Il y a seulement 6 ans on regardait incrédule la série La servante écarlate (cette société dystopique, où les femmes fertiles sont réduites en esclavage) et jamais on aurait cru possible un tel retour en arrière. Pourtant aujourd’hui le Haut Conseil à l’égalité constate un vrai regain d’intérêt pour les valeurs dites « traditionnelles » et une répartition très genrée des rôles dans le foyer. Révélé le 22 janvier dernier, le rapport du HCE dévoile que 34 % des répondants estiment par exemple qu’il est normal que les femmes s’arrêtent de travailler pour s’occuper de leurs enfants, un chiffre en hausse de 7 points par rapport à 2023.
Un retour en grâce des rôles genrés des 50’s
Ces tradwives, comptabilisent des millions de vues sur les réseaux sociaux notamment Instagram et TikTok. Ces femmes fustigent le féminisme pour avoir éloigné les femmes de leurs rôles établis par la Bible notamment. S’il n’y a bien sûr aucun problème pour une femme de choisir d’être au foyer, ce qui est inquiétant avec le tradwives c’est que ce statut s’accompagne d’un mode de vie qui remet en cause toutes les luttes féministes des 70 dernières années.
Estee Williams, la figure de proue américaine de ce mouvement explique par exemple qu’elle ne va jamais à la salle de sport sans son mari, que son mari a toujours le dernier mot sur les grosses dépenses, qu’elle n’est amie qu’avec des femmes car elle n’a pas besoin d’ami masculin, que sauf s’il propose son aide son mari ne doit pas participer du tout à la cuisine ou au ménage etc. Elle revendique d’être soumise à son époux au sens biblique du terme. Les tradwives sont d’ailleurs souvent contre l’IVG et la contraception.
Le HCE a relevé dans son étude l’émergence de cette tendance sur les réseaux sociaux et s’en inquiète. « C’est un début, mais il faut surveiller », explique Sylvie Pierre-Brossolette, présidente du HCE, à nos confrères du Parisien « cela a tendance à s’aggraver, il y a une régression qui est à l’œuvre ». En effet, selon l’étude du HCE, 70 % des hommes pensent qu’un homme doit avoir la responsabilité financière de sa famille pour être respecté dans la société, et plus de la moitié de la population trouve encore normal ou positif qu’une femme cuisine tous les jours pour toute la famille.
Une tendance encore plus prégnante chez les 25-35 ans
Si ces tendances se développent majoritairement outre atlantique, ces contenus circulent en France, principalement auprès des jeunes. Le rapport du Haut Conseil à l’Egalité relève un retour des valeurs traditionnelles et masculinistes principalement chez les jeunes, ainsi un quart des hommes des 25-34 ans pense qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter. Ils considèrent aussi qu’il n’est plus possible de séduire une femme sans passer pour un sexiste (59 %).
Enfin de plus en plus de jeunes hommes considèrent qu’il est difficile d’être un homme dans la société actuelle (environ 40 % des 15-34 ans), un chiffre en hausse depuis 2023. Ils ont également le sentiment d’avoir été moins bien traités en raison de leurs genres.