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Syndrome du bébé secoué : hausse des cas en Ile-de-France

Publié le par Stella Roca

Des neurochirurgiens pédiatriques ont noté une hausse du nombre de bébés secoués depuis le premier trimestre 2021 dans la région francilienne. Des violences qui peuvent avoir de graves conséquences. Explications.

D’après nos confrères de La Croix, les neurochirurgiens de l’hôpital Necker de Paris constateraient avec inquiétude que le nombre de bébés secoués arrivant à l’hôpital aurait doublé « entre janvier et juin 2021 », témoigne Thomas Blauwblomme, neurochirurgien.

Un traumatisme grave pour l’enfant

D’après l’Assurance Maladie, le syndrome du bébé secoué « désigne un traumatisme crânien non accidentel, entraînant des lésions du cerveau. Il survient lorsque l'on secoue violemment un bébé ou un jeune enfant ». Christèle Gras-Le Guen, cheffe du service de pédiatrie au CHU de Nantes, confie que « Le pic d’accidents se produit avec des enfants de 4 ou 6 mois qui ne tiennent pas encore leur tête. Celle-ci, qui est lourde par rapport au reste du corps, bascule alors d’avant en arrière, ce qui finit par faire céder certaines veines et par créer des lésions cérébrales irréversibles parfois ».

Thomas Blauwblomme, neurochirurgien, témoigne qu’ « à partir de décembre 2020, nous avons constaté une recrudescence des arrivées de nourrissons présentant des hématomes sous-duraux. Alors que généralement, nous en accueillons entre 18 et 25 par an, sur le premier trimestre seul, 25 ont été admis ». Cette hausse significative du nombre de bébés secoués à l’hôpital Necker, qui a fait grimper la mortalité de « 10% à 30% » selon le médecin, ne semble pas être représentative de l’ensemble du territoire français. En effet, l’hôpital Necker est l’unique centre d’urgences neurologiques de la région d’Ile-de-France, et recense donc tous les traumatismes arrivant dans cette région très peuplée.

Syndrome du bébé secoué : les conseils des pros

Alors que 200 enfants sont secoués chaque année, selon un rapport de Santé publique France, la principale cause reste la fatigue émotionnelle et physique des parents, liée à l’arrivée d’un nouveau-né. Le manque de sommeil, le stress, la fatigue, l’envie de bien faire mais surtout les pleurs du nourrisson sont souvent à l’origine de la violence. Pour éviter ces actes violents envers l’enfant, aux conséquences parfois très lourdes, Christèle Gras-Le Guen, cheffe du service Pédiatrie au CHU de Nantes, livre ses conseils : « Quand l’adulte se sent un peu dépassé, il est préférable qu’il laisse l’enfant pleurer seul, allongé sur le dos dans son lit, le temps de se calmer lui-même. »

De son côté, Thomas Blauwblomme souhaite rappeler aux parents et nourrices les précautions à prendre en cas de secouement : « Il faut venir à l’hôpital au moindre doute, car si on peut gâcher la vie d’un enfant d’un geste trop brusque, on peut aussi le sauver s’il est pris en charge à temps ». Même si certains parents n’osent parfois pas se rendre toute de suite aux urgences par peur du jugement des médecins, mais surtout des poursuites pour maltraitance, chaque situation est examinée au cas par cas, nous confie le médecin.Même si le chirurgien sait que « des bébés qui ne marchent pas ne peuvent pas se faire cela tout seul », il sait aussi que tous les parents n’avaient pas la volonté de faire du mal. C’est pour cela qu’avant de faire un signalement au procureur, il préfère réunir son équipe « en staff pluridisciplinaire pour réunir un faisceau de preuves : lésions cutanées, fractures, etc. »

Des diagnostics trop rapides ?

Mais certains médecins et scientifiques français ou étrangers, comme le professeur Bernard Echenne, neuropédiatre et diplômé de neuropathologie, affirment que de nombreuses erreurs de diagnostics sont commises aujourd’hui. Le médecin en a même fait le sujet de son livre « Le syndrome du bébé secoué » en 2020, et souhaite avant tout que « les recommandations de bonnes pratiques médicales se basent sur des connaissances solides » contre les « culpabilités supposées et non démontrées » et les « erreurs judiciaires » témoigne-t-il dans son livre.

 Alors qu’un signalement au procureur de la République pour maltraitance est automatiquement effectué en cas de syndrome du bébé secoué, les personnes incriminées sont parfois entraînées dans une spirale judiciaire dont il est très difficile de sortir. Certains avocats et associations dénoncent les trop nombreuses erreurs de diagnostics de la part des médecins, qui mettent automatiquement de côté les maladies rares et autres causes possibles. Ce diagnostic, s’il est posé de façon trop légère et rapide, peut détruire des familles, envoyer des parents devant les tribunaux ou même en prison. 

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