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Arrêter de fumer pendant le premier trimestre de la grossesse met toujours le bébé en danger

Publié le par Alexandra Bresson

Des chercheurs rappellent, preuve à l'appui, qu'il est préférable d’arrêter complètement de fumer pendant la grossesse car même un petit nombre de cigarettes est mauvais pour la santé du bébé. Le risque concerne particulièrement son développement, qui peut être retardé. C’est ce qu’on appelle un retard de croissance intra-utérin : petit poids de naissance, petite taille, petit périmètre crânien...

Une femme enceinte peut-elle se permettre de fumer quelques cigarettes par jour ? On peut penser qu’il vaut mieux qu’une femme s’autorise à fumer quelques cigarettes par jour, plutôt que d’être stressée par l’arrêt du tabac. Mais c’est une erreur, affirment des chercheurs de l'université de la Finlande orientale dans une étude. Publiée dans la revue BMJ Open, celle-ci démontre que les quelques cigarettes « autorisées » pendant le premier trimestre de grossesse sont tout aussi nocives pour la croissance du fœtus. Il est en effet établi que le tabagisme chez la femme enceinte augmente le risque de survenue de retard de croissance intra-utérin, de prématurité et de mort subite du nourrisson.

« Bien que cesser de fumer pendant le 1er trimestre de la grossesse permet de réduire le risque d'insuffisance pondérale à la naissance, cela ne suffit pas pour protéger l'enfant de naître prématuré et avec une taille de cerveau plus petite. », expliquent les scientifiques, qui ont examiné 1,4 million de paires mère-enfant en Finlande. Et ce afin d'analyser les effets du tabagisme maternel sur la taille et les proportions corporelles des nouveau-nés lorsque la mère n'avait fumé que pendant le 1er trimestre, par opposition à la poursuite du tabagisme. Tout en rappelant que le tabagisme pendant la grossesse augmente le risque d'effets indésirables pendant la période néonatale, mais aussi beaucoup plus tard.

Une taille et un tour de tête plus petits

La fumée de tabac contient des milliers de produits chimiques qui peuvent traverser le placenta. Parmi eux, la nicotine présente une multitude d'effets indésirables sur le développement des organes, dont le cerveau. D'autres produits chimiques toxiques bien connus issus de la fumée de tabac comprennent le monoxyde de carbone, qui peut interférer avec l'approvisionnement en oxygène de l'enfant à naître. Les chercheurs ont constaté en premier lieu que le tabagisme pendant la grossesse est courant car dans cette étude, 84,5% des femmes étaient des non-fumeuses, 3,5% ont arrêté de fumer pendant le 1er trimestre, mais 12% d'entre elles continuaient de fumer après le 1er trimestre.

Or, les résultats de leurs analyses ont montré que cette mauvaise habitude est associée à une modification des proportions corporelles chez le nourrisson. Surtout, les effets liés au fait d'avoir arrêté de fumer pendant le 1er trimestre ou d'avoir continué de fumer après le 1er trimestre étaient similaires. Ce qui souligne, selon les chercheurs, l'importance du début de la grossesse comme fenêtre d'exposition très sensible. Parmi les nouveau-nés exposés au tabagisme maternel uniquement au cours du 1er trimestre, les trois mesures de la taille corporelle (poids à la naissance, longueur corporelle et circonférence de la tête) ont montré des signes de ralentissement de croissance.

Un pictogramme « femmes enceintes » sur les paquets de cigarettes en France

L'étude met également en avant un potentiel limité de réparation des dommages fœtaux induits en début de grossesse par le tabac, qui peut avoir un effet sur la prolifération cellulaire pendant l'organogenèse (les tissus et organes se développent). « Le résultat le plus important de notre étude est que, bien que cesser de fumer au premier trimestre réduit le risque de faible poids à la naissance, la taille du cerveau et la longueur du corps par rapport au poids corporel ne semblent pas se « rattraper ». Cela souligne l'importance d'arrêter de fumer avant la grossesse, car même fumer uniquement à ses débuts peut avoir des effets sur la santé à long terme de l'enfant à naître. », conclut l'équipe scientifique.

En France, le phénomène du tabagisme chez les femmes enceintes est mal quantifié, mais les dernières données du ministère de la Santé sur le sujet indiquent que 17,8% des femmes enceintes fument toujours au troisième trimestre de leur grossesse : il s’agit du taux le plus élevé d’Europe. C'est pourquoi le ministère a souhaité imposer en 2015 un pictogramme préconisant la non-consommation de tabac pour les femmes enceintes sur tous les paquets de cigarettes, à l’instar de ce qui existe depuis 2007 sur les boissons alcooliques. Mais la meilleure prévention du tabagisme pendant la grossesse est celle qui vise à éviter que les femmes n'entrent dans le tabagisme.

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