« Pourquoi ne pas réfléchir ensemble à un congé parental plus court, mais mieux indemnisé pour laisser un vrai choix aux familles ? ». Dans une interview accordée au quotidien régional Ouest France, le 25 juillet, Aurore Bergé, qui a été nommée, le 20 juillet, ministre des Solidarités et des Familles, pense à raccourcir le congé parental – qui peut durer actuellement jusqu’à trois ans, et à mieux l’indemniser.
Une situation « doublement insatisfaisante » selon la ministre
Selon l’ex-cheffe de file du groupe Renaissance, à l’Assemblée nationale, la situation actuelle est « doublement insatisfaisante » : de trop nombreux parents renoncent à en bénéficier, car il n’est indemnisé que de 429 euros par mois et, de l’autre côté, certaines femmes « utilisent le congé parental faute d’une solution de garde, et donc elles s’éloignent du marché du travail, alors qu’elles ne le souhaitaient pas ».
« Ça ne devrait pas être un luxe de devoir s’occuper de son bébé »
Ces propos ont suscité la polémique. Avec, d’un côté, certains parents qui imaginent ce changement d’un bon œil et, de l’autre, des personnalités politiques qui le voient comme une régression.
Ainsi, Mathilde, une maman interrogée par la radio RMC et qui a accouché il y a cinq mois d’une petite Roma, est aujourd’hui en plein congé parental. Pour elle, la proposition de la ministre va dans le bon sens. « Ça ne devrait pas être un luxe de devoir s’occuper de son bébé. Donc je pense que ce serait une bonne idée », estime-t-elle. Selon elle, raccourcir la durée ne serait pas un souci : « Dans notre cas, on n’avait pas besoin des trois ans maximum », assure-t-elle.
Pour Sabrina, également maman, l’idée est aussi plutôt bonne : « Je ne me vois pas avoir un deuxième enfant si c’est pour qu’il soit gardé par une nourrice ou à la crèche. Même pour une question d’argent, je ne le ferai pas ».
« La seule solution face à ça, c’est d’augmenter le congé paternité »
En revanche, pour d’autres, et notamment quelques personnalités politiques, cette proposition serait rétrograde : « C’est à chaque fois la même chose, c’est de la casse du système social, de la casse des acquis, de la casse des droits. C’est pour le bien-être des parents et des enfants. Les moments où on accueille des enfants, ce sont des moments où les carrières des femmes se brisent, mais la seule solution face à ça, c’est d’augmenter le congé paternité, pas de réduire le congé parental », a, par exemple, réagi la députée écologiste Sandrine Rousseau, sur Twitter. Idem pour sa collègue sénatrice, Mélanie Vogel : « L’urgence sur le congé parental, c’est de le rendre égalitaire. Congé obligatoire, rémunéré, de temps égal, pour les deux parents. ».
Selon une étude de l’Observatoire français des conjonctures économiques, publiée en 2021, moins de 1 % des pères prennent un congé parental à temps plein après la naissance de leur bambin, alors qu’une réforme en vigueur depuis 2015 avait pour but de porter ce taux à 25 %. Le taux de recours des pères au congé parental n’a presque pas augmenté avec cette réforme, passant de 0,5 % à 0,8 % pour un congé à plein temps, contre près de 14 % pour les mères.
