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Trouble de la personnalité “borderline” : avoir ses règles, une période plus à risques

Publié le par Alexandra Bresson

Des chercheurs ont découvert que le cycle menstruel pouvait contribuer à l'instabilité des symptômes associés au trouble de la personnalité borderline chez les femmes, un trouble de l'humeur proche de la bipolarité. Leur étude, la plus grande jamais réalisée sur ce sujet, permet ainsi aux médecins et patients de savoir à quel moment redoubler de vigilance.

Le trouble de la personnalité borderline (TPB) est un trouble de l'humeur grave qui se caractérise par une grande instabilité des relations interpersonnelles, une instabilité émotionnelle ou encore une impulsivité marquée. Les personnes qui en souffrent voient leurs émotions, comportements, image de soi et relations avec les autres perturbés et éprouvent souvent des épisodes intenses de colère, de dépression et d'anxiété qui peuvent durer de quelques heures à quelques jours. Elles sont par ailleurs plus susceptibles de souffrir en même temps d’autres problèmes mentaux comme des troubles dépressifs, anxieux, alimentaires, une bipolarité ou une dépendance à l'alcool et aux drogues.

Si ce trouble de la personnalité est chronique, des chercheurs de l'University of Illinois affirment avoir découvert à quel moment précis ses manifestations ont tendance à s'aggraver. « Notre étude fournit la première preuve que les femmes avec un trouble de la personnalité borderline sont à risque de symptômes aggravés pendant la semaine précédant et pendant les règles », a déclaré le Pr Tory Eisenlohr-Moul, auteure principale de l'étude, avant d'ajouter : « C'est particulièrement important car les personnes atteintes courent un risque élevé de suicide, alors tout ce qui peut aider les patients et les cliniciens à prédire de façon fiable les changements de leurs symptômes est très utile. »

Certaines femmes sont sensibles aux changements hormonaux

L'équipe de scientifiques voulait en effet déterminer si le cycle menstruel pouvait contribuer à l'instabilité des symptômes associés au trouble de la personnalité borderline chez les femmes. « Bien que nous n'espérions pas que les femmes avec un TPB aient des niveaux hormonaux plus élevés ou différents au cours du cycle menstruel, comparé aux femmes sans ce trouble, nous suspectons que, comme chez les femmes souffrant d'un syndrome prémenstruel sévère, elles peuvent être simplement plus sensibles aux changements hormonaux, dont nous savons qu'ils ont un effet sur l'humeur », souligne le Pr Eisenlohr-Moul dont l'étude est publiée dans la revue Psychological Medicine.

Les chercheurs ont recruté des femmes en bonne santé avec des cycles menstruels normaux entre 18 et 45 ans et qui ne prenaient aucun médicament psychiatrique ou de contraception orale. Sur les 310 femmes choisies, 17 répondaient aux critères du trouble de la personnalité borderline, dont 15 ont terminé l'étude. Les participantes ont rempli des questionnaires au début de l'étude portant sur les symptômes de leur trouble de la personnalité borderline (anxiété, dépression...) et ceux liés à leur cycle menstruel, puis les ont également consignés pendant 35 jours. En parallèle, des tests d'urine et de salive ont été réalisés pour confirmer l'ovulation et suivre chaque phase de leur cycle menstruel.

Une aggravation de 30% au moment des règles

Les résultats ont montré que les symptômes des patientes se sont aggravés d'au moins 30% en moyenne la semaine d'avant et celle pendant les règles. « Cela équivaut à passer d'une dépression modérée à une dépression extrême sur l'échelle de notation », selon le Pr Eisenlohr-Moul. Or, pour ces personnes qui ont chaque jour du mal à gérer leur humeur et leur stress, cette aggravation peut être très significative. « Parce que ce groupe a un risque élevé de suicide, savoir que les choses s'aggravent pour eux au cours de cette période est une information sur laquelle nous pouvons travailler pour préparer les patients à un moment où nous savons que les choses pourraient empirer », ajoute-t-elle.

Selon les chercheurs, ce phénomène s'expliquerait par un « déclencheur » bien précis : les variations importantes des taux de deux hormones, l'œstrogène et la progestérone, pendant cette période. « Des niveaux stables de ces hormones peuvent améliorer l'humeur, et même avoir un effet anti-anxiété. Mais lorsqu'ils chutent significativement autour des règles, ce n'est pas surprenant que certaines femmes ayant des troubles de l'humeur éprouvent encore plus de difficultés », concluent-ils. Ces derniers souhaitent maintenant étudier de près l'impact de traitements pour stabiliser sur le long terme ces variations hormonales sur les multiples symptômes de femmes souffrant de TPB.

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