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Les IVG à domicile ont explosé depuis le début de la pandémie

Publié le par Stella Roca

Une étude menée par une revue internationale nommée BMJ Santé sexuelle et reproductive, relayée par The Conversation, montre que les demandes d’avortement médicamenteux à domicile ont augmenté en France pendant les confinements. Explications.

En France les IVG par voie médicamenteuseà domicile, effectuées en téléconsultation, ont été autorisées, afin de répondre à la grande difficulté de prise de rendez-vous médicaux induite par les confinementset autres restrictions sanitaires. La France, consciente que le confinement pesait sur l’accès des femmes à l’IVG, a temporairement modifié la loi et étendu le délai légal de recours à l’IVG par voie médicamenteuse à 7 semaines de grossesse. Bien que les IVG médicamenteuses à domicile aient augmenté durant l’année 2020 et les confinements, l’étude révèle que les raisons avancées par les femmes ne sont pas uniquement en lien avec la situation épidémique.

Des raisons de discrétion

L’étude s’est appuyée sur les résultats récoltés par Women on Web, une organisation non-gouvernementale canadienne spécialisée dans les avortements par télémédecine. Les consultations consistaient à poser plusieurs dizaines de questions portant par exemple sur l’historique médical des patientes, sur les potentiels freins qu’elles avaient rencontrés pour accéder à l’avortement, ou encore sur leurs motivations à avorter en télémédecine. Les 809 consultations anonymes ont révélé que les principales raisons pour lesquelles les Françaises avortaient grâce à la télémédecine étaient la discrétion pour 46 % d’entre elles, ou encore le respect de la vie privée pour 38 % des interrogées. Alors que plus de 3,5 femmes sur 10 ont choisi l’avortement médicamenteux à domicile pour la commodité, seulement 31 % des répondantes ont avoué que les motivations de leur recours à l’IVG par télémédecine étaient liées à la pandémie. Ce sont donc seulement trois femmes sur dix qui ont avorté chez elles en raison des restrictions de déplacement, des confinements ou en raison de la peur d’être contaminée par le virus.

L’avortement à domicile est une chance

L’étude a également montré que les femmes de 18 à 25 ans étaient deux fois plus susceptibles que les femmes de plus de 36 ans de considérer le recours à l’IVG à domicile comme « une source d’autonomisation », alors qu’elles ressentent deux fois plus que leurs aînées une stigmatisation à l’égard de l’avortement. Certaines rencontraient également des difficultés financières lors de l’accès aux soins liés à l’avortement. Lorsque les chercheurs ont interrogé les femmes sur les raisons de recourir à une IVG en ligne, les concernées ont fait état de « difficultés financières, de comportements abusifs de la part de leur partenaire ou de leur famille, d’expériences passées traumatisantes, de rendez-vous donnés trop tardivement, de prestataires portant des jugements sur leur situation, et d’une indisponibilité de soins médicaux », rapporte le média. Les recherches ont donc prouvé que les femmes qui tentent d’accéder à l’IVG en France se retrouvent encore souvent face à des contraintes liées aux restrictions légales ou de temps, à des contraintes personnelles ou liées à des prestataires.

Des avortements autogérés

Selon l’OMS, « on reconnaît plus que jamais le rôle de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) médicamenteuse autogérée à un stade précoce de la grossesse et le fait qu’elle est une solution possible aux défis soulevés par la COVID-19 ». L’organisation avoue que les crises sanitaires mondiales ont eu de forts impacts sur les droits des patientes en matière de santé sexuelle et reproductive, et que cela a entraîné dans le monde 15 millions de grossesses non-désirées liées au Covid-19. L’OMS, qui pense comme plusieurs médecins que les femmes sont susceptibles de gérer leur IVG sans supervision directe médicale jusqu’à douze semaines de grossesse, avoue que les IVG à domicile « augmentent l’autonomie des femmes en leur permettant de gérer leur IVG dans la sphère privée de leur domicile ; elles suppriment aussi le fardeau financier et le stress psychologique d’une IVG». Moins de stigmatisation, acte moins stressant, cadre plus rassurant et gestion facilitée sont les avantages des avortements à domicile pour bon nombre de femmes. Ce n’est que depuis le confinement et les mesures exceptionnelles liées au Covid-19 qu’en France les femmes peuvent réaliser leur IVG médicamenteux à domicile jusqu’à 7 semaines de grossesse grâce à une pilule abortive disponible en pharmacie. Elles sont autorisées pendant toute la durée du régime de crise sanitaire, c’est-à-dire jusqu’au 15 novembre 2021.

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