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Le nombre d’IVG atteint son plus haut niveau depuis trente ans

Publié le par Frédérique Payen

Après deux années de baisse liée à l’épidémie de Covid-19, le nombre d’avortements pratiqués en France a augmenté en 2022. Une hausse qui témoignerait d’un meilleur accès à l’IVG lié à une simplification des démarches.

En 2022, 234 300 interruptions volontaires de grossesse (IVG) ont été pratiquées en France, dont 218 400 en métropole. Un niveau comparable à celui qui avait été atteint en 1990. C’est ce que révèle une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), publiée ce mercredi 27 septembre. Les chiffres témoignent d’une augmentation en 2022, après la baisse constatée en 2020 et 2021, en pleine épidémie de Covid. Concrètement, l'an dernier, 16,2 ‰ des femmes âgées de 15 à 49 ans ont vécu une IVG. « Tous les indicateurs augmentent et retrouvent un niveau comparable, voire supérieur, à celui d’avant le Covid-19 », note la DREES. 

Un recours à l’IVG variable selon l’âge et la région

Les femmes qui ont le plus recours à l’IVG sont les 20-30 ans (26,9 ‰ parmi les 20-24 ans et 28,6 ‰ parmi les 25-29 ans). En revanche, les chiffres sont plus bas chez les 18-19 ans (16,2 ‰), et chez les 35-39 ans (17,8‰).

On note de forts écarts entre les régions de France métropolitaine, et avec les Départements et régions d’Outre-Mer (DROM) : de 11,6 ‰ en Pays de la Loire (taux d’IVG le plus faible), à 22,6 ‰ en Provence-Alpes-Côte d’Azur, (taux le plus élevé en France métropolitaine). A Mayotte, ce taux est à 21,0‰, et à 48,7 ‰ en Guyane.

Le plus souvent des IVG médicamenteuses

L’étude de la DREES révèle aussi que 78 % de ces IVG réalisées en 2022 étaient des IVG médicamenteuses. Celles-ci peuvent être pratiquées par un médecin ou une sage-femme, en cabinet de ville ou dans un établissement de santé. Pour rappel, en France, l’IVG peut se faire soit par prise de médicaments (IVG médicamenteuse), jusqu’à la 9e semaine de grossesse, soit par intervention chirurgicale (IVG instrumentale), jusqu’à la 14e semaine. Le délai a été prolongé de deux semaines par la loi du 2 mars 2022, puisqu’il était auparavant à 12 semaines.

Des pistes d’explication

Pour autant, l’augmentation du nombre d’IVG ne s’expliquerait pas par l’extension de ce délai, les IVG “tardives” ne représentant que 20 % des 7 000 IVG supplémentaires recensées dans l’année. Les causes de cette augmentation seraient plutôt à rechercher du côté de la simplification des démarches, qui permettent aux femmes un meilleur accès à l’IVG. Par exemple, elles n’ont plus à avancer les frais des examens depuis 2021. Toute femme (et plus seulement les mineures) peut aussi demander l’anonymat. Autre simplification, les rendez-vous préalables à l’IVG peuvent désormais avoir lieu en téléconsultation, et les médicaments peuvent être pris à domicile. 

D'ailleurs, note le rapport de la DREES, parmi le nombre global d’IVG, ce sont justement les IVG médicamenteuses qui se sont le plus développées : en 2022, elles ont concerné près de huit IVG sur dix (78 %) et ont eu lieu presque autant en cabinet de ville (à 44 %) qu’en centre hospitalier (51 %). Un ensemble de mesures qui a largement facilité l’accès à l’IVG pour les femmes, et pourrait expliquer la hausse recensée.

Les deux chercheuses de la DREES notent aussi que cette hausse des avortements « s’inscrit dans un contexte plus général d’évolution des comportements autour de la reproduction » : baisse de la natalité, hausse des ventes des produits de contraception d'urgence ( + 40 % en deux pour la "pilule du lendemain”), désaffection croissante de la pilule hormonale… Des études complémentaires sont nécessaires pour affiner ces hypothèses.