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Marijuana : gare au risque de psychose chez les jeunes

Publié le par Alexandra Bresson

Une étude canadienne montre qu'une consommation élevée de marijuana favorise l'apparition de symptômes dépressifs chez les jeunes, eux-mêmes à l'origine d'un grave trouble : les expériences psychotiques.

Si une consommation occasionnelle de marijuana comporte déjà des risques pour le cerveau des adolescents, des chercheurs canadiens mettent en garde contre les dangers d'une consommation hebdomadaire ou quotidienne pendant cette période. Leur étude affirme en effet que cette très mauvaise habitude augmente de 159 % l'incidence d'un autre risque : la vulnérabilité à la psychose. L’étude précise également que le lien entre la consommation de marijuana et les expériences psychotiques (anomalies sensorielles, idées délirantes, sentiments de persécution…) s’explique en partie par une hausse des symptômes liés à la dépression.

« En soi, elles ne sont pas problématiques. C’est le fait d’avoir continuellement, année après année, ce genre d’expériences qui accroît le risque de vivre un premier épisode de psychose ou un autre trouble psychiatrique. », précise la première auteure de l’étude, le Pr Josiane Bourque. Un des objectifs de l’étude était de comprendre le mécanisme par lequel la consommation de marijuana et les expériences psychotiques sont liées. Une des hypothèses avancées est que la consommation de cannabis aurait un effet négatif sur le développement des fonctions cognitives à l’adolescence et que ce déficit cognitif serait directement associé à la manifestation d’expériences psychotiques.

Accroître l’efficacité des interventions

Cependant, cette hypothèse n’a été que partiellement confirmée car parmi les différentes fonctions cognitives étudiées, seule la capacité d’inhibition a été altérée par la consommation de marijuana. « Nos résultats montrent que même si la consommation de marijuana est associée à divers déficits cognitifs et symptômes psychiatriques, c’est uniquement l’augmentation de symptômes dépressifs, notamment des pensées négatives et de l’inquiétude, qui pouvait expliquer le lien entre la marijuana et la récurrence des expériences psychotiques chez les jeunes », conclut Josiane Bourque. Une découverte qui serait utile pour élaborer des programmes de prévention chez les jeunes victimes d'expériences psychotiques récurrentes.

« Alors que la prévention de la consommation de marijuana chez les jeunes devrait faire partie de toutes les stratégies en matière de drogue, des approches ciblées sont essentielles afin de retarder et de prévenir la consommation chez ceux à risque de psychose », ajoute le Pr Patricia Conrod, qui a dirigé cette étude. Sur ce point, cette dernière reste optimiste : elle a déjà mené des ateliers de prévention en contexte scolaire qui ont prouvé leur efficacité en permettant de réduire la consommation de marijuana de 33 %. « Dans ces futurs programmes, il sera également nécessaire d’aborder la question des pensées négatives et des symptômes dépressifs », conclut-elle.