Bientôt ou déjà parents, on vous accompagne !

Santé auditive : le télétravail est tout aussi néfaste

Publié le par Alexandra Bresson

La perception d’une gêne causée par le bruit et les nuisances sonores sur le lieu de travail se trouve davantage impactée par le recours massif au télétravail depuis le début de la crise sanitaire. En effet, plus d’un actif sur deux en télétravail déclare être gêné par le bruit et les nuisances sonores sur son lieu de travail. Ces derniers ne sont en effet pas épargnés par les désagréments liés aux conversations téléphoniques ou par les mauvais usages des casques et écouteurs.

Tous les ans au mois d'octobre, l’association JNA (Journée Nationale de l’Audition) organise la « Semaine de la Santé Auditive au travail » dont le but est de mettre l’accent sur les nuisances du bruit au travail. A cette occasion, une nouvelle enquête Ifop pour la JNA présente des résultats inédits sur l’exposition au bruit en situation de télétravail. Car crise sanitaire mondiale et confinement obligent, un nouveau facteur différenciant dans la perception du bruit sur le lieu de travail apparaît cette année : la pratique du télétravail. Et contrairement à une idée reçue, elle ne contribue pas à régler les impacts du bruit sur la santé auditive, et peut au contraire parfois même les aggraver…

En effet, un tiers des actifs en poste déclare travailler à distance depuis la crise sanitaire (contre 25% selon d’autres enquêtes IFOP en 2019). Dans le détail, 10% indiquent télétravailler tout le temps ou la plupart du temps (4 à 5 jours par semaine), 12% de façon régulière (2 à 3 jours par semaine) et 12% de temps en temps (moins de 2 jours par semaine). « Le télétravail, qui s’est généralisé ces derniers mois suite à l’épidémie de coronavirus, concerne davantage les répondants masculins que féminins ainsi que les jeunes générations, puisque 40% des moins de 35 ans déclarent télétravailler. C'est une pratique largement adoptée par les CSP+. », observent les auteurs de l'enquête.

L’apparition de troubles auditifs, conséquence négative qui progresse

Or, les personnes en télétravail depuis le début de la crise sanitaire sont plus sujettes aux nuisances sonores que la moyenne (57% VS 53%). Ainsi, 66% des personnes qui télétravaillent 2 à 3 jours par semaine sont gênées par le bruit sur leur lieu de travail. Comment l'expliquer ? Les conversations téléphoniques constituent la source de bruit la plus gênante, d'autant que si la gêne auditive provoque des difficultés de compréhension de la parole lors de conversations téléphoniques pour 50% des actifs en poste, cette proportion s’élève à 65% chez les télétravailleurs. Or, les nuisances sonores sur leur lieu de travail, ne sont pas sans provoquer des répercussions sur le travail mais aussi la santé.

Les sondés font notamment état de comportements tels que la fatigue, la nervosité ou l’agressivité (84%), la qualité de leur travail (73%), l’équilibre général de leur santé (73%) ou l’apparition de troubles auditifs (65%). « L’apparition de troubles auditifs est l’élément qui connaît la plus forte hausse, cité cette année par 65% des répondants. », soulignent les auteurs de l'étude. Ces derniers notent toutefois de fortes disparités selon les secteurs d’activité. Sans surprise, les travailleurs du BTP sont plus sujets aux dommages physiques et psychologiques tandis que les professions intellectuelles supérieures sont celles qui mentionnent le plus l’impact des nuisances sonores sur la qualité de leur travail.

Attention à l'utilisation de casques et écouteurs sur une longue durée

Quant au télétravrail, la fréquence influe fortement sur les réponses, que ce soit sur la santé et sur la productivité. Les personnes télétravaillant 4 à 5 jours par semaine se déclarent en effet davantage susceptibles de subir des répercussions suite au bruit sur leur lieu de travail : 45% affirment que des impacts sur leur comportement et sur la qualité de leur travail sont tout à fait possibles et 34% sur l’équilibre général de leur santé. Les actifs qui télétravaillent sont également nombreux à répondre par l’affirmative quand on leur demande si les nuisances sonores sur leur lieu de travail peuvent compliquer la compréhension de la parole, notamment les télétravailleurs réguliers (2 à 3 jours par semaine).

Ces derniers évoquent surtout des difficultés de compréhension lors d’échanges en face-à-face et numériques : les conversations téléphoniques, les réunions de travail et les déjeuners collectifs ou séminaires. Echanges en visioconférence, téléphone... si une nette majorité de télétravailleurs se déclare affectée par des difficultés auditives depuis la crise sanitaire, celles-ci concernent aussi le cadre privé. Selon les auteurs, « les difficultés auditives rencontrées depuis le Covid-19 impactent non seulement les communications professionnelles, mais également personnelles. Le lieu de travail étant confondu à l’espace de vie privée, il est logique que la « frontière » du bruit ne s’arrête pas sur le lieu de travail. »

S'ajoute à cela le fait que près des deux tiers des personnes télétravaillant depuis la crise sanitaire utilisent un casque ou des écouteurs dans ce cadre. Or des enquêtes pour la JNA ont montré que l’utilisation d’un casque ne va pas toujours de pair avec une protection auditive. Les télétravailleurs réguliers ont par ailleurs eu plus tendance à enfiler casques ou écouteurs pour travailler chez eux, de même que ceux avec au moins un enfant au foyer. « Les résultats indiquent l’urgence d’investir le bruit et ses impacts santé comme véritable enjeu de santé publique. En l’état actuel, le télétravail ne représente pas une solution pour améliorer ses effets sur le capital humain. », concluent les auteurs du sondage.

Sujets associés