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Près d’un quart des Françaises vivent dans un désert médical gynécologique

Publié le par Jérémy Puech

Même si la profession de gynécologue connait « une évolution positive », encore trop de Françaises doivent aujourd’hui parcourir des centaines de kilomètres pour rencontrer un spécialiste.  

L’alerte avait été donnée par le journal Le Monde en 2017 qui, après une vaste enquête, avait dressé un bilan très inquiétant : la France comptait alors à peine 1200 gynécologues médicaux, pour une population de 28 millions de femmes au-dessus de 16 ans. En novembre 2022 également, l’UFC-Que choisir publiait un rapport qui témoignait de chiffres toujours aussi faibles : près d’un quart des Françaises vivent dans un désert médicalgynécologique (23,6 %). Pis. L’association qualifie de « désert médical » les zones où la densité médicale est« au moins 60 % inférieure à la moyenne nationale ». En 2021, le rapport « Femmes et ruralités », réalisé par la délégation aux droits des femmes au Sénat, dévoilait un autre chiffre inquiétant : dans 77 départements (sur 101), la densité de spécialistes pour 100 000 femmes était inférieure à la moyenne (2,6). Depuis, force est de constater que la situation reste largement insuffisante, comme le constate Le Parisien, dans son édition du 9 octobre.

Désert gynécologique : "Le nombre de postes ouverts ne progresse pas suffisamment"

« Ça n’a pas vraiment évolué aujourd’hui », confirme ainsi auprès du quotidien la présidente de cette délégation, Annick Billon. « On a pu augmenter les actes médicaux réalisés par les sages-femmes, mais le déficit de praticiens et la difficulté de mobilité des femmes dans les zones rurales restent problématiques » insiste-t-elle.
Cette pénurie trouve sa source dans une réforme, datant de 1987, année où la spécialité a été supprimée du cursus universitaire, avant d’être réintroduite en 2003. Résultat ; cela a créé un gros trou générationnel. Selon la Fédération nationale des collèges de gynécologie médicale, la gynécologie connaît une « évolution positive » avec un effectif d’internes en augmentation – ainsi qu’une augmentation du nombre de gynécologues obstétriciens, spécialisés dans les actes chirurgicaux-, mais « le nombre de postes ouverts chaque année aux épreuves classantes nationales ne progresse pas suffisamment pour pallier les départs en retraite ».

Désert gynécologique : la fin du numerus clausus n’aura d’effets que dans plusieurs années

Autre constat qui n’aide pas : la pyramide des âges et le nombre de départs à la retraite. Entre 2010 et 2022, 626 gynécologues médicaux, chargés du suivi gynécologique des femmes tout au long de leur vie Surtout,  ont arrêté d’exercer alors que 60 % des praticiens de cette spécialité ont plus de 60 ans, selon le Quotidien du médecin. Comme la suppression du numerus clausus en 2020 - le concours qui limitait le nombre d'étudiants admis en deuxième année de médecine, sage-femmes, dentaire ou pharmacie – n’aura d’effets que dans plusieurs années. Annick Billon suggère comme solution que « d’autres professionnels du soin doivent pouvoir effectuer des dépistages et frottis ».