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Parentalité : pourquoi il n’est pas bon de vouloir trop contrôler son enfant

Publié le par Hélène Bour

Orchestrer chacun des faits et gestes de nos bambins dans l’idée de les protéger ne serait pas une si bonne idée. Cela nuirait à leurs capacités à gérer leurs émotions. Explications.

En matière d’éducation, le “trop” est semble-t-il l’ennemi du “bien”, surtout en termes de contrôle, d’intervention et d'interdiction.

C’est ce qui ressort d’une étude scientifique parue dans la revue Developmental Psychology, qui indique que le contrôle parental excessif peut affecter négativement la capacité d'un enfant à gérer ses émotions et son comportement.

Cet excès de contrôle est appelé, dans le jargon de l’éducation, la parentalité “hélicoptère” : le parent est trop présent, comme un hélicoptère contrôlant chacun des faits et gestes de l’enfant, dans un but de protection et de sécurité, mais qui finirait par nuire à l’enfant.

Nous avons constaté que le sur-contrôle des parents sur les enfants âgés de 2 ans était associé à une régulation émotionnelle et comportementale plus faible à l'âge de 5 ans”, a résumé Nicole Perry, co-auteure de l’étude. Celle-ci précise qu’à l’âge de 10 ans, les enfants de parents hélicoptères auraient également plus de problèmes affectifs et scolaires que les autres, et moins de compétences sociales, d’après leurs enseignants.

Des conseils constants et une grande exigence qui frustrent l’enfant

L'étude a suivi 422 enfants américains pendant huit ans, avec un suivi particulier à 2, 5 et 10 ans. Les chercheurs ont noté leurs interactions avec leurs mères, et comparé celles-ci aux données provenant des enseignants et des auto-évaluations des enfants à l'âge de 10 ans. Les mères et leurs enfants âgés de 2 ans ont été invités à jouer ensemble comme ils l’auraient fait à la maison. Une parentalité “hélicoptère” était caractérisée par des conseils parentaux constants - comme le fait de dire à l'enfant avec quel jouet jouer ou comment l'utiliser, ou comment ranger après, détaillent les chercheurs. Il s’agit aussi de parents excessivement stricts ou exigeants. Une attitude d’hypercontrôle à laquelle les enfants ont réagi de diverses façons : certains sont devenus provocants, d'autres ont été apathiques et d’autres encore ont manifesté une frustration.

Verdict : les enfants de 2 ans exposés à ce genre de parentalité étaient moins capables de réguler leurs propres émotions et comportements à l'âge de 5 ans, et prédisposés à un plus grand risque de problèmes émotionnels à 10 ans.

Nicole Perry a résumé l'équilibre de la petite enfance de cette façon: “un plus grand désir d'indépendance met souvent les tout-petits dans des situations de défi émotionnel croissant et de complexité”, a indiqué Nicole Perry pour résumer le subtil équilibre de la petite enfance. “Si les parents exercent trop de contrôle sur ces situations et interviennent avant que les enfants tentent seuls de relever le défi, ou empêchent physiquement les enfants de se retrouver dans des contextes difficiles, ils peuvent entraver le développement des capacités d'autorégulation”, a précisé la chercheuse. “Notre travail ne suggère aucunement que les parents ne devraient pas jouer un rôle important”, modère-t-elle. “Cependant, il est essentiel que les parents apprécient l’importance de soutenir l'autonomie des enfants et leur capacité à gérer les défis émotionnels”, a-t-elle conclu.

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