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Obésité infantile : l'UFC-Que Choisir lance une pétition contre « la pub pour la malbouffe »

Publié le par Alexandra Bresson

Sept organisations de consommateurs, fédérations de parents d’élèves, associations familiales, de malades et de santé environnementale, lancent une pétition pour interdire les publicités pour les aliments les plus riches aux heures où le plus grand nombre d’enfants sont devant les écrans. Celles-ci dénoncent en effet un « matraquage publicitaire irresponsable sur les aliments particulièrement gras, sucrés ou salés » et font savoir que 88 % des publicités télévisées vues par les enfants concernent des aliments particulièrement caloriques.

« Dites STOP à la publicité pour la malbouffe ». C'est avec ces mots que plusieurs associations et ONG françaises lancent une pétition pour obtenir une loi de moralisation du marketing alimentaire, et ce treize ans après leur premier appel pour un encadrement de la publicité télévisée. Ce constat est basé sur une étude de l’UFC-Que Choisir qui repose sur le visionnage de 448 heures de programmes télévisés (diffusés sur les 4 chaînes les plus regardées par les enfants selon quatre créneaux horaires : matin, midi, fin d’après-midi et début de soirée) et l’analyse de 7 150 spots publicitaires. Résultats : les industriels n'ont aucunement amélioré leurs pratiques dans ce domaine.

Pour les besoins de l’étude, les experts de l'UFC-Que Choisir calculé le Nutri-Score (logo à 5 couleurs apposé sur les emballages), de 200 produits promus dans les publicités. Pour les aliments ‘tous publics’, ils ont observé une répartition assez équilibrée dans les 5 classes de Nutri-Score. Mais pour ceux destinés aux enfants, les produits trop gras, sucrés ou salés étaient mis en avant puisque 88% des spots concernent des aliments de Nutri-Score ‘D’ et ‘E’, soit les deux classements les plus défavorables du point de vue nutritionnel, contre 43% pour les aliments ‘tous publics’. Ainsi, « les industriels ciblent donc deux fois plus les enfants que les adultes sur ces aliments. », affirment-ils.

Trop de Nutri-Score ‘D’ ou ‘E’ pour les aliments promus à la télévision

Fast-food, confiseries, céréales du petit-déjeuner et boissons sucrées... l'UFC-Que Choisir précise que 76% des spots enfants concernent la restauration rapide, les confiseries ou le chocolat. Ses relevés prouvent que les enfants sont toujours une cible privilégiée des annonceurs, car selon ces derniers, « ce sont plus de 4 000 spots à l’année pour des aliments particulièrement caloriques qui sont diffusés dans les programmes les plus regardés par les 4-14 ans. », souligne-t-il. Deux sources d’exposition à la publicité alimentaire se détachent : les chaînes thématiques privées, où l'encadrement marketing est peu présent, et les chaînes généralistes via les programmes tous publics.

« Alors que les liens entre les niveaux alarmants d’obésité infantile, une alimentation déséquilibrée et le marketing sont désormais reconnus, et que la crise du Covid-19 a plus que jamais mis en lumière la vulnérabilité potentielle des personnes en situation d’obésité, il est urgent de mener une politique préventive ambitieuse. », indique l'UFC-Que Choisir. Via leur pétition, les organismes signataires réclament donc l’interdiction des publicités pour les aliments à destination des enfants de Nutri-Score ‘D’ ou ‘E’ dans les contenus audiovisuels regardés par un grand nombre d’enfants, et ce pour toutes les chaînes de télévision publiques et privées, généralistes et thématiques, et sur Internet.

L’urgence d’une loi de moralisation du marketing alimentaire

A noter qu'il y a près de quinze ans, ces mêmes associations et ONG lançaient déjà un cri d’alarme :  « Obésité : protégeons nos enfants » réclamant une série de mesures dont l’encadrement du marketing alimentaire. Si cette mobilisation a permis d’obtenir des avancées, notamment pour les cantines scolaires, les organismes disent regretter que « les pouvoirs publics s’en soient remis aux engagements non contraignants des professionnels à réduire la pression publicitaire. » D'autant que « des autorités ont aussi épinglé ce coûteux fiasco pour la santé publique et les finances publiques, la société civile n’est désormais plus seule à dénoncer ce désastreux laisser-faire », selon l'UFC-Que Choisir.

En effet, « l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la Cour des Comptes et plus récemment Santé Publique France ont non seulement fait le constat de l’inefficacité de l’autorégulation, mais aussi, c’est à souligner, en ont appelé à la loi pour empêcher la promotion des aliments les plus riches. », conclut l'organisme. Etant donné que l'application du Nutri-Score repose sur le volontariat des entreprises de l’agroalimentaire et des distributeurs, l'UFC-Que Choisir met aussi à disposition des parents un « Petit guide de la qualité nutritionnelle » donnant des conseils nutritionnels concrets et indiquant le Nutri-Score de 114 aliments destinés aux enfants, pour chaque moment de consommation.

* La FCPE (Fédération des Conseils de Parents d'Elèves), la PEEP (Fédération des parents d'élèves de l'enseignement public), Familles Rurales, la FFD (Fédération Française des Diabétiques), le Réseau Environnement Santé, l’UFC-Que Choisir et l’UNAF (Union Nationale des Associations Familiales).

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