Il est bien difficile de trouver le bon équilibre dans l’éducation des enfants. Entre l’envie de les rendre autonomes, et celle de les protéger, les parents peuvent hésiter en termes de méthode d’éducation. Et pour cause, ils ne souhaitent pas rendre leurs enfants incapables de se débrouiller et un peu trop gâtés. Psychologue spécialisé dans le développement de l’enfant, Thomas Lickona s’est penché sur la question pour Psychology Today. Il s’est appuyé sur une étude datant de 1975, à travers laquelle les anthropologues Beatrice et John Whiting avaient observé les enfants issus de six cultures différentes. Résultat : les enfants élevés aux Etats-Unis étaient les plus gâtés et ceux qui manquaient le plus d’altruisme. La raison ? Ils n’avaient pas assez été familiarisés aux responsabilités des membres d’un foyer. “Plus les enfants avaient des responsabilités qui contribuaient à l’entretien de la famille – comme s’occuper des enfants plus jeunes, prendre soin des animaux, aider à cultiver et récolter de la nourriture, aider aux repas, etc. – plus ils étaient susceptibles d’agir de manière altruiste.”, note le spécialiste. Afin que les parents puissent booster aisément l’altruisme de leurs enfants, le spécialiste a identifié plusieurs techniques qui peuvent être mises en place dès le plus jeune âge.
1. Formez vos enfants le plus tôt possible aux responsabilités de la maison. Vous pouvez les familiariser à des tâches simples et en petit nombre. Après leur avoir énoncé ces tâches, vous pouvez leur expliquer comment elles doivent être réalisées et pourquoi. Si cela a du sens pour lui, l’enfant appliquera plus facilement ces règles. Au fil du temps, vous pouvez ajouter de nouvelles tâches plus complexes à celles qu’il maîtrise déjà. Le psychologue cite l’exemple d’une mère qui est parvenu à instaurer ce système avec ses trois enfants. Elle a pensé à un échelonnement des tâches selon les âges : “Nos garçons ont maintenant 2, 4 et 6 ans. À l’heure actuelle, le système dans notre maison est que vous effectuez une tâche pour chaque année de votre âge. Notre enfant de 2 ans appuie sur le bouton pour démarrer le lave-vaisselle et met les oreillers en place lorsque nous faisons les lits. Quand il aura 3 ans, il aidera à mettre la table”. Cette maman n’oublie pas de valoriser leur implication au sein de la famille : “Je leur dis combien j’apprécie leur aide. Ils sont très fiers de ce qu’ils font."
Laisser l’enfant entreprendre
2. Ne payez pas les enfants pour faire les corvées. Selon le psychologue, donner de l’argent à un enfant pour avoir accompli des tâches et aidé ses parents ou ses frères et sœurs ne donne pas le bon message. En effet, cela le priverait de voir dans le soulagement apporté à son entourage une récompense suffisante. Cela ne vous empêche pas de verser de l’argent de poche à votre enfant. Mais dans ce cas, le psychologue préconise de le dissocier des corvées. L’argent de poche peut être lui aussi riche d’enseignement surtout dans sa gestion. Économiser une partie, dépenser l’autre partie ou penser à la donner à une association sont des sujets qui peuvent être abordés lors de la distribution de l’argent de poche.
3. Laissez les enfants exprimer leur opinion concernant l’organisation des tâches. Si votre enfant se plaint régulièrement d’une tâche, cela peut être parce qu’elle est trop difficile ou au contraire trop facile pour lui. Le repositionner sur une tâche en adéquation avec ses capacités peut lui permettre de participer aux corvées sans plainte. De même, si des tâches ne sont pas quotidiennes, vous pouvez leur laisser le choix de les positionner dans le planning de la semaineafin qu’ils se préparent eux-mêmes à les faire un jour qu’ils ont choisi.
La meilleure récompense ? La reconnaissance !
4. Veiller à une répartition équitable des charges et à son respect. La répartition des tâches est obligatoire et chacun doit la respecter. Et cela, le psychologue préconise de l’appliquer comme une règle et non une proposition. Il est utile de rappeler que l’accomplissement des tâches ne prendra que peu de temps si tout le monde s’y met et si aucun enfant ne déroge à la règle.
5. Encouragez la spontanéité des petits actes au quotidien. Le psychologue conseille de motiver les enfants à participer d’eux-mêmes à une activité pour le foyer. “De tels actes nous donneront de nombreuses occasions de les remercier de leur aide et de se considérer comme une personne utile.” Ces petites choses du quotidien peuvent être : allumer ou éteindre les lumières, jouer avec un frère ou une sœur plus jeune, apporter ou aider à ranger les courses, aider à débarrasser la table même si vous avez déjà débarrassé vos affaires, aider à charger ou vider le lave-vaisselle, aider quelqu’un à faire un lit, liste le psychologue.
6. Si la responsabilité du foyer est partagée par chacun, le foyer est heureux. C’est ainsi que le psychologue encourage les parents à responsabiliser leurs enfants car le partage des tâches crée un équilibre mais aussi augmente la récurrence des remerciements entre les membres du foyer. Cela permet de générer une atmosphère équilibrée. Veiller à l’équilibre dans ce foyer ne relève pas seulement des tâches ménagères mais aussi du comportement bienveillant à l’égard de ses membres. “Chacun traite tous les membres de la famille comme il aimerait être traité : avec respect, équité et gentillesse (et s’excuse sincèrement lorsqu’il ne le fait pas)”, propose le psychologue.
