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Médicaments : certains sirops contre la toux sont à éviter pendant le COVID-19

Publié le par Alexandra Bresson

En cas de toux sèche, pas de sirop à base pholcodine en période d'épidémie COVID-19. Telles sont les recommandations de l'Agence nationale du médicament, qui alerte sur un possible risque de réactions allergiques croisées entre la pholcodine et les curares utilisés dans les services d’anesthésie et de réanimation. Or, ces derniers sont très sollicités actuellement.

Pour les personnes qui souhaitent calmer leur toux avec l'une des spécialités pour le traitement des toux sèches, mieux vaut se renseigner auparavant. L'Agence nationale du médicament (ANSM) alerte en effet sur les médicaments antitussifs à base de pholcodine dans ce contexte d'épidémie de coronavirus : elle recommande aux médecins de ne pas prescrire de spécialité en contenant, et aux patients de ne pas les utiliser. Comme l'explique la revue Vidal, la pholcodine est un dérivé morphinique antitussif utilisé comme principe actif dans divers sirops indiqués dans la toux sèche. Ceux concernés sont vendus sous les appellations Biocalyptol, Broncalène, Dimétane, Poléry enfant et Hexapneumine.

Cette mesure est prise à titre de précaution, en raison du risque de réactions allergiques croisées entre la pholcodine et les curares (médicaments employés en réanimation pour relâcher les muscles) utilisés dans les services d’anesthésie / réanimation. L'agence fait savoir que depuis 2009, la pholcodine utilisée dans les sirops contre la toux fait l’objet de discussions sur son potentiel risque d’allergie croisée avec les agents myorelaxants de type curare. « Des cas de réactions allergiques aux curares après utilisation de pholcodine, rares mais graves, ont été rapportés. », indique-t-elle. Il s'agit du choc anaphylactique, une urgence médicale grave causée par une réaction allergique généralisée.

Toute automédication est à proscrire en ce moment

L'identification de ce risque potentiel a conduit la France à soumettre ces spécialités à une prescription médicale obligatoire depuis 2011. L’ANSM souligne qu'elle a parallèlement demandé une réévaluation européenne du rapport bénéfice-risque de la pholcodine. « Après l’analyse des données de sécurité et d’efficacité, l’Agence européenne du médicament (EMA) s’est prononcée en 2012 en faveur d’un bénéfice-risque favorable de la pholcodine dans ses indications antitussives. L’EMA a néanmoins demandé des données complémentaires pour pouvoir conclure sur l’hypothèse d’une sensibilisation croisée entre la pholcodine et les curares. », ajoute-t-elle dans un communiqué.

Par ailleurs, une étude est en cours en France pour en savoir plus sur cette possible association entre la pholcodine et les réactions anaphylactiques aux curares : les résultats seront disponibles fin 2020. Face à la pandémie de COVID-19, elle appelle donc le public à la prudence. «  Il convient par mesure de précaution de ne pas prescrire de spécialité à base de pholcodine dans le traitement des symptômes de la toux, afin de réduire le risque de réaction allergique croisée en cas d’évolution vers une forme grave de COVID-19 nécessitant l’admission du patient en service de réanimation. », précise-t-elle. Celle-ci recommande, de manière générale, d'éviter actuellement toute automédication.

Une « foire aux questions » sur les médicaments disponibles en ligne

En cas de symptôme évocateur d’une infection COVID-19 (toux, fièvre, difficultés respiratoires, douleurs musculaires, perte de goût et/ou d'odorat), le ministère de la Santé recommande de contacter son médecin ou un médecin par téléconsultation. Mais l'organisme “60 millions de consommateurs” dit craindre que de nombreux patients hésitent à consulter, parfois au détriment de leur santé, par peur de déranger les professionnels ou de rencontrer des personnes contaminées par le coronavirus. Pour ces derniers, il rappelle que la Société française de pharmacologie et de thérapeutique a mis en ligne une foire aux questions sur la prise de médicaments pendant l’épidémie.

Parmi toutes les réponses de ces experts, celle concernant spécifiquement la toux porte le n°121. A noter que l'Anses a de son côté alerté sur le fait que certains compléments alimentaires contiennent des plantes possédant des propriétés anti-inflammatoires susceptibles d’agir comme les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). Ces plantes (saule, reine des prés, curcuma, échinacées, bouleau, réglisse…) seraient donc susceptibles de perturber les défenses naturelles de l’organisme utiles pour lutter contre les infections, en particulier contre le COVID-19. A ce titre, elle recommande aux personnes qui en consomment dans un but préventif de suspendre leur usage dès l’apparition de symptômes.

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