Entre l’augmentation des prix et la demande gouvernementale de créer des paniers anti-inflation, on retrouve les formats spéciaux, familiaux, maxi-formats ou autre format XXL, partout dans les rayons des supermarchés. Des formats qui séduisent les consommateurs désireux de faire des économies. Mais derrière les couleurs criardes et les logos aguicheurs reprenant tous les codes des promotions, se cachent des techniques marketing bien rodées qui font croire au consommateur qu’il bénéficie d’une promotion. Beaucoup pensent en effet que le pack de 4 X 1,5 L de jus de fruit ou qu’un maxi-format de biscuits seront moins chers au kilo ou au litre. À tort. En réalité, ces formats spéciaux souvent bien plus chers que leurs formats classiques et à l’unité. Mais on ne s'en aperçoit pas forcément, à moins de comparer les prix au kilo.
Une pratique trompeuse, qui flirte avec l’arnaque, déjà révélée par Foodwatch dans une précédente enquête (2020). Dans une nouvelle enquête, publiée aujourd’hui sur leur site, le constat reste le même : les distributeurs continuent de vendre des produits grand format plus cher au kilo que les formats classiques.
Exemples : un paquet unique de Pépito de la marque LU, vendu 3,54 €/kg début avril dans un Auchan de Vélizy (Ile-de-France), vous coûtera 4,42 €/kg pour un lot de deux paquets. Le format spécial coûte ainsi 24,5 % plus cher que le format ordinaire. Acheter deux paquets séparément coûte ainsi moins cher que d’acheter le lot spécial, pour exactement les mêmes quantités.
Une pratique légale
Techniquement, si la pratique est trompeuse, elle n’est pas illégale pour autant. N’importe quel consommateur a la possibilité lorsqu’il fait ses courses de comparer les prix au kilo ou au litre – la mention est obligatoire sur les étiquettes –, puis de faire son propre choix.
Toutefois, « cette pratique induit en erreur », selon Foodwatch. « Ces formats sont vendus pour une période donnée, en tête de gondole, loin de leur format classique pour les comparer, et en plus, ils diffèrent d’une ville à une autre, et d’un distributeur à un autre », poursuit l’association. Difficile pour tous les consommateurs de ne pas se faire avoir, d’autant plus que consulter le prix au kilo est loin d’être un réflexe pour tous.
Selon l’association, « quand ils sont interpellés à ce sujet, de nombreux distributeurs invoquent de rares exceptions ou des erreurs d’étiquetage dans les rayons ». Quant au groupe Système U, contacté par nos confrères du Parisien, il assume visiblement cette différence de prix. « Nous comprenons que ce constat interpelle les consommateurs, qui ignorent les méthodes de construction de la marge et les coulisses de la guerre des prix », assure l’entreprise. Selon elle, cette situation a « peu de chance d’évoluer, tant que la grande distribution fera du prix l’argument principal de sa communication ». À moins de légiférer sur le sujet.
Un appel à la mobilisation
En réponse à ce constat, Foodwatch vient de lancer une pétition pour encadrer davantage les prix et mettre fin à « cette arnaque ». L’association appelle le gouvernement à légiférer sur le sujet et propose « de renforcer la réglementation sur les promotions afin qu’elle s’applique aux formats spéciaux ».
