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Après une fausse couche, les femmes et leurs partenaires peuvent souffrir de stress post-traumatique

Publié le par Alexandra Bresson

Un partenaire sur 12 subit un stress post-traumatique après une fausse couche, suggère une nouvelle étude. Les chercheurs insistent sur l'importance d'apporter un soutien psychologique aux femmes concernées mais aussi à leurs partenaires même si ces derniers ne présentent pas exactement les mêmes symptômes.

Une fausse couche est un événement traumatisant qui affecte chaque femme différemment, mais peut entraîner du chagrin, de l'anxiété, de la dépression, et même des symptômes de syndrome de stress post-traumatique (SSPT). Selon la Fédération internationale de gynécologie et d'obstétrique (FIGO), plusieurs études ont attiré l'attention sur la nature traumatisante d'une grossesse perdue : les femmes peuvent présenter des symptômes de SSPT dans les trois mois suivant une fausse couche ou une grossesse extra-utérine. Les symptômes le plus souvent rapportés par les participantes à ces études comprenaient des cauchemars, des flashbacks, et la ré-expérience des sentiments associés à la perte.

Des chercheurs de l'Imperial College de Londres se sont cette fois interrogés sur le risque de stress post-traumatique pour les partenaires dont les femmes avaient subi une fausse couche à un stade précoce (fausse couche ou grossesse extra-utérine avant 12 semaines), et ont pour cela interrogé plus de 100 couples dans cette situation. Leur étude publiée dans la revue Ultrasound in Obstetrics and Gynecology et qui est présentée comme la première à étudier le stress post-traumatique chez les partenaires après une fausse couche, fait suite à une précédente étude de la même équipe qui avait révélé qu'environ une femme sur cinq souffrait de SSPT à long terme après une perte de grossesse précoce.

« Les partenaires sont souvent ignorés lors d'une fausse couche »

Cette nouvelle étude révèle qu'un mois après la fausse couche, un partenaire sur 14 (7%) remplissait les critères de stress post-traumatique, passant à un sur 12 (8% à trois mois, puis à un partenaire sur 25 neuf mois après la fausse couche. Une découverte importante, estiment les scientifiques, car elle montre bien l'importance d'un meilleur soutien psychologique pour la femme mais également pour son partenaire après cet événement. « Notre recherche précédente a suggéré que les femmes peuvent être profondément traumatisées après une perte de grossesse, et cette étude suggère que les partenaires subissent également un stress post-traumatique. », explique le Pr Tom Bourne, auteur principal de l'étude.

Celui-ci ajoute : « les partenaires sont souvent ignorés lorsqu'une femme subit une fausse couche. Pourtant, cette recherche suggère que, bien qu'ils ne souffrent pas de SSPT aussi souvent que les femmes, ils pourraient être plusieurs milliers à vivre avec un stress post-traumatique, qui est une maladie très grave qui nécessite un traitement. » Selon les statistiques données par l'équipe scientifique, une grossesse sur quatre se termine par une fausse couche, le plus souvent avant ou vers 12 semaines. Notamment en cas de grossesse extra-utérine, qui entraîne toujours une fausse couche car l'embryon se développe dans une zone en dehors de l'utérus et se retrouve incapable de grandir.

La plupart des partenaires se sentent impuissants et terrifiés

Tous les couples participant à l'étude ont été invités à remplir des questionnaires sur leurs émotions et leur comportement un mois après une fausse couche, puis à nouveau trois et neuf mois plus tard. Au total, 102 partenaires ont répondu à cette enquête un mois après la perte de grossesse, tombant à 70 neuf mois plus tard. Les réponses des femmes étaient similaires à celles rapportées dans la précédente étude menée par ces mêmes chercheurs, et révélaient qu'un mois après leur fausse couche, un tiers des femmes (34%) souffraient de stress post-traumatique, et c'était toujours le cas pour une sur quatre (26%) trois mois après l'évènement, et pour une sur cinq (21%) neuf mois après.

Les femmes et leurs partenaires qui répondaient aux critères de stress post-traumatique ont déclaré avoir régulièrement ressenti une ré-expérience des sentiments associés à leur perte mais aussi souffrir de pensées intrusives ou indésirables à ce sujet. Certains couples ont également déclaré souffrir de cauchemars ou de flashbacks, tandis que d'autres évitaient tout ce qui pouvait leur rappeler cette perte, comme des amies ou des proches enceintes. L'équipe scientifique ajoute que, bien que moins de partenaires remplissent les critères du SSPT que les femmes, ils étaient nombreux à présenter leurs propres symptômes, même s'ils ne répondaient pas à tous les critères de la maladie.

Par exemple, un mois, trois mois et neuf mois après l'évènement, 80% de tous les partenaires ont déclaré se sentir impuissants et environ un tiers d'entre eux ont déclaré se sentir terrifiés. « Cette recherche suggère qu'un soutien psychologique devrait être offert à la fois à la femme et à son partenaire, les couples ayant la possibilité de suivre une thérapie ensemble. La perte d'un bébé peut avoir un impact durable sur les deux parents, et l'étude souligne les conséquences que cela peut avoir sur leur santé mentale. Les partenaires sont vulnérables aux mêmes problèmes psychologiques que les mères et un soutien doit être mis à la disposition de l'un ou des deux parents endeuillés. », concluent les chercheurs.

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