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Découvrez l’apport de l’étude de “miniplacentas” pour la recherche sur certaines pathologies de la grossesse

Publié le par Hélène Bour

Des chercheurs rapportent avoir cultivé des miniplacentas en laboratoire, afin de faire la lumière sur plusieurs pathologies de la grossesse liées au placenta. Explications et détails.

 

Le succès d’une grossesse dépend de nombreux facteurs, parmi lesquels le bon développement et le bon fonctionnement du placenta, cet organe clé dans l’échange d’oxygène et de nutriments entre la mère et le fœtus.

Dans une nouvelle étude (Source 1), des chercheurs rapportent avoir mis au point des “miniplacentas” en laboratoire, qu’ils ont utilisé pour faire la lumière sur la façon dont le placenta se développe et interagit avec l’utérus, découvertes qui pourraient aider à mieux comprendre (et potentiellement traiter) diverses pathologies découlant du placenta, notamment la prééclampsie.

Il arrive ainsi qu’en début de grossesse, les interactions entre cellules de la muqueuse utérine (endomètre) et cellules du placenta, essentielles pour le bon développement fœtal, ne fonctionnent pas correctement. De quoi entraîner des complications telles que la prééclampsie, grave maladie de la grossesse se caractérisant entre autres par une hypertension.

Une “boîte noire” dont on sait encore peu de choses

« La plupart des troubles majeurs de la grossesse - prééclampsie, mortinatalité, retard de croissance, par exemple - dépendent de défaillances dans la manière dont le placenta se développe au cours des premières semaines [de grossesse]. Il s’agit d’un processus incroyablement difficile à étudier : la période qui suit l’implantation, lorsque le placenta s’enfonce dans l’endomètre, est souvent décrite comme une ‘boîte noire du développement humain’ », a déclaré le Pr Ashley Moffett, coauteure de l’étude, dans un communiqué (Source 2).

Ainsi l’utilisation de miniplacentas en laboratoire suscite intérêt et espoirs, car jusqu’ici les modèles embryonnaires étaient limités, notamment du fait de freins réglementaires et éthiques.

Connus sous le nom barbare d’organoïdes trophoblastiques, ces miniplacentas sont cultivés à partir de cellules placentaires (donc bien différentes de l’embryon). Ils modélisent si étroitement les premiers stades du placenta qu’ils ont déjà permis l’obtention d’un test de grossesse positif, relatent les chercheurs.

Une invasion nécessaire

Les scientifiques rapportent avoir observé certains mécanismes conduisant à la bonne implantation du placenta dans l’utérus, notamment au niveau immunitaire. Des cellules de l’utérus de la mère vont ainsi assurer les interactions entre endomètre (muqueuse utérine) et cellules placentaires, permettant à ces dernières « d’envahir » l’utérus.

« Si les cellules ne parviennent pas à envahir correctement [l’utérus], les artères de l’utérus ne s’ouvrent pas et le placenta, et donc [in fine] le bébé, est privé de nutriments et d’oxygène. C’est pourquoi vous avez des problèmes plus tard au cours de la grossesse, lorsqu’il n’y a tout simplement pas assez de sang pour nourrir le bébé, et soit il meurt, soit il est très petit », a détaillé le Pr Moffett.

« Bien qu’elle touche des millions de femmes chaque année dans le monde, nous comprenons encore très peu de choses sur la prééclampsie », a déploré le Dr Margherita Turco, qui a codirigé l’étude. Si la pathologie ne survient qu’en fin de grossesse, il faut regarder ce qu’il se passe au cours des premières semaines de grossesse, a indiqué la chercheuse. La recherche fondamentale sur des miniplacentas pourrait donc, à terme, permettre d’en finir avec la prééclampsie, et « faire une différence majeure pour la santé des mères et de leurs bébés », espère le Dr Turco en conclusion.