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Grossesse : avoir plusieurs enfants ferait prendre un « coup de vieux » biologique

Publié le par Alexandra Bresson

Selon une récente étude, le nombre de fois qu'une femme accouche dans sa vie peut affecter la rapidité avec laquelle elle vieillit. Cette accélération biologique de l'âge serait liée au travail fourni par l'organisme pendant la grossesse et l'allaitement.
 

Plusieurs facteurs sont connus pour accélérer le vieillissement biologique d'une personne, comme le tabagisme, l'obésité et le stress psychosocial. Mais chez la femme, la reproduction serait aussi l'un de ces facteurs comme l'affirme une étude de chercheurs de l'université de Penn State en Pennsylvanie (Etats-Unis). Leur étude publiée dans la revue Scientifics Reports affirme en effet qu'avoir des enfants ne donne pas seulement l'impression de vieillir du jour au lendemain, car le nombre de fois qu'une femme accouche peut affecter le processus de vieillissement physique du corps. Et ce pour une simple raison : la grossesse est un processus énergétiquement coûteux pour l'organisme.

Pour en venir à cette conclusion, les chercheurs ont examiné plusieurs mesures différentes pour « estimer » le vieillissement du corps et ont découvert dans un premier temps que cet effet ne s'applique qu'au moment de la ménopause. « Nos résultats suggèrent que la grossesse et l'accouchement peuvent contribuer au changement et à la dérégulation de plusieurs systèmes physiologiques différents qui peuvent affecter le vieillissement une fois que la femme est ménopausée. », explique le Pr Talia Shirazi qui a mené l'étude. Ces changements dans le corps à la suite de ces deux étapes seraient d'ordres métaboliques mais aussi immunologiques et endocrinologiques.

Des « coûts de reproduction » pour l'organisme

D’après les chercheurs, en nécessitant une très grande quantité d'énergie, la grossesse et l'allaitement peuvent affecter plusieurs de ces systèmes dont, plus concrètement, la fonction immunitaire, le métabolisme et la tension artérielle. Ces derniers étaient par ailleurs curieux de savoir comment le corps équilibre ces « coûts de reproduction » et si cela affecte son vieillissement biologique. « Cela a du sens d'un point de vue qui concerne la biologie évolutive, car si vous dépensez de l'énergie pendant la grossesse et l'allaitement, l'organisme n'a probablement pas autant d'énergie à consacrer à d'autres choses comme l'entretien physiologique et la défense », souligne l'équipe scientifique.

L'étude se base sur les données de 4418 femmes ayant participé à enquête des Centers for Disease Control and Prevention qui comprenait des informations sur leur santé génésique, soit se rapportant à la reproduction. Les chercheurs ont mesuré le vieillissement biologique sur la base de neuf biomarqueurs conçus pour évaluer la santé métabolique, la fonction rénale et hépatique, l'anémie et les troubles des globules rouges, ainsi que la fonction immunitaire et l'inflammation. « Nous voulions examiner des mesures qui permettraient de saisir l'âge et le fonctionnement des principaux systèmes organiques du corps, au lieu de regarder le vieillissement au niveau cellulaire. », indiquent-ils.

Un lien direct avec les hormones ?

Ils ont alors découvert que les femmes ayant déclaré beaucoup de naissances avaient des marqueurs de vieillissement biologique plus importants que celles ayant déclaré trois ou quatre naissances au plus. Mais pourquoi après la ménopause ? L'explication serait la présence, ou l'absence, d'hormones de la reproduction. Selon le Pr Shirazi, « des recherches ont montré que les hormones ovariennes sont protectrices contre certains processus cellulaires qui pourraient accélérer le vieillissement. Il est possible que chez les femmes préménopausées l'effet des hormones 'tamponne' l'effet négatif potentiel de la grossesse sur l'accélération biologique de l'âge. Lorsque ces hormones disparaissent les effets se manifestent. »

Reste que des études supplémentaires sont nécessaires pour mieux déterminer les processus impliqués dans ce lien entre le vieillissement biologique et le fait d'avoir des enfants, ainsi que la façon dont ces processus fonctionnent au fil du temps. « Cette transition vers la ménopause et la santé reproductive féminine en général est très peu étudiée et pas aussi bien comprise qu'elle devrait l'être actuellement. Donc si nous pouvons voir qu'il y a des changements en ce qui concerne le vieillissement en fonction de la reproduction et de la ménopause mais que nous ne sommes pas en mesure de trouver une explication claire, c'est qu'il s'agit d'un signe pour enquêter davantage. », concluent les chercheurs.

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