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Contraception masculine : une piste vers une pilule efficace

Publié le par Alexandra Bresson

Bloquer l'interaction entre deux protéines au moment de la formation des spermatozoïdes pourrait permettre la mise au point d’une contraception masculine.

Certains travaux de recherche peuvent réserver des découvertes inattendues, et des chercheurs du Centre de recherche en cancérologie de Marseille en ont récemment fait l'expérience. En travaillant sur des processus cellulaires impliqués dans les leucémies, ils ont découvert une piste pour un contraceptif masculin. Leur étude consistait à comprendre si un défaut d'expression ou de régulation de certaines protéines présentes à la surface des cellules explique l'évolution de cellules-souches du sang vers une forme cancéreuse. Or, après avoir développé un modèle de souris qui n'exprime pas le gène qui code une protéine appelée JAM-C, ils ont observé que tous les mâles étaient stériles.

Une découverte que les chercheurs ont voulu comprendre. Après avoir trouvé les mécanismes biologiques incriminés, ils ont travaillé avec une autre équipe de chercheurs pour mettre au point un modèle de traitement visant à empêcher transitoirement la fertilité, des travaux qui ouvrent la voie au développement de candidats médicaments. Pour évoluer en spermatozoïdes matures, les cellules germinales masculines doivent suivre plusieurs étapes de division cellulaire, jusqu'à aboutir à cet aspect en têtard si caractéristique. La protéine JAM-C, à la fois présente à l’intérieur des cellules et à leur surface, semble indispensable au déroulement normal de cette étape, et donc à celui de la spermatogenèse.

Une interaction protéique clé, qu'il suffirait de bloquer

« Pour comprendre en quoi ces deux localisations de la protéine sont indispensables, nous avons recherché les composants cellulaires interagissant avec JAM-C, et responsables de sa localisation dans les cellules germinales masculines. Nous avons ainsi identifié la protéine GRASP55. En inhibant l’expression du gène GRASP55, nous avons de nouveau observé que les mâles étaient stériles », explique dans un communiqué le chercheur Michel Aurrand-Lions. Les chercheurs ont ensuite caractérisé la structure de l'interaction entre la protéine JAM-C et la protéine GRASP55, et ont recherché par informatique parmi plusieurs millions de composés celui qui pourrait s'y intercaler.

C'est ainsi que trois molécules ont été identifiées, et des études conduites chez la souris à partir de la première d'entre elles ont permis d'observer le blocage transitoire de la spermatogenèse. « Des molécules plus stables doivent maintenant être développées à partir de ce motif de base », ajoute Michel Aurrand-Lions. Mais cet objectif sera mené par une autre équipe scientifique, car de leur côté, les chercheurs souhaitent poursuivre leurs recherches sur les cellules du sang. « L'inhibition de l'interaction entre JAM-C et GRASP55 pourrait également intervenir dans l’évolution des cellules-souches en certaines cellules leucémiques. Nous devons aujourd'hui explorer cette voie », conclut-il.

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