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Infections à cytomégalovirus : l’Académie de médecine recommande un dépistage systématique

Publié le par Véronique Bertrand

La défaillance auditive à la naissance est due, chez un tiers des nouveau-nés, à une infection materno-fœtale à cytomégalovirus (CMV). D’où l’importance de proposer un dépistage systématique de cette infection aux femmes enceintes.

Un enfant sur 1 000 naît sourd, sans avoir, la plupart du temps, d’antécédent familial. Cette surdité est, en général, due à une défaillance de l’organe périphérique cochléaire. Dans un tiers des cas, la surdité est due à une cause extrinsèque, en particulier les infections materno-fœtales à CMV.

L’infection à CMV est grave

Parmi les surdités congénitales d’origines virales ou bactériennes, celle à cytomégalovirus concerne 0,4 % des naissances en France. Et elle est, de par sa gravité, la première cause de retard mental. Et, au niveau de l’oreille, elle est responsable d’une surdité sur 2 000 naissances.
Lorsque l’infection est maternelle, une fois sur deux c’est une primo-infection avec une séroconversion au cours des 3 mois précédant ou suivant la conception. Bon à savoir : l’immunisation préalable de la mère ne confère pas de protection efficace.

Où rencontrer l’infection à cytomégalovirus ?

Le CMV se rencontre dans les crèches où 80 % des enfants excrètent le virus. La candidate à une primo-infection ou à une réinsertion est principalement une femme de moins de 35 ans,séronégative lors de sapremière grossesse survenue au cours des trois années précédentes, et enceinte pour la deuxième fois.

Infection à CMV : quelle prévention ?

Les actions de prévention à mettre en place sont lelavage des mains, et le non-partage des couverts lors des repas à la crèche, notamment, mais aussi dans les trois mois précédant la grossesse. Ce qui doit donc être un objectif de la médecine pré-conceptionnelle.

La transmission du CMV chute après 12 semaines de grossesse

La fréquence de la transmission materno-fœtale est de 35 % aux trois trimestres de la grossesse, mais le risque d’atteinte neuro-sensorielle chute de 40 % au premier trimestre et disparaît pratiquement après 12 semaines de gestation.
A la naissance, les nouveau-nés infectés in utero au cours du premier trimestre sont symptomatiques dans 30 % des cas, et un tiers d’entre eux développeront des séquelles potentiellement sévères, cognitives et motrices, chez 10 à 15 %. Dans 70 % des cas, ces nouveau-nés sont aysmptomatiques à l’exception d’un déficit auditif chez 15 à 30 %. Ce déficit est souvent unilatéral mais potentiellement évolutif.
La surdité peut même survenir de façon décalée par rapport à la naissance, avec un délai d’apparition de 16 à 20 mois, ou s’aggraver progressivement.

3 semaines pour détecter la responsabilité du CMV

Pour être sûr que la surdité est due au cytomégalovirus, on a trois semaines pour rechercher sa présence dans la salive, le sang et les urines. Le traitement repose sur deux antiviraux : le ganciclovir et le valaganciclovir durant six mois.

Un dépistage systématique

Lorsque l’audition n’est pas dépistée à la naissance, le diagnostic de surdité tombe tard : vers l’âge de deux ans. Si ce dépistage est mis en place sur l’ensemble du territoire, son efficience est imparfaite dans certaines régions : 15 sur 21 ont une traçabilité insatisfaisante, voire inexistante à la sortie de la maternité.
Dépister systématiquement l’infection par CMV à la naissance permettrait de connaître immédiatement le statut virologique et de prescrire rapidement un traitement adapté.
Le dépistage in utero dans le liquide amniotique à la 12e semaine permettrait de rassurer les futures mères, d’établir un pronostic des risques de séquelles et de leur gravité avant la naissance, de prescrire en fonction des données biologiques et échographiques un traitement maternel jusqu’à l’accouchement.

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