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Quand avez-vous attrapé votre première grippe ?

Publié le par Alexandra Bresson

Des chercheurs canadiens affirment que le premier type de virus de la grippe auquel nous sommes exposés dans la petite enfance détermine notre capacité à combattre la grippe pour le reste de notre vie. Une découverte qui explique pourquoi certaines personnes sont plus vulnérables certains hivers et pas à d'autres.

La grippe saisonnière est une infection virale aiguë provoquée par un virus grippal. Il existe trois types de grippe saisonnière : A, B et C. Les virus grippaux de type A se subdivisent en sous-types en fonction des différentes sortes et associations de protéines de surface du virus et parmi les nombreux sous-types des virus grippaux A, les sous-types A(H1N1) et A(H3N2) circulent actuellement chez l’Homme. Des chercheurs de l'Université de Montréal (UdeM) révèlent dans une récente étude qu'il existerait un lien entre l'année de naissance et le type de virus de la grippe en circulation à ce moment-là, qui conditionnerait la réponse du corps face à la maladie, et ce tout au long de sa vie.

Publiée dans la revue ‘Clinical Infectious Diseases’, celle-ci explique en effet que les conclusions des scientifiques fournissent de nouvelles preuves convaincantes pour soutenir ce qu'ils appellent « l'empreinte antigénique ». Selon cette hypothèse, une exposition précoce à l'une des deux souches de grippe qui circulent chaque année influence l'immunité et modifie de manière disproportionnée la réponse de l'organisme sur le long terme. Cela pourrait avoir des implications importantes pour la planification des épidémies en permettant aux responsables de la santé publique d'évaluer qui pourrait être le plus à risque une certaine année, en fonction de l'âge et des virus qui dominaient au moment de sa naissance.

Une sensibilité à la grippe plus faible selon les saisons

« Nous savions déjà grâce à nos études précédentes que la sensibilité à des sous-types spécifiques de grippe pouvait être associée à l'année de naissance. », explique l'auteur principal de l'étude, le Pr Alain Gagnon. « Cette étude va plus loin en appuyant l’hypothèse de l'empreinte antigénique. » Les chercheurs ont voulu faire plus que confirmer que des profils d'âge spécifiques sont associés à un sous-type ou à un autre au cours d'une même saison de grippe. « Nous avons tiré profit d'une expérience naturelle, avec des données d’observation, pour montrer comment le changement de dominance d'un sous-type au cours d'une saison semble conduire à un changement de la susceptibilité par âge. » ajoute-t-il.

L'équipe scientifique a procédé en analysant les données de l’Institut national de santé publique du Québec pour la saison de grippe 2018-2019. Si de manière générale, une seule souche domine chaque saison et représente la quasi-totalité des cas, ils ont constaté que deux souches de grippe A ont dominé cette saison à des périodes différentes. Ils ont découvert que les personnes nées lorsque le virus H1N1 était dominant ont une sensibilité à la grippe plus faible pendant les saisons dominées par ce virus que pendant les saisons dominées par le virus H3N2. Et les personnes nées dans une année où le virus H3N2 était dominant sont moins vulnérables pendant les saisons dominées par le virus H3N2.

« Aider à cibler les populations les plus à risque lors d'épidémies saisonnières »

Par exemple, les adultes plus âgés qui ont été exposés à un plus jeune âge au virus H1N1, apparu lors de la pandémie de grippe espagnole en 1918, possèdent de nombreux anticorps pour combattre le virus et se portent donc assez bien lorsqu'ils sont exposés aujourd'hui au virus H1N1 2009, un proche cousin. Mais dans une saison dominée par le virus H3N2, leur taux de mortalité est nettement plus élevé. En revanche, les personnes nées pendant ou peu après la pandémie de 1968 provoquée par le H3N2 ont plus de ressources pour faire face à la grippe pendant les saisons où le H3N2 est dominant. Ainsi, en 2017-2018, l'incidence de la grippe a légèrement diminué chez les personnes nées entre 1968 et 1977.

« L'immunité préalable des gens à des virus comme la grippe peut avoir une incidence sur leur risque de tomber malade lors d'épidémies et de pandémies ultérieures. Comprendre comment leur immunité antérieure les protège ou les rend vulnérables est important pour nous aider à cibler les populations les plus à risque lors d'épidémies saisonnières ou de nouvelles flambées.», concluent les chercheurs. Ces derniers souhaitent maintenant analyser la façon dont les virus se propagent dans le foyer familial, environnement où l'exposition est élevée et prolongée. A noter que Santé Publique France estime que 2 à 6 millions de Français sont touchés chaque année et que la maladie provoque environ 10 000 décès par an.

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