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Tâches ménagères : une répartition toujours très inégale dans le couple

Publié le par Alexandra Bresson

L'Ifop vient de publier une grande enquête pour mesurer l’ampleur des inégalités de répartition des tâches domestiques entre les deux sexes en France et en Europe. Les résultats montrent que malgré la prise de conscience suscitée par l’affaire Weinstein et l'apparition du mouvement #Metoo, les femmes sont toujours plus susceptibles d'en faire beaucoup plus que leur conjoint, et ce peu importe le pays.

Nettoyer, balayer, astiquer… En ce qui concerne les tâches ménagères, l'inégalité persiste entre les deux sexes, en France, mais aussi en Europe. Telles sont les conclusions d'un sondage Ifop réalisé pour Consolab à l’occasion de l’anniversaire de l’éclatement de l’affaire Weinstein qui avait suscité une prise de conscience du sexisme dans tous les domaines. Réalisée auprès d’un échantillon de 5 026 Européennes (Françaises, Espagnoles, Italiennes, Allemandes, Britanniques), l'enquête montre qu’en dépit d’un idéal de plus en plus égalitaire du partage des tâches domestiques, les inégalités de genre en la matière sont non seulement conséquentes mais qu’elles ne s’amenuisent que très lentement.

Les résultats indiquent en premier lieu que pour le ménage, la cuisine, le linge et les courses, 75 % des Européennes déclarent en faire « plus » que leur conjoint, contre 21 % qui disent en faire « à peu près autant » et seulement 4 % qui se prévalent d’en faire « moins » que lui. Cette différence de charge de travail aux dépens des femmes est loin d’être marginale car près d’une Européenne sur deux (49 %) signale qu’elle en fait « beaucoup plus » que son conjoint. L’analyse entre les différents pays tend par ailleurs à montrer que la proportion de femmes dans cette situation est nettement plus forte dans un pays latin, comme l’Italie, que dans des pays de culture germanique ou anglo-saxonne.

Un symptôme des inégalités qui génère de plus en plus de disputes

L’effet #Metoo, et les débats médiatiques qui ont suivi sur la prise en charge de la charge mentale au sein du couple, semble quant à lui assez faible. En effet, si la proportion de femmes en faisant « beaucoup plus » que leur conjoint a diminué en Espagne (- 7 points, à 44 %) et au Royaume-Uni (- 5 points, à 43 %) depuis 2015, elle n’a quasiment pas changé en Italie (69 %), en France (- 1 point, à 44 %) et en Allemagne (- 2 points, à 44 %). « L’enquête montre une inégalité dans la répartition des tâches ménagères entre les deux sexes qui est un symptôme de la persistance d’un privilège de genre, dont bénéficient les hommes au sein de la sphère domestique », explique François Kraus de l'Ifop.

Une situation qui n'est pas sans favoriser les tensions au sein du couple puisque près d’une Française sur deux admet qu’il lui arrive de se disputer avec son conjoint à ce sujet. Une proportion en hausse continue depuis une quinzaine d’années : 48 % rapportent des disputes à ce sujet en 2019, contre 46 % en 2009 et 42 % en 2005. Cette augmentation des conflits est loin d’être occasionnelle puisque la proportion de Françaises déclarant se disputer régulièrement à ce sujet a triplé entre 2005 (6 %) et 2019 (15 %). En outre, c’est dans les rangs des femmes de moins de 50 ans et des couples les plus récents (moins de 3 ans) que la proportion de disputes fréquentes à ce sujet est la plus élevée.

Les hommes évitent soigneusement certaines tâches

Les sondées ont aussi été interrogées sur la façon dont leur conjoint réagissait le plus souvent lorsqu'il devait réaliser des tâches ménagères, et une majorité rapporte qu'il évite ou essaye d’éviter celles impliquant de nettoyer le linge (changements de draps, tri, repassage) ou de laver la maison : seul un tiers peut se targuer d’avoir un conjoint qui n’a pas de difficultés à laver des sols et des sanitaires ou encore à faire les poussières. Sept femmes sur dix déplorent même qu'il n’effectue jamais le repassage et près d’une sur deux se plaint qu’il ne s’occupe jamais de laver les sols (45 %), faire les poussières (53 %), trier le linge (53 %) ou laver les toilettes (52 %).

Plus valorisées que le ménage stricto sensu, les tâches relatives à l’alimentation de la maison suscitent un peu moins de réticences dans la gent masculine, d'après la proportion de femmes à qui il arrive que le compagnon fasse la cuisine (73 % dont 51 % « sans rechigner »), les courses (83 % dont 55 % « sans rechigner ») ou s’occupe de la vaisselle (73 % dont 51 % « sans rechigner »). « Les femmes sont plus conscientes du fait qu’elles doivent prendre en charge leur foyer et ont une expérience plus forte en la matière. Toutefois, n’étant pas des tâches très compliquées à réaliser, il ne devrait pas y avoir d’arguments pour l’incapacité de l’homme à faire ce travail correctement », conclut François Kraus.

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