taux de recours est à son niveau le plus élevé depuis 1990. Il atteint ainsi 15,6 IVG pour 1 000 femmes âgées de 15 à 49 ans en métropole et 28,2 dans les DROM.

Des recours plus fréquents dans les DROM et le Sud

Si les jeunes femmes de 20 à 29 ans demeurent les plus concernées (27,9 IVG pour 1 000 femmes en France), l’augmentation du taux de recours est notable chez les femmes trentenaires depuis les années 2010 : la hausse est la plus marquée chez les 30-34 ans (+ 3,9 points entre 2010 et 2019). « À l’inverse, sur la même période, le taux de recours diminue chez les moins de 20 ans. », précise la Drees. En s'intéressant aux régions, les résultats démontrent par ailleurs des disparités territoriales, les taux de recours allant du simple au triple. En métropole, les plus faibles enregistrés sont en Pays de la Loire (11,8 IVG pour 1 000 femmes), en Bretagne (12,3 IVG) et dans la région Grand-Est (12,9 IVG).

A l'inverse, les taux de recours à l’IVG sont les plus élevés dans les DROM, en Île-de-France et dans le Sud-Est (Occitanie, Provence Alpes-Côte d’Azur, Corse), où ils dépassent 17 IVG pour 1 000 femmes, voire 39 IVG pour 1 000 femmes en Guyane et Guadeloupe. « Les taux sont également plus élevés pour les mineures dans les DROM, et ils le sont deux fois plus qu’en métropole. », note la Drees. Comment expliquer ces écarts ? L'âge n'est pas en cause car en métropole, les pyramides des âges sont trop semblables d’une région à l’autre pour justifier les disparités observées, qui s’expliquent plutôt par « des différences de comportement », notent les experts.

Les femmes aux revenus faibles ont plus souvent recours à l’IVG

En ce qui concerne le délai pour pratiquer une IVG (l'âge gestationnel n’est disponible que pour les IVG pratiquées en milieu hospitalier), la moitié des IVG réalisées en établissement hospitalier en 2019 a concerné des grossesses de moins de 8 semaines d’aménorrhée. Selon la Drees, « les IVG réalisées durant les deux dernières semaines du délai légal (uniquement par méthode instrumentale) peuvent rendre compte de difficultés de parcours et d’accès, du fait d’une offre insuffisante ou d’une méconnaissance du système de santé par les femmes concernées. » La part d’IVG tardives varie de 0,5% (Lozère ou Bas-Rhin) à 8,5% (Gironde), et est plus élevée dans la région des Pays de la Loire.

Pour la première fois, les données sur les IVG ont été appariées avec des données fiscales pour l’année 2016. Les résultats montrent une corrélation nette entre niveau de vie et IVG : les femmes les plus précaires y recourent sensiblement plus que les plus aisées. Il s'avère que les 10 % des femmes ayant les niveaux de vie les plus élevés ont un taux de recours à l’IVG (pour 1000 femmes) inférieur de 11 points à celui des 10% des femmes ayant les niveaux de vie les plus faibles. A noter que depuis le 31 mars 2013, l’IVG est prise en charge à 100% par l’Assurance maladie et que depuis juin 2016 les sages-femmes libérales peuvent pratiquer des IVG médicamenteuses dans leurs cabinets.

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