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Médicaments en vente libre : certains sont “inutiles”, voire “dangereux”, alerte 60 millions de consommateurs

Publié le par Alexandra Bresson

Le magazine “60 Millions de consommateurs” a étudié 132 médicaments ou compléments alimentaires vendus librement en pharmacie ou dans certains magasins et les résultats sont parfois alarmants au regard des multiples dangers liés à un mésusage, ou de la présence d'additifs possiblement cancérogènes ou perturbateurs endocriniens.

Certains médicaments ont beau être en vente libre, ils ne sont pas pour autant sans danger. Tel est le message que souhaite faire passer “60 millions de consommateurs”, magazine édité par l’Institut national de la consommation, après avoir étudié des compléments alimentaires et médicaments sans ordonnance dans le cadre de son hors-série « Médicaments sans ordonnance : nos experts vous alertent ». Au total, 132 produits vendus librement en pharmacie ou dans certains magasins et fréquemment employés pour aider à soulager des maux du quotidien (rhume, baisse des défenses immunitaires, mal de gorge, troubles anxieux ou du sommeil, maux de ventre, fièvre et douleurs), ont été analysés.

« Les médicaments vendus sans ordonnance et les compléments alimentaires bénéficient d’une image d’efficacité et d’innocuité. Or, chaque année, des milliers de victimes sont à déplorer en raison d’usage inapproprié, d’interactions avec d’autres traitements ou d’effets indésirables graves. », précisent les auteurs de l'étude. Le système de notation a été établi avec la revue Prescrire pour l’étude des médicaments, et avec un médecin nutritionniste pour les compléments alimentaires. Résultat : présence de substances dangereuses, risques d’effets secondaires et d'interactions, dosage excessif, fausses allégations, absence de mention ou de logo signalant des risques et manque de clarté de la notice.

Gare aux surdoses de paracétamol

Les experts précisent en premier lieu qu'un « grand nombre de médicaments en vente libre et de compléments alimentaires ont, selon nos critères, une balance bénéfices-risques défavorable. Ils sont à l’origine de problèmes graves, voire mortels. » Une conclusion qui n'est pas sans rappeler celle que la revue “Prescrire”, qui publie chaque année la liste noire des médicaments qu'elle considère "plus dangereux qu'utiles". Ils ont ainsi constaté que seuls 10% des médicaments sans ordonnance étudiés sont à privilégier pour une automédication. Un constat qui s'explique par la présence trop fréquente « de substances aux effets secondaires redoutables, même sur des personnes en bonne santé. »

A titre d'exemple, la pseudoéphédrine, destinée à atténuer des symptômes du rhume, peut entraîner des problèmes cardiovasculaires. Et l’oxomémazine, utilisée pour soulager la toux, peut entraîner des convulsions ou des risques de somnolence. Les experts tiennent également à rappeler que le paracétamol pris en excès (au-delà de 3 à 4 g par jour pour les adultes) ou associé avec de l’alcool peut nuire au foie. « La surdose de paracétamol est d’ailleurs la première cause de greffe hépatique d’origine médicamenteuse en France. », indiquent-ils. A noter que la mention "surdosage = danger" est désormais obligatoire sur les boîtes de paracétamol (Doliprane, Dafalgan, etc.) à la demande de l'ANSM* en 2019.

55 % des compléments alimentaires étudiés sont à proscrire

Cette même agence sanitaire avait d'ailleurs décidé de mettre fin au libre accès en pharmacie de spécialités administrées par voie orale à base de paracétamol, d'ibuprofène et d'aspirine à partir du 15 janvier dernier. Le but : sécuriser l’utilisation de ces médicaments et renforcer le rôle de conseil du pharmacien à ce sujet. L'étude de “60 millions de consommateurs” a aussi pointé la présence d’excipients problématiques tels l’antioxydant E320 (Maalox) classé « cancérogène possible », le E218, possiblement perturbateur endocrinien (Bronchokod sans sucre) ou encore le E110, colorant susceptible de provoquer des réactions allergiques (Maxilase). Ses auteurs invitent donc à appliquer le principe de précaution.

« Enfin, nous avons relevé la présence de sucre ou d’édulcorants, qui favorisent l’envie de sucré, notamment dans les sirops pour la toux, ou encore de sel, parfois en quantités importantes, un problème pour les insuffisants cardiaques, pas forcément spécifié de manière claire sur la notice. », ajoutent les experts. En ce qui concerne les compléments alimentaires étudiés, 55 % d'entre eux sont à proscrire, 25 % peuvent être utilisés faute de mieux, et seulement 20 % sont conseillés. Car à l’instar des médicaments, de nombreuses substances en apparence « anodines » peuvent engendrer des effets indésirables sans pour autant avoir démontré la preuve de leur efficacité, par exemple la mélatonine.

Cette molécule est utilisée dans des compléments alimentaires « sommeil », mais peut nuire au rythme circadien ou provoquer des nausées, des vertiges et des convulsions. Enfin, certaines plantes sont susceptibles d’être à l’origine de problèmes graves ou de diminuer l'efficacité de certains médicaments (millepertuis, extraits de pépins de pamplemousse...). Pour les enfants, il convient de faire très attention au risque de surdose de vitamine D, car ces derniers sont souvent supplémentés via leur pédiatre. « Des apports annexes peuvent donc s’avérer excessifs et entraîner des troubles digestifs » selon les auteurs, qui concluent sur le fait qu'un changement de réglementation s’impose pour les laboratoires.

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