Bientôt ou déjà parents, on vous accompagne !

Quand les adolescents se harcèlent eux-mêmes sur Internet

Publié le par Alexandra Bresson

Des chercheurs américains ont mené une étude pour examiner la prévalence d'un cyberharcèlement d'un nouveau genre chez les jeunes, avec à la clé des résultats inquiétants. En effet, un nombre croissant d'adolescents se persécutent eux-mêmes sur Internet, un comportement qui peut être synonyme d'un dangereux mal-être.

Avec l’utilisation permanente des nouvelles technologies de communication (téléphones, réseaux sociaux numériques), le harcèlement entre élèves se poursuit en dehors de l’enceinte des établissements scolaires. On parle alors de cyberharcèlement, et ce dernier est défini comme « un acte agressif, intentionnel, perpétré par un individu ou un groupe d’individus au moyen de formes de communication électroniques, de façon répétée, à l’encontre d’une victime qui ne peut facilement se défendre seule ». Des chercheurs de la Florida Atlantic University ont écrit un article sur une nouvelle étape dans ce domaine, un comportement de plus en plus adopté : l'auto-harcèlement sur Internet.

Pour les chercheurs, il s'agit d'une nouvelle forme d'automutilation qui a émergé à la suite des réseaux sociaux et qui peut porter le nom « d'automutilation numérique », « auto-trolling », ou « auto-intimidation ». Celle-ci consiste à poster ou partager des choses méchantes sur soi-même anonymement en ligne. Un phénomène très préoccupant car il serait révélateur d'un « appel à l'aide » de la part des adolescents qui le pratiquent. Leur étude semble être la première à examiner l'étendue de ce problème, jusqu'ici peu étudié. Ce type de comportement a notamment été mis en lumière avec le cas d'Hannah Smith, 13 ans, qui s'est suicidée après avoir anonymement envoyé des messages blessants la concernant en 2013.

Des raisons différentes pour les garçons et les filles

« J'ai été stupéfait de constater qu'environ un élève et un lycéen sur 20 se sont faits du harcèlement en ligne, ce qui était totalement inattendu, même si j’étudie la cyberintimidation depuis presque quinze ans », explique le Pr Sameer Hinduja, principal auteur de l'étude. Les chercheurs ont utilisé un échantillon représentatif de 5 593 élèves de 12 à 17 ans vivant aux États-Unis pour déterminer combien de jeunes ont déjà pratiqué une « automutilation numérique », ainsi que leurs motivations pour un tel comportement. Ils ont également examiné si certains corrélats de l'automutilation hors ligne s'appliquaient également aux formes numériques d'automutilation.

Les résultats de l'étude montrent que près de 6 % des adolescents ont déclaré avoir publié anonymement quelque chose de méchant en ligne sur eux-mêmes. Parmi ceux-ci, environ la moitié (51,3%) ont dit ne l'avoir fait qu'une seule fois, environ un tiers (35,5%) ont dit l'avoir fait de temps en temps, tandis que 13,2% ont dit l'avoir fait plusieurs fois. Par ailleurs, les garçons étaient plus susceptibles d'adopter ce comportement (7%) que les filles (5%), et leurs raisons variaient considérablement. Les garçons l'ont décrit comme une blague ou un moyen d'attirer l'attention sur eux, tandis que les filles affirmaient davantage qu'il était lié au fait qu'elles se sentaient déprimées ou psychologiquement blessées.

Cette constatation est particulièrement préoccupante pour les chercheurs, car il se peut qu'il y ait plus de risques que ce comportement chez les filles aboutisse à une tentative de suicide. Plus généralement, cette attitude était liée à certains thèmes récurrents : la haine de soi, la quête d'attention, des symptômes dépressifs, se sentir suicidaire, pour plaisanter et pour voir si quelqu'un réagirait. « Nous devons nous abstenir de diaboliser ceux qui intimident, et accepter le fait troublant que, dans certains cas, l'agresseur et la cible peuvent être une seule et même personne. En outre, leur propre comportement de cyberintimidation peut indiquer un profond besoin de soutien social et clinique », conclut le chercheur.