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Grippe : pourquoi la couverture vaccinale est aussi faible chez les femmes enceintes

Publié le par Alexandra Bresson

Des travaux menés par des chercheuses de l'Inserm soulignent que la couverture vaccinale contre la grippe saisonnière reste particulièrement faible chez les femmes enceintes en France. Malgré les risques de complications sévères, les futures mères ne reçoivent pas souvent de proposition de vaccination au cours de leur suivi et refusent souvent cette vaccination.

La vaccination antigrippale n'est pas seulement à destination des seniors ou des personnes souffrant d’une maladie chronique. En effet, la grippe peut aussi entraîner des complications graves chez les femmes enceintes : risques respiratoires et/ou cardiaques, voire augmentation du risque de fausse couche. Pour l’enfant, le risque de naissance prématurée est augmenté. C’est pourquoi le Haut Conseil de la santé publique recommande, depuis 2012, la vaccination contre la grippe pour les femmes enceintes, et ce quel que soit le stade de leur grossesse. « De plus, une femme enceinte qui se vaccine contre la grippe protège aussi son enfant à naître », précise l'Assurance maladie sur le sujet.

 

Toutefois, en France, la couverture vaccinale auprès de cette population reste faible. Dans leur étude, des chercheuses de l'Inserm estiment qu’elle était de 7,4 % pendant la saison 2015-2016. Pour parvenir à ce résultat, l’équipe s’est appuyée sur l’enquête nationale périnatale, une grande étude menée par l’Inserm périodiquement en France depuis 1995 dans le but d’évaluer l’état de santé des mères et de leurs nouveau-nés, et les pratiques médicales pendant la grossesse. Parmi ses objectifs, le fait d'apporter des informations pour guider les décisions en santé publique et évaluer les actions de santé dans le domaine périnatal (mesures publiques, recommandations professionnelles).

Le médecin de référence, un facteur primordial

Près de 12 000 femmes ayant donné naissance en mars 2016 ont accepté de participer à cette étude. « Le fait qu’elles aient accouché en mars était intéressant pour notre étude, car cela signifie qu’elles étaient enceintes pendant toute la période de vaccination et au moment de l’épidémie de grippe, et donc qu’elles étaient complètement concernées par les mesures de vaccination », souligne Béatrice Blondel, coauteur de cette étude publiée dans la revue « Human Vaccines and Immunotherapeutics ». Ces femmes ont été interrogées afin de savoir si elles avaient été vaccinées contre la maladie pendant leur grossesse, mais aussi par quel professionnel de santé le suivi prénatal avait été réalisé.

 

Au-delà des estimations de la couverture vaccinale, les chercheurs ont analysé les facteurs favorisant la vaccination, ainsi que les raisons pour lesquelles une grande majorité de femmes n’y avaient pas eu recours. C'est en analysant les caractéristiques sociodémographiques des participantes que les chercheurs ont constaté que les femmes enceintes qui sont le plus susceptibles de se faire vacciner sont plutôt âgées de 30 à 34 ans, ont un niveau de diplôme plus élevé, et travaillent plus souvent dans le secteur de la santé. Par ailleurs, les femmes dont le médecin principal pendant la grossesse était un généraliste ont aussi un taux de couverture vaccinale plus important.

Méconnaissance et suspicion envers la vaccination

« Le problème en France est que les principaux professionnels chargés du suivi prénatal ne se sont pas emparés de cette question et n’ont pas intégré systématiquement la vaccination dans la surveillance prénatale », précise Béatrice Blondel. L’étude suggère donc qu’un travail de sensibilisation mené à la fois auprès des femmes et des soignants est nécessaire. En effet, seul un quart des mères interrogées disent avoir reçu une proposition de vaccination au cours de leur suivi prénatal. Mais reste que parmi elles, 70 % ont refusé ce vaccin. Des campagnes rappelant que les femmes enceintes font partie des populations à risque et incitant les soignants à le proposer auraient donc un impact positif.

 

Dans ce contexte, le rôle des associations professionnelles dans cette sensibilisation pourrait être déterminant, les soignants impliqués dans le suivi prénatal étant nombreux et dispersés. « Il faut s’adresser aux femmes pour les informer sur les bénéfices avérés de la vaccination. En France, les réticences vis-à-vis des vaccinations sont particulièrement fortes dans la population générale, de plus le principe de précaution vis-à-vis des médicaments est très fortement ancré dans le comportement des femmes enceintes. Le cumul de ces deux attitudes contribue à expliquer la faible couverture vaccinale. », conclut Béatrice Blondel. A noter que la campagne de vaccination de cette année se déroule jusqu'au 31 janvier.

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