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Méningite à méningocoques : le mal de ventre, un symptôme méconnu qui doit alerter

Publié le par Alexandra Bresson

Les patients infectés par des méningocoques présentent de la fièvre, des vomissements, des raideurs dans la nuque… mais ils peuvent aussi avoir simplement mal au ventre. Tellement mal, qu’on les opère parfois, à tort, d’appendicite, comme l'indiquent des chercheurs français.

La méningite à méningocoques est une forme de méningite bactérienne, une grave infection des fines membranes qui enveloppent le cerveau et la moelle épinière. Selon l'Institut Pasteur, la maladie survient généralement dans la première enfance (maximum d’incidence chez les moins de 5 ans) et chez l’adulte jeune (moins de 25 ans). Elle associe un syndrome infectieux (fièvre, maux de tête violents, vomissements) et un syndrome méningé (raideur de la nuque, léthargie, troubles de la conscience, voire coma). Mais depuis quelques années, un autre signe clinique précoce apparaît sans que les médecins ne l’associent spontanément à ce type d’infection : il s’agit des douleurs abdominales.

Telle est la précision que souhaitent apporter des médecins de l’Institut Pasteur et du service de pédiatrie de l’Hôpital Bicêtre AP-HP dans une récente étude. « Face à ces maux de ventre, le médecin ne va pas penser en premier lieu à une infection invasive à méningocoques. On pense plutôt à une gastro-entérite, voire une appendicite, expose Muhamed-Kheir Taha, principal auteur de l’étude. Or, si on tarde dans la détection et la prise en charge appropriée des personnes touchées par la maladie, leur pronostic vital peut être engagé. L’infection invasive à méningocoques est une maladie mortelle dans quasiment 100 % des cas si l’on n’administre pas rapidement des antibiotiques. »

Une souche dangereuse qui touche l'Europe

Les chercheurs se sont intéressés de près à ces formes abdominales afin d’en évaluer la fréquence. Ils ont donc analysé 12 000 souches de méningocoques, étudié les tableaux cliniques des patients infectés par ces souches et isolé 105 cas associés à des douleurs abdominales, des gastro-entérites ou des diarrhées. « Cela ne représente que 1 % des malades, ce qui est peu, même s’il y a forcément une sous-estimation compte tenu de la difficulté à savoir si les bébés ont mal au ventre, selon Muhamed-Kheir Taha. Mais si l’on se concentre sur les deux ou trois dernières années et sur la souche du groupe W qui est arrivée en Europe en 2013-2014 et ne cesse d’augmenter depuis, on monte à 10 % des cas. »

Ainsi, les personnes aujourd’hui infectées par un méningocoque ont des risques plus importants d’avoir des maux de ventre. Un symptôme qu’il est donc indispensable et urgent de prendre en compte lors du diagnostic médical. « Désormais, le mal de ventre, associé à d’autres signes comme des douleurs aux jambes, des maux de tête ou une mauvaise vascularisation des ongles, devrait mettre sur la piste de la méningite à méningocoques. », soulignent les chercheurs. Pour aller plus loin, l’équipe a séquencé l’ensemble des génomes des bactéries de leur collection afin de savoir ce qui les distinguait des autres souches et ce qui pouvait expliquer les maux de ventres engendrés.

Les résultats obtenus ont montré que la souche bactérienne du groupe W qui se multiplie en Europe possède une centaine de gènes spécifiques dont certains impliqués dans la réponse inflammatoire. « Il faut rappeler que les bactéries infectent les vaisseaux sanguins qui irriguent l’abdomen et le système digestif, souligne Muhamed-Kheir Taha. Si la bactérie en question est susceptible d’induire une réponse inflammatoire plus intense dans les tissus, cela pourrait expliquer l’origine des douleurs abdominales. » A noter que pour les nourrissons nés à partir du 1er janvier 2018, la vaccination contre les infections à méningocoque C avec un vaccin conjugué est obligatoire avec une dose à 5 mois et une dose à 12 mois.

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