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Alcool et grossesse : des signes de syndrome d'alcoolisation fœtale peuvent être détectés in utero

Publié le par Alexandra Bresson

Des chercheurs ont démontré qu'il était possible de détecter in utero et de manière précise les effets de la consommation d'alcool en début de grossesse sur le cerveau de l'enfant à naître grâce à un IRM. Une avancée qui permet de le prendre en charge le plus précocement possible pour ainsi réduire le risque d'effets indésirables à long terme liés au syndrome d'alcoolisation fœtale.

Boire de l'alcool pendant la grossesse est toxique pour le fœtus et peut entraîner diverses complications (retard de croissance, atteintes du système nerveux central, malformations…), dont le syndrome d'alcoolisation fœtale (SAF) est la forme la plus grave. En effet, l'alcool perturbe le développement des organes de l'enfant en limitant la circulation sanguine dans le placenta. Le SAF se manifeste notamment par un retard de croissance, des anomalies faciales, des malformations et des atteintes cérébrales et concerne près d’une naissance pour 1 000, selon le site Alcool Info Services qui estime qu'il s'agit de la première cause de handicap mental non génétique à la naissance.

Le syndrome d’alcoolisation fœtale peut être diagnostiqué pendant la grossesse lorsque celui-ci induit des déformations du crâne et du visage observables par échographie. Mais de nombreux enfants qui en sont victimes ne seront repérés que vers l’âge de 5-6 ans, lorsqu’ils montrent des troubles de l’apprentissage et du comportement (hyperactivité, retards dans l’acquisition du langage, impulsivité...). Des chercheurs de l'Oregon Health & Science University (Etats-Unis) affirment qu'il serait possible, chez le singe pour l'instant, de détecter les signes du syndrome d'alcoolisation fœtale très tôt, avant la naissance de l'enfant, grâce à de l'imagerie par résonance magnétique.

« Plus la détection est précoce, mieux c'est »,

En effet, cette technique a permis de montrer des altérations de la croissance cérébrale au cours du troisième trimestre de la grossesse, même si le fœtus n'a été exposé à l'alcool qu'au cours du premier trimestre. Ces travaux, publiés dans la revue scientifique PNAS, suggèrent donc l'avantage potentiel de l'utilisation de l'imagerie in utero pour détecter de manière précoce les signes de SAF avant la naissance. Mais pas seulement : ils mettent aussi en évidence le danger de la consommation d'alcool au début d'une grossesse, avant même qu'une femme ne se rende compte qu'elle est enceinte. « Plus la détection est précoce, mieux c'est.», explique l’auteur principal de l'étude, le Dr Chris Kroenke.

Celui-ci ajoute : « pouvoir prévoir les risques de déficiences spécifiques chez le bébé liés à la consommation d'alcool de la mère durant la grossesse permet de commencer la thérapie peu après la naissance du bébé, lorsque le cerveau a la plus grande plasticité.» Une avancée possible grâce aux progrès récents dans la qualité et la résolution des méthodes d'imagerie par résonance magnétique utilisées pour examiner le cerveau du fœtus in utero, estiment les scientifiques. Le but de leur étude était d'évaluer la sensibilité de ce diagnostic clinique pour détecter l'impact de la consommation excessive d'alcool (4 à 6 verres) au début de la grossesse sur un total de 28 macaques rhésus enceintes.

Un diagnostic possible dès le début du 3eme trimestre de grossesse

Les chercheurs ont mesuré le développement du cerveau de leur fœtus par IRM à trois stades de la grossesse. Dans cette expérience qui ne serait pas réalisable chez l'homme, la moitié des macaques consommaient quotidiennement l'équivalent de six boissons alcoolisées par jour tandis que les autres, membres d'un groupe témoin, ne consommaient pas d'alcool. L'expérience a révélé une différence dans le premier groupe par rapport au développement du cerveau du fœtus à partir du 135e jour d'une grossesse qui dure en moyenne 168 jours, soit au début du troisième trimestre. Les chercheurs ont ensuite effectué des enregistrements électrophysiologiques du cerveau de ces fœtus après les IRM.

Les résultats ont montré que ces différences de développement du cerveau étaient situées dans les régions cérébrales liées à la motricité. Les chercheurs soulignent que ces résultats ont leur importance puisque ces images générées permettent non seulement de valider l'utilité potentielle de l'IRM en tant qu'outil de diagnostic précoce du syndrome d'alcoolisme fœtal chez l'enfant à naître, mais aussi de servir de point de comparaison pour les autres scientifiques qui travaillent dans ce même domaine grâce à leur qualité suffisamment élevée. Ils ont même eu l'idée de les utiliser pour confectionner un « atlas » du cerveau représentatif du SAF, mis à disposition de la communauté scientifique

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