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Procès du 13-Novembre : comment une mère a protégé son fils de 7 ans au Bataclan

Publié le par Mathilde Saez

Ce vendredi 15 octobre Clarisse, rescapée du Bataclan, a témoigné de la façon dont elle a tenté de protéger son fils de 7 ans, présent avec elle dans la salle de concert.

Parmi les personnes entendues ce vendredi lors du procès des attentats du 13 novembre, Clarisse était venue au Bataclan avec son fils de "presque 7 ans", pendant que le papa restait à la maison avec leur bébé de quelques mois. Durant l'audience, une photo de la mère et son fils, un casque anti-bruit sur la tête, est projetée sur grand écran. Mère et fils posent tout sourire. 

Elle a raconté comment, alors que l'horreur se déroulait dans la salle, elle a tout fait pour que son fils ne réalise pas ce qu'il se passe. "Mon fils est un enfant qui obéit très bien. Je peux compter sur lui dans un contexte normal. Dans la panique, je ne sais pas comment il peut réagir. Ce soir-là, je me suis dit que, pour mon fils, il fallait qu'il ne se passe rien. Je voulais faire comme si de rien n'était le plus longtemps possible", a-t-elle raconté à la barre.

Faire comme si de rien n'était

Alors qu'ils sont à l'étage de la salle, les coups de feu éclatent dans la fosse et la panique gagne le public. Clarisse met un certain temps à réaliser la gravité de la situation, avant d'agir. "Tous les gens derrière nous sont en train de ramper, je me dis qu'il faut partir. Je regarde mon fils. Je lui dis : 'Bon ben on va y aller.' Et là, curieusement, je prends le temps de rassembler mes petites affaires."  La mère et son fils se réfugient dans une petite loge avec des personnes dont certaines cassent le faux plafond. "Là, il y a une jeune femme, Émilie, qui prend mon fils dans ses bras, qui lui demande comment il s'appelle. Moi, j'appelle la police. Je dis qu'il y a des coups de feu tirés au Bataclan, qu'il faut venir. Je ne veux pas appeler mon mari, pas l'inquiéter. Il doit être devant la télé, le bébé dort." 

Cachés dans "une sorte de grenier" avec d'autres personnes, ils entendent tout ce qu'il se passe en dessous, les cris, les gémissements, "autour de nous des couples s'enlacent, croyant qu'ils vont mourir." Clarisse elle, ne veut pas faire ses adieux à son garçon, elle ne le prend pas dans les bras, elle veut agir normalement, sans dramatiser. Vers minuit, le garçon s'endort. 

"Après un silence de deux heures, c'est l'assaut, l'explosion. Le souffle va passer vers le haut. Je ne comprends pas ce que c'est. La première explosion, je n'avais pas compris non plus."  Quand la police arrive, elle demande si des enfants sont présents. "Mon enfant va devenir un symbole. La voix du policier va s'adoucir. On sent que le policier est content de pouvoir sauver un enfant." Le petit garçon est emmené par les policiers, conduit dehors. "Ils ont pris mon fils, ils l'ont fait descendre."

"Mon fils n'a pas de traumatisme"

En quittant la salle, Clarisse découvre l'horreur autour d'elle. "Je vois des tas. Je réalise que ce sont des corps. Je me dis : 'Je suis désolée pour vous mais il faut que j'y aille, mon fils m'attend sur le trottoir.'" Dehors, Clarisse retrouve son petit garçon dans les bras d'un policier, une cagoule et casque de pompier sur la tête. "Ils l'ont préservé."

Viendra ensuite le temps de la reconstruction, de la culpabilité aussi, celle d'avoir amené son garçon ce soir-là.  "On a vu un psy, il a dit que mon fils n'avait pas de traumatisme." Pour Clarisse en revanche, c'est plus difficile. "Je ne suis plus la personne que j'étais avant mais la personne que je suis devenue peut-être que finalement, elle n'est pas si mal que ça." Et de conclure que dans quelques semaines, pour les 13 ans de son fils, ils vont aller voir un concert en Angleterre "parce qu'ils n'ont pas gagné."